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Déjà le mois de mars : le temps passe trop vite ! Mais pas assez, cependant. J'ai attendu avec impatience mon rendez-vous avec JD. Enfin, il m'a fait signe ; je l'ai retrouvé dans un café panoramique au sommet de la ville. J'ai été un peu déçue : j'imaginais, d'après son allure, qu'il aurait privilégié quelque chose de plus « typique »... Mais après tout, je ne le connais pas vraiment, et lui n'a aucune idée de mes préférences. Sans doute a-t-il juste voulu être consensuel. Je ne peux pas vraiment le lui reprocher.

C'est un garçon intéressant, plus que tous ceux que j'ai pu croiser ici. C'est pour cela que j'ai osé lui poser la question que je ne formule jamais :

« Pourquoi moi ? »

Son visage s'est assombri :

« Si je te dis que tu me rappelles quelqu'un, est-ce que tu m'en voudras ? »

J'avoue m'être légèrement tendue à ces mots : il n'y a pas pire « compliment » à faire à une femme que la comparer à une autre – à moins qu'elle soit morte depuis des siècles et qu'elle ait été réputée pour sa beauté. Je me suis contentée d'un sourire figé et j'ai attendu la suite.

« Crois-tu aux destins contraires? Je veux parler de ces personnes qui sont condamnées à toujours se rater, encore et encore ? »

Je ne savais pas quoi dire ; les implications de ses paroles jouaient déjà dans mon esprit.

Je lui ai demandé s'il voulait bien me parler de cette personne – celle à qui je lui faisais penser. Il s'est contenté de hausser les épaules :

« Oublie tout cela : tu es toi, personne d'autre, et ça me convient très bien. »

C'était probablement le mensonge du siècle. JD a ouvert la boîte de Pandore et, depuis, je n'ai qu'une envie : y glisser la main pour découvrir ce qui se cache tout au fond.

Tu me dirais sans doute que c'est une raison malsaine de s'intéresser à quelqu'un, que c'est un mélange de curiosité maladive et d'absence totale d'estime de soi. Je le sais parfaitement, mais après tout, quel mal y a-t-il à s'attacher à ce qui nous fait vibrer ? Ce n'est pas comme si je pouvais établir quoi que ce soit de durable avec lui. S'il a besoin de se livrer, c'est l'occasion pour lui de trouver une oreille attentive.

Être utile à quelqu'un, c'est déjà beaucoup. Je suis certaine que tu es de mon avis...

Nous nous sommes revus plusieurs fois ce mois-ci : je l'apprivoise, peu à peu. Mes amis et collègues s'en amusent : ils parlent de « grand amour ». Tout en étant conscients, j'imagine, qu'il ne s'agit que d'une plaisanterie...

Parce que là où nous vivons, ça ne peut pas être autre chose.

À très bientôt,

Ton autre « toi »