Vous aimez les histoires de super-héros ? Les justiciers, ces mecs cools qui défendent la veuve et l’orphelin ? Et bien moi pas vraiment. Pourquoi ? J’ai toujours trouvé ces types un peu craignos. Vous allez me répondre « Ils ont leurs idéaux, certes, chacun son point de vue. Mais ce serait génial d’avoir des supers pouvoirs ! ». C’est vrai, les pouvoirs c’est sympa. Mais ce n’est jamais facile à vivre. Ils ont la belle vie ces gars-là, je vous le dis, pour avoir le temps de penser aux malheureux inconnus.
Parce que l’histoire que je vais vous raconter est différente. Je ne suis pas un super-héros, je ne me bats pas pour les autres. Je ne prends pas non plus le temps de rigoler avec mes capacités hors du commun. Je me contente seulement de survivre, et en bonus avec mes proches. Et croyez-moi, dans ce monde, la vie est un cadeau bien plus précieux que la force elle-même.
Vous trouvez cela bizarre ? Il vaudrait peut-être mieux que je reprenne les choses depuis le début. Lorsque tout cela a commencé, et que je n’étais qu’un pauvre ignorant des lois de ce monde. Laissez-moi vous montrer les événements tels que je les ai vécus, laissez-moi vous apprendre à me connaître.
Quelle chaleur aujourd’hui… Nous ne sommes qu’en début Avril, et la température est anormalement élevée. Hier il faisait plutôt froid, et les prévisions devaient être identiques pour aujourd’hui et demain. Enfin ce n’est pas important, me plaindre ne changera pas le temps. Jusque-là, je n’ai rien rencontré de trop anormal. Ce que j’ignorais, c’est que tout ceci n’était que le prélude à la longue guerre qui m’attendait, un de ces signes funestes dont vous ne comprenez la signification que trop tard.
Après avoir pris mon petit déjeuner, je saluai mes parents et quittai mon domicile accompagné de ma petite sœur à peine plus jeune que moi. Elle venait d’avoir ses quinze ans et moi mes dix-sept. Bien qu’elle fût en fin de collège et moi en fin de lycée, nous prenions le même bus tous les matins. Jusque-là rien d’extraordinaire non plus.
- Qu’est-ce que tu fiches encore avec ton portable ? l’interrogeai-je en baillant, plutôt mal réveillé alors que nous attendions tous les deux à l’arrêt de bus.
- Rien, je communique avec des amies, répondit-elle en se frottant les yeux.
Elle a d’épais cernes, elle est sûrement rentrée tard cette nuit encore. Je l’avais pourtant prévenu que ce n’était pas une bonne idée de sortir à deux heures du matin lorsque l’on a cours le lendemain. Quelle tête de mule…
- Bah, c’est stupide, tu vas les voir dans quelques minutes ! lui fis-je remarquer.
- Tu ne peux pas comprendre, crétin de frère, t’as pas de portable toi ! s’emporta ma cadette en me tirant la langue, visiblement vexée.
- Ah, ouais, je peux pas comprendre. Ton entêtement dépasse les limites de ma connaissance, admis-je nullement atteint par sa critique.
- Grr… Tu m’é… m’énerves, pfouah ! parvint difficilement à articuler ma sœur, interrompue par un autre bâillement.
- Ouais, c’est cool, lâchai-je en ignorant sa réaction.
Non, jusque-là tout allait bien. Je me chamaille continuellement avec ma sœur, mais je dois avouer que je suis très attaché à elle, et je sais que c’est réciproque. C’est un truc normal, entre frère et sœur je suppose.
