- Pourquoi me poses-tu sens cesse la même question Tsubasa !
- Parce que je vais avoir 16 ans et j’aimerais ne plus t’avoir sur le dos pour me préparer ! Pourquoi ne puis-je pas mettre un peu de maquillage comme les autres au Lycée ?
- Je te l’aie dit…
- Ne pas attirer l’attention mais je ne vois pas en quoi cela attirerait l’attention… Personne ne m’adresse jamais la parole avec cette apparence négligée…
- Ma chérie ne cherche pas à te dévoiler autant tu es jeune tu n’en as pas besoin… Reste simple comme tu es.
Me répondit-elle avec une voix assurée portant le poids de la culpabilité.
- Je ne comprends pas…
Soufflais-je en déposant mes lunettes imposantes sur le bout de mon nez.
- Tu apprendras avec le temps ne t’en fait pas. Souriait-elle aimante ».
C’était ça tous les jours depuis mon entrée à l’école primaire. Ma mère m’aidait à me préparer, dissimulant mon visage derrière de grosse lunette peu flatteuse, nattant mes longs cheveux de gaie d’une manière stricte et propre. Le parfait look du petit rat de bibliothèque ! Sans exagération, ce surnom me suivait depuis huit ans maintenant, finissant par l’utiliser en m’enfermant dans les bibliothèques de l’école pour éviter mes bourreaux. Cela ne me déplaisait pas non plus, l’odeur du papier m’était agréable, le calme et l’éclairage léger de la pièce donnait une ambiance confortable, parfait pour une personne comme moi.
Je quittais la maison en direction du métro, direction le lycée. Ce matin encore, un voile gris enrobait chaque passant dans la rue les rendant imperceptible. Un homme adossé au battant de la porte d’une petite boutique maudissait le temps qui lui ferait sans doute perdre de la clientèle. Continuant mon chemin, prenant le métro encore bondé à cette heure de la journée. 7H15 coup de feu, où se tube se transformait en compresseur humain jusqu’au terminus. « Arrêt Lycée Hachimitsu…Arrêt Lycée Hachimitsu » annonça une voix cybernétique. J’essayais tant bien que mal de m’extirper de cette foule et y parvint en y laissant la prestance de ma coiffure. Je passais dans les toilettes publiques pour y remettre un peu d’ordre sans grand changement. Tant pis ! Même si cela ne servirait qu’à me faire remarquer pour avoir une allure encore plus méprisante que les jours précédant. Je retournais à l’intérieur pour arranger au mieux. Avec un peu d’effort le résultat était satisfaisant. Je dû courir pour ne pas arriver en retard avec ce contre temps. Je m’asseyais à ma place, troisième siège, allée centrale. Rien de tel pour être dévisagée de tous les côtés.
- « Alors notre petit rat est resté trop longtemps le nez dans son bouquin ?
Ricana une voix masculine dans mon dos. Je ne relevais pas et continuais de déballer mes affaires de cours.
- Pff… »
Le bruit d’une chaise se fît entendre avant qu’il ne s’assoie. Un bruit aigue qui me provoqua un tressaillement. Tout le long de la journée, je sentais ma chaise tremblée sous les coups de mes voisins, des murmures méprisant souffler sur ma nuque. La fin de la journée arrivait et je pris mon temps pour rassembler mon matériel, en attendant que la foule se disperse.
- Mademoiselle Hikari !
- Oui ?
Je me retourner pour faire face à mon professeur principal.
- J’aimerais te parler cinq minutes si tu as le temps ?
Son ton laissait paraitre l’inquiétude qu’il éprouvait à mon égard. Je regardais autour de moi, les couloirs encore engorgé.
- Bien sûre. De quoi s’agit-il ?
- Rien de sérieux mais les professeurs et moi-même avons remarqués le traitement que t’inflige tes camarades et je voulais savoir si tout allait bien ?
Je ne pensais pas faire pitié à ce point-là pour que Monsieur Lefie me regarde comme un petit martyre.