Nous nous séparâmes dès la montée du bus, elle s’asseyant à proximité d’une de ses amies, moi m’installant confortablement au fond, bien que seul, avec mon casque sur les oreilles et ma musique pour me tenir compagnie. Le côté positif c’est que cela me permet de somnoler tranquillement durant le trajet. Enfin, vint le temps de la descente. Mon arrêt précédant celui de ma sœur, je traversai donc le bus dans l’autre sens passant près d’elle et, ne pouvant résister à l’envie de la taquiner, je lui pinçai la joue. Ha ha, elle ne vit rien venir, trop absorbée à lire son vieux journal intime noir et ses fameuses « pages vierges », quelle excuse bidon de fille…
J’ai vraiment trop chaud… Je déteste ce créneau horaire, le repas du midi, quand il fait une canicule pareille. J’ai beau me mettre à l’ombre sous cet arbre, dans cette soi-disant herbe fraîche, rien à faire. Je n’imaginais pas ma fin arriver ainsi. Je ne sais pas pourquoi, j’ai une étrange sensation, un mauvais pressentiment… Ah bah oui, j’ai oublié mon exercice de physique à la maison. Une sale journée…
Enfin, s’il n’y avait que ça. Non, cette sensation représentait bien plus, mais à cet instant je l’ignorais toujours. Mais tout cela, c’était comme si je l’avais déjà vécu auparavant. J’avais déjà traversé une journée similaire, il y a à peu près deux ans et demi. C’était avant que nous déménagions. Dans une grande ville, dans le parc d’attraction. En plein milieu du mois d’Août, la température était descendue aux alentours de dix degrés. Alors que nous prenions de belles vacances, cette froideur hivernale s’était abattue sans prévenir pendant le seul jour qui nous était accordé au parc, à ma sœur et moi.
Je n’ai cependant pas beaucoup de souvenirs de ce jour-là. Nous étions dans la grande roue à la demande de cette petite peste, mais l’attraction avait tellement peu d’intérêt à mes yeux que je commençais à m’endormir. Bien entendu, cette furie ne se privait pas pour me donner des coups de pieds et me tenir éveillé afin que le supplice dure le plus longtemps possible. C’en était à se demander si ce qui lui plaisait c’était l’attraction et le paysage ou juste d’observer ma douleur…
Cela étant, cette monotonie fut en quelque sorte rompue lorsqu’une panne soudaine frappa l’attraction. Du coup, ma sœur et moi étions coincés dans une nacelle pendant une bonne heure si mes souvenirs sont bons. C’est cela, une heure entière à écouter les plaintes de cette enfant, et personne d’autre pour me soutenir dans cette lourde tâche. Mais par miracle, j’étais parvenue à m’endormir, me délivrant en partie de ce supplice.
C’était, quoi qu’on en dise, une journée vraiment étrange. J’ignore pourquoi ils ont mis autant de temps pour réparer la machine et nous faire descendre, c’était comme si il n’y avait personne dans le parc pour le faire. Et le pire, c’est qu’après ça mon adorable petite sœur voulait absolument rentrer et pas faire d’autres attractions intéressantes ! Une journée de gâchée quoi. Et pourtant, bien qu’il ne se soit rien passé de vraiment notable, si je devais décrire la journée la plus anormale que j’ai vécue, je désignerais celle-ci… et aujourd’hui, surtout.
Mais l’autre élément déclencheur de tout cela, fut un simple livre emprunté. Un ouvrage tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais ne le possédant pas chez moi je l’avais pris à la bibliothèque du lycée. Si j’avais su ce qui m’attendait, alors jamais je ne serais allé le rendre. Oui, cela peut paraître ridicule, mais sans ce livre, je n’en serais pas là où j’en suis.
Après ma journée de cours, je venais de me rendre compte que j’avais oublié de rapporter ce maudit objet à la bibliothèque. Et dire que je l’avais emprunté uniquement parce qu’on nous avait obligé à le lire en Français… Bref, l’échéance étant aujourd’hui même, je me suis dit que ça ne me coûtait rien de repasser rapidement, histoire de ne pas avoir d’ennui par la suite.
Il n’était que dix-huit heures, le soleil commençait à peine à se coucher, alors pourquoi n’y avait-il personne à la bibliothèque ? Ou plutôt, comment se fait-il que je n’ai rencontré personne dans le lycée jusque-là ? Je rôdais dans le bâtiment, dans l’espoir de trouver enfin la documentaliste afin de pouvoir me tirer de là au plus vite. Ce ne fut pas elle que je croisai, mais une fille de ma classe. Hélène, c’est ainsi qu’elle s’appelle. C’est une personne très populaire dans le lycée, ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus font des ravages, il faut dire. J’ai cru entendre qu’elle avait un sale caractère, puisqu’à vrai dire, je ne lui ai jamais vraiment parlée. En vérité, je ne parle pas à grand monde.
Confortablement installée sur une chaise, les pieds posés sur la table, elle pianotait sur son téléphone, sûrement en train d’envoyer des SMS à tout va. J’étais sur le point de passer mon chemin, préférant éviter de lui parler, lorsqu’elle releva la tête de son portable et m’adressa la parole :
- Hé, toi ! C’est quoi ton nom déjà ? Enfin peu importe, je m’en fous en fait. T’aurais pas vu Jason ? Ça va faire plus de vingt minutes que je l’attends, je crois que ce blaireau m’a posé un lapin… soupira la lycéenne en refermant le clapet de son téléphone, exaspérée.
- À vrai dire, je n’ai vu personne dans le lycée, on dirait qu’ils sont tous partis, supposai-je embarrassé.
- Quoi ? Partis ? Et ils auraient laissé le lycée ouvert ? T’es débile ou quoi ? Allez, je commence à en avoir ras le cul, je me casse d’ici !
Elle se leva, et se dirigea vers la sortie. Sur ce coup, je suis d’accord avec elle. Je décidai alors d’en faire de même, en posant le livre sur le bureau de la documentaliste au passage, elle n’aura qu’à se débrouiller avec ça, de toute façon, je ne me sens pas plus concerné que ça. Hélène s’étant arrêtée soudainement, j’ai d’abord cru qu’elle avait vu quelque chose, mais en réalité, elle avait juste repris son portable.
- Putain, quel lycée de merde ! Voilà qu’il n’y a plus de réseau maintenant ! Vraiment, ça me les brise ! se plaignit-elle en allumant une cigarette, absolument sans gêne.
Ennuyé par cette situation, je n’attendis pas un instant de plus et actionna la poignée de la porte. Mais celle-ci refusait de céder ! Voilà qu’on est enfermés maintenant…
- Bon, tu l’ouvres cette porte ?
- Je veux bien, mais la poignée est bloquée.
- Mais qu’est-ce que tu racontes… ? Allez, ouvre cette putain de porte qu’on en finisse.
- Je te dis qu’elle est coincée, t’as qu’à l’ouvrir toi-même si tu ne me crois pas.
- Vas-y, pousse-toi, tu commences déjà à me faire chier.
Elle me bouscula et essaya à son tour d’ouvrir cette porte. Je le lui avais bien dit que ça ne servait à rien… Je sursautai à l’instant où elle donna un violent coup de pied à la vitre. Cette dernière trembla, tout comme lorsqu’elle recommença, mais elle ne s’ouvrait ni se brisait toujours pas.
- Aide-moi au lieu de mater, blaireau !
Vu la manière dont elle s’est figée, je crois bien qu’elle a vu la même chose que moi. De l’autre côté de la porte, au travers des vitres, dans la cour de l’école, on pouvait apercevoir des chiens. Je crois bien en avoir compté une dizaine, mais là où c’était problématique, c’était leur apparence de chiens décharnés, enragés. Je n’avais aucune idée de ce dont il s’agissait, et de toute évidence Hélène non plus, mais nous avions compris la même chose : tout ceci est anormal, et ça sent vraiment mauvais pour nous.
- C’est quoi ce délire ?! Qu’est-ce que ces clebs fichent ici ?
- Le demande pas à moi, j’en sais pas plus que toi !