- Ça ne me fait pas plus plaisir que vous mais ça ne va pas plus loin donc ça va.
Répondis-je avec indifférence, le regard fixé sur le couloir qui à présent était désert.
- Je vois…il semblait troublé. Je peux au moins te dire que je suis là si tu as envie de parler.
- Merci. J’aimerais rentrer maintenant, ma mère va s’inquiéter.
- Bien sûre. Répondit-il embarrassé. Moi qui regardait dans le vide tout au long de la discussion ramenait celui-ci sur le visage de mon professeur. Ce contact visuel le perturba. Je…fait attention en rentrant Hikari ».
Je ne comprenais pas vraiment son changement de comportement et ne m’attardais pas sur la question. Ma mère allait devenir folle si je rentrais après la tombée de la nuit. Encore une règle qu’elle avait décrétée lorsque j’étais en âge d’aller seule en cours. « Obligation de rentrée avant la tombée de la nuit ! Je ne veux pas que tu traine dehors le soir, au moment où le monde est le plus méprisant ! » Ma mère méprisait l’obscurité. Elle laissait toujours une lumière allumée à la maison. Beaucoup de personne la jugeait comme une femme perturbée, surprotectrice. Le voisinage disait qu’elle avait perdu l’esprit après la mort de mon père, un homme que je n’avais pas connu et dont ma mère refusait de parler. Avec le temps je m’y étais faite et n’évoquait même plus le sujet. Perdu dans mes pensées, j’arrivais au métro alors que les rayons du soleil s’estompaient. Prise d’angoisse, je pressais mon sac contre ma poitrine et m’engageait dans le véhicule qui venait d’ouvrir les portes. A cette heure-ci, il n’y avait plus grand monde et un silence de mort régnait. J’essayais de contrôler les battements irréguliers de mon cœur pour ne pas céder à la panique. Arrivant à mon arrêt, je me précipitais telle une furie hors du wagon et courrais jusque chez moi avant de refermer violemment la porte d’entrée.
- « Tsubasa ! Se précipita ma mère. Que t’ai-je dit ! Rentre avant la nuit ! Que s’est-il passé ?
- Mmh… Je reprenais ma respiration. R…rien du tout c’est juste une petite crise d’angoisse. Je savais que je devais rentrer avant mais un prof m’a accosté pour discuter de deux trois trucs et j’ai fini en retard.
- Quelle idée de retenir ses élèves aussi tard ! Qu’est-ce qu’il voulait ? Argua ma mère un poil irritée.
- Parler du cours et d’autre sujet rien d’important. Esquivais-je.
- Tsu…
- Bon ! Maman je suis fatiguée ! je veux juste rentrer chez moi et me reposer sans subir d’interrogatoire à chaque fois. Lui suppliais-je.
- Comme tu veux. Va te changer et on passe à table ! Ce soir c’est riz au curry.
- Roger ! »
Je m’enfermais dans la salle de bain pour prendre une douche. L’eau chaude qui s’écoulait sur ma peau encore gelé par les températures du soir me faisais un bien fou. En enfilant mon haut, mon dos me démangeait. Je n’arrivais pas à l’atténuer mais tant bien que mal celle-ci ne résista pas au frottement de mes ongles sur la peau et s’estompa. Je descendais pour manger avant de remonter dans ma chambre. J’avais ignorée volontairement ma mère qui tentait d’introduire quelques questions auxquelles je répondais par une expiration exagérée, montrant mon agacement. Il était 23H30, l’heure pour moi de sombrer dans le monde des songes, loin de cette vie de misère. Pourquoi cette heure précisément ? Je l’ai découvert il y a quelque année déjà, à l’époque où j’avais sentie des changements, où le comportement des gens changeait en ma présence. En fermant les yeux, l’illusion d’une créature aux couleurs flamboyante traversa l’obscurité.
- « Tsubasa tu ne dois pas en parler à ta mère ». Susurra une voix elfique et féminine.
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