On a observé la scène quelques secondes, avant de réaliser que ces créatures étaient en train de grimper l’escalier menant à la bibliothèque. Leur réaction ne se fit pas plus attendre, à peine nous ont-ils vu que l’un d’eux a chargé la porte, manquant de la briser sur l’instant. Rien à voir avec la frappe d’Hélène…
Nous reculâmes de quelques pas, un peu tremblant, sachant pertinemment qu’il n’y avait pas d’autre issue pour s’en aller d’ici, ou du moins, il en existait une, mais certainement bloquée comme cette porte, cela paraît évident. Quelques assauts furent suffisants pour venir à bout de la porte, ces chiens firent ainsi leurs premiers pas à l’intérieur de la bibliothèque, tout en grognant sauvagement. Je sais que je suis d’un naturel plutôt calme, mais là, je vais vraiment me faire bouffer !
Nous étions alors acculés près du bureau de la documentaliste, lorsque je fus enfin capable d’articuler quelque chose :
- Euh… Qu’est-ce qu’on fait… ?
- J’en sais rien moi, c’est toi l’homme ici !
T’es marrante, toi… Finalement, ce furent les chiens qui réagirent en premier. Deux d’entre eux nous sautèrent dessus. J’eus alors le réflexe de plonger sur le côté, mais il n’en fut pas de même pour Hélène. Elle tâtonna sur le bureau rapidement avant de saisir le premier objet qui lui tomba sous la main, puis le lança sur les chiens. C’est ainsi qu’une pierre violette vint frapper en plein visage la créature qui visait Hélène, l’arrêtant sur le coup. La pierre retomba sur le sol, et à cet instant le monde se stoppa net. Rien ne bougeait, chaque être présent retenait son souffle, et j’ignorais pourquoi, mais tout le monde fixait à présent cet étrange caillou.
Il se mit à luire d’une intense lumière de la même couleur que la pierre, nous aveuglant tous, et produisant un son assourdissant ! Je crois que les quelques chiens proches de la pierre furent désintégrés par sa lueur, mais quant à nous, nous fûmes en proie à une terrible douleur au crâne !
Lorsque enfin je pus raisonner de nouveau, les trois créatures restantes reculaient devant nous, ou plutôt devant nos armes ! Un katana noir était apparu dans ma main, mais pour Hélène, il s’agissait de deux pistolets noirs, aussi. Cependant, je remarquais que les yeux d’Hélène brillaient d’une intense lueur rougeâtre. En est-il de même pour moi ? Je me relevai lentement, reprenant mon souffle, mais il semblerait qu’Hélène eut une réaction bien plus rapide que la mienne. Sans réfléchir, elle pointa ses armes sur nos agresseurs, et trois coups de feu retentirent avant que ces derniers ne tombent en cendres.
Honnêtement, je ne saurais expliquer ce qui vient de se passer tellement ça paraît fou, et à vue d’œil, je dirai qu’Hélène pense la même chose que moi. Nous sommes restés silencieux une bonne minute, avant qu’elle n’ouvre la bouche.
- Hé, mec… Tirons-nous d’ici avant qu’il n’y en ait d’autres.
- Ouais…
Puisque les chiens avaient réglé notre problème de porte, nous en profitâmes pour nous enfuir. Évidemment, pas question de traîner ! Nous avons couru jusqu’à la sortie du lycée, et même jusqu’au quartier d’à côté, juste pour être sûrs.
Nous avions repris notre souffle, avant de discuter des derniers événements.
- Dis-moi, qu’est-ce que ceci ? questionna-t-elle en pointant nos armes. Et c’était quoi ces bestioles ?
- Ce que je vais dire va peut-être te surprendre, mais j’en sais fichtrement rien, avouai-je en ricanant.
- Évidemment… Et pourquoi t’as les yeux brillants ? Pff… Je ne sais même pas pourquoi je demande, puisque tu ne dois rien savoir non plus…
- Je te retourne la question.
- Quoi, moi aussi ? Ok…
- Peut-être y a-t-il un rapport avec ces armes…
Comme réponse, elle dirigea son pistolet vers le sol et actionna la gâchette. Une détonation retentit, et un étrange projectile d’énergie violette en sortit, s’écrasant sur le sol avant de disparaître, laissant une légère ligne de fumée sur l’impact.
- Au moins, une chose est sûre, il ne s’agit pas d’une arme normale, affirmai-je, bien qu’un peu dubitatif sur certains points.
- Ah, parce que t’as remarqué un seul truc normal ce soir ?
- Ok, tu marques un point. Mais en tout cas, il faut planquer ces armes.
Hélène baissa la tête, réfléchissant quelques instants. Puis, ses pistolets disparurent de ses mains, et ses yeux reprirent leur couleur azurée d’origine.
- Comment as-tu fait ça ? lâchai-je, étonné.
- Hmm… Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais je crois sentir un genre de flux d’énergie en moi. Il s’est accentué au moment où j’ai tiré, alors j’en conclus que c’est ce qui nous relie à nos armes. Il suffit de le stopper, et hop, plus d’arme !
Bon, ok… C’est sûr que dit comme ça, ça paraît simple, mais j’ai quand même mis deux bonnes minutes pour comprendre comment elle s’y est prise.
- Bon, maintenant mettons les choses au clair : règle numéro un, pas un mot de ça à quiconque. Je ne veux pas que les gens sachent pour des raisons évidentes. Règle numéro deux, quoiqu’il arrive, ne vient jamais me parler. Je ne te connais pas, et je ne veux pas qu’on me voie traîner avec un blaireau comme toi. D’ailleurs, si on doit se voir, c’est moi qui te contacterai, pas l’inverse. Alors tu vas me filer ton numéro de téléphone. Pigé ?
- Bon, si tu le dis. Malheureusement je n’ai pas de téléphone…
- Pardon ?! Tu te fous de moi ? P’tin, espèce d’asocial… Tu me facilites pas la tâche. Bon, voilà ce qu’on va faire : demain c’est Samedi, alors on va se retrouver dans le centre-ville, et tu vas en profiter pour t’acheter un portable. Quatorze heures sans faute !
- Ben voyons…
Et sans un mot de plus, elle s’éloigna d’ici, tout en jetant un œil furtivement autour d’elle, et surtout derrière elle pour voir si je ne la suivais pas. Ah là là… Comment est-ce qu’on a pu en arriver là ? Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est passé, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai là un étrange sentiment. Cette foutue sensation de m’être fourré dans une merde colossale, mais il y a quelque chose d’autre, comme si… tout ceci me semble trop facile…
Bah, je me fais des idées ! Au moins, cette histoire m’a permis de discuter un peu avec quelqu’un. Je n’avais jamais vraiment parlé avec qui que ce soit de cette manière. Il est vrai qu’Hélène a un caractère de cochon, mais au fond, elle n’est pas si méchante. Je crois que c’est juste pour se donner un air après tout. Nous verrons bien…
Bien sûr, rien de tout ce que je venais de vivre n’était normal. Jusque-là, je prenais tout cela un peu trop à la légère, mais il me fallait du temps pour réaliser. Hélène et moi étions désormais dotés d’un étrange pouvoir surnaturel, le tout originaire d’une inhabituelle pierre violette. Cela peut paraître bizarre ce que je vais dire, mais cet objet me semble familier malgré que je ne saurai en dire la raison. Un caillou de la dimension de mon poing, à la surface parfaitement lisse, pas seulement fait d’un étrange matériau, mais empreint d’une lueur… fascinante. Mais l’objet avait disparu après avoir émis sa lumière, donc impossible de le récupérer pour l’examiner. Rien que d’y penser, cela me fait mal au crâne !
Cette pierre est donc un important indice pour commencer à comprendre le monde dans lequel j’ai mis les pieds. Des créatures tirées de films d’horreurs, des pouvoirs fantastiques au-delà des facultés humaines… Hum, à trop y réfléchir je vais me faire du mal pour rien.
Je me contentai alors simplement de rentrer chez moi. Parcourant le long chemin à la marche, traînant des pieds, songeur. J’ai obtenu ce pouvoir, Hélène aussi. Sûrement que d’autres personnes ont le même. D’où vient-il ? Pourquoi est-il soudainement apparu ? Pourquoi m’a-t-il été accordé ? Il doit forcément y avoir une piste. Ça m’emmerderait pas mal que ce ne soit que des questions sans réponses. Mais surtout… Que dois-je faire avec ce pouvoir ? Et que me permet-il exactement de faire… ?
J’arrivai donc chez moi, poussant la porte, exténué. Juste à temps pour le repas on dirait. Mes parents m’interrogèrent sur la raison de mon absence mais je leur mentis en disant être allé dans une salle d’arcade avant de venir. Nous dinions alors tous les trois en regardant la télé, qui fort heureusement, ne divulguait aucune information sur ce qui s’était passé. En même temps cela aurait été étonnant, vu qu’il ne s’est rien produit de concret qui laisserait des marques inhabituelles. Je questionnai tout de même mes parents concernant l’absence de ma sœur au repas, mais ils me répondirent que comme tous les Vendredis soirs, elle était à son cours de danse, bien que cette fois elle restait manger chez une amie. Effectivement, je ne m’en souvenais plus.
Suite à cela, je m’effondrai sur le lit de ma chambre, l’esprit toujours torturé de questions sans réponses. Quoi que, des réponses, de nos jours ce n’est pas forcément impossible à trouver. Cela peut paraître absurde, mais il est possible qu’il l’ait, si c’est lui ! Jouant ma dernière carte, je me précipitai pour le contacter. M’installant sur ma chaise, j’allumai mon ordinateur et lançai un programme très particulier. Dis-moi ce que tu sais, Internet !
Après avoir bien rigolé en tombant par hasard sur des vidéos de chats, de remix de musiques, et des publicités intempestives pour agrandir mon sexe, je pris la résolution de conduire des recherches plus sérieuses ! Cependant, j’atterrissais sur des sites tous plus étranges les uns que les autres, avec des définitions bidons de l’occulte, des astuces pour parler aux esprits, un forum regroupant une communauté de gens peu fréquentables, des types au loisir douteux de faire de l’alchimie magique. J’abandonnai bien vite en fin de compte. Il semblerait que je ne trouverai pas de réponse aussi facilement. C’était à prévoir, mais ça ne coûtait rien d’essayer.
Je regardai l’heure : il était déjà vingt-deux heures passé. Ma sœur fit soudainement irruption dans ma chambre, m’agressant verbalement.
- Inutile de frère, passe-moi ton lecteur audio ! commanda ma cadette en prenant l’appareil en question posé sur mon bureau, mon avis n’étant toute somme que secondaire.
- Hey, pourquoi tout à coup tu en aurais besoin ?
- Parce que j’ai cassé le mien tout à l’heure, et que de l’orage a été annoncé pour cette nuit. Tu sais bien que je n’aime pas le bruit de la foudre… avoua-t-elle honteusement.
A cette pensée, elle eut un frisson qu’elle réprima de son mieux. L’orage… J’ai bien le souvenir que ces périodes sont les plus désagréables pour elle. Il lui arrive même parfois de faire des crises de panique. Et pourtant, ça n’a pas toujours été comme ça. Peut-être qu’en grandissant elle a appris à en avoir peur, mais cela ne fait pas plus de deux ou trois ans que ça l’affecte.
- Oh, hé hé, et comme à chaque fois tu vas venir me voir en pleurnichant pour dormir avec moi. Répliquai-je moqueur pour la taquiner et la faire réagir sur autre chose.
- Mais… Non, jamais de la vie ! Tu peux crever ! Avec la musique assez forte, je n’ai rien à craindre !
- Ben voyons… Tu regretteras tes paroles, petite ingrate ! annonçai-je alors qu’elle claquait la porte.
Hum, j’ai peut-être été un peu méchant au fond. En même temps, elle n’avait pas à être aussi agressive avec moi. Je ne le remarque que maintenant, mais elle avait l’air particulièrement mal à l’aise ce soir. Je veux dire, plus que d’habitude. Ce serait-il passé quelque chose ? Je m’inquiète pour elle. Et si c’était une sorte d’appel à l’aide et dans ma stupidité je ne voyais rien ? Ce serait tellement irresponsable de ma part, je m’en voudrais toute ma vie s’il lui arrivait quelque chose ! Hum, je me fais certainement des films, je n’ai plus les idées très claires après la journée perturbante que je viens de traverser.
Bon, et maintenant ? Avec tout ça, je ne suis pas plus avancé. Je doute de trouver quoi que ce soit d’intéressant sur le net. Je regardais par la fenêtre d’un air nonchalant la pluie qui s’était mise à tomber. Ouais, une sacrée averse. Pas étonnant que de l’orage ait été annoncé pour ce soir. Tiens, mais ne serait-ce pas ma sœur qui vient de passer en courant devant la fenêtre ? Elle fait le mur, à cette heure-ci, alors qu’il pleut et que le tonnerre va gronder ? Bah, elle fait ce qu’elle veut après tout… Pour ma part, il serait temps que je me repose. Essayer de trouver le sommeil ne sera pas évident, mais je dois récupérer de tout ce que j’ai vécu.
Je ne pouvais malheureusement pas dormir aussi simplement. Pas que la foudre qui frappe à l’extérieure me dérange, mais ce que j’ai traversé comme épreuve folle aujourd’hui, oui. J'avais beau ressasser, tourner le problème dans tous les sens, rien d’évident ne m’apparaissait. Puis, on toqua timidement à la porte de ma chambre. Je regardai l’heure en réponse : le réveil affichait deux heures vingt-sept. L’entrée de ma chambre s’ouvrit doucement en grinçant, laissant entrevoir la personne venue me visiter. Ma petite sœur s’introduisit à pas de loup dans mon espace, déposa mon lecteur audio sur mon bureau avant de s’approcher de moi.
- Euh… Frérot ? m’interpella-t-elle d’une voix tremblante en sursautant au moindre coup de tonnerre.
- Oui sœurette ? répondis-je avec un sourire en coin, sachant pertinemment la raison de sa venue.
- Est-ce que je peux… rester dormir avec toi ? Ah bon sang ! cria-t-elle en se bouchant les oreilles alors que la foudre frappait de nouveau.
- Je croyais que la musique te suffisait, hum ?
- Mais… Il n’a plus de batterie ! De l’arnaque…
Ah là là… Je le savais, je lui avais dit que je le lui ferai regretter le moment venu. Cette fille, elle a vraiment de la chance que je ne sois pas un frère rancunier.
- Allez, viens, concédai-je en relevant ma couverture pour qu’elle s’y glisse.
- Merci, marmonna-t-elle en se blottissant contre moi sans perdre une seconde.
- Tu viens vraiment d’avoir quinze ans ? On ne dirait pas ! me moquai-je gentiment.
- Tais-toi… Ça n’a rien à voir avec mon âge, j’ai toujours eu peur, tu le sais bien en plus. Pas la peine de me le rappeler à chaque fois, bouda ma jeune cadette.
- Je sais, je sais, du calme. Mais d’ailleurs, pourquoi tu es sortie sous la pluie, tout à l’heure ?
- Ah, ça. Pour rapporter des affaires à une amie.
- Elle ne pouvait pas attendre le lendemain ?
- C’est que c’était très urgent, visiblement.
- C’est très généreux de ta part ! Tu as bravé la pluie et l’orage rien que pour elle, j’en serais presque jaloux, ris-je d’un air taquin.
- Tais-toi, crétin de frère…
Pff… Elle grandit trop vite, celle-là. Maintenant que j’y pense, il va falloir que je fasse attention à garder mon secret loin de ma famille, des fois que ça puisse leur attirer des ennuis. Hélène a raison sur ce point, n’en parler à personne. Si ma petite sœur devait être impliquée, ce serait dramatique. Je vais devoir apprendre à me protéger, mais aussi à protéger mon entourage. Ça promet d’être compliqué…
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