« La vie ne songe qu’à se reposer le plus possible en attendant la mort. La vie ne songe qu’à mourir. »
Jacques Lacan, Séminaire
Un enfant tient entre ses mains une écuelle ébréchée. Au fond, j’aperçois les restes séchés d’un bouillon de légumes et quelques miettes d’un pain noir et rassis. Agenouillé, je lui tends ma main ; il me regarde sans comprendre. Ses prunelles jaunies et purulentes trahissent sa condition et son agonie. Le poing serré, je me mords les lèvres pour ne point hurler. Pour un dont je prendrai soin, combien d'autres mourraient, combien d'autres rejoindraient les cohortes innombrables de la faucheuse aux mains noires ? De dépit, je lui glisse entre les paumes une pomme et lui demande de venir demain à l’hospice avec le reste de sa famille. Le fruit lui glisse d’entre les doigts, trop faibles pour supporter son poids ; de justesse, je la rattrape. « Merci, monsieur » souffle-t-il d’une voix fluette ; je tente de lui rendre son sourire tandis que je découpe la pomme en quartier et les dépose dans son assiette. Avec lenteur, je le vois qui les porte à sa bouche et les mâche avec délicatesse, faute de plus de force pour les mordre avec entrain. Encore une fois, je lui fais mes recommandations puis m’éloigne. Dans la ruelle, mes pas résonnent de manière étrange, comme s’ils étaient le fait d’un spectre.
Mais n’est-ce pas ce que je suis à présent ; une ombre parmi les vivants ?
Je croise un rémouleur dont le dos voûté croule sous le poids de sa meule de pierre, suivi d’un homme à la foulée pressée. J’hésite un instant puis me ravise ; aucun d’entre eux ne m’a prêté la moindre attention. Privé de mes atours, je ne suis rien d’autre qu’une silhouette parmi d’autres, un néant dans l’existence, un rouage dans la machine dont j’espère un jour être le grain de sable qui la ruinera.
Le 19 septembre 1903
Soudain un jet de vapeur jaillit du sol et emporte avec lui l’emballage graisseux d’une chaîne de restauration rapide. Happé par les brusques bourrasques, il s’envole et tournoie en direction du grand boulevard où s’agglutine une foule compacte. Dédaigneux, il lui tourne le dos et s’avance vers le véhicule qui stationne en contrebas ; un aéroglisseur dont la jupe affaissée s’étale sur la chaussée défoncée. Dans un léger bruit de chuintement de pneumatiques fatigués, une large porte s’ouvre et laisse entrevoir un intérieur lumineux et décoré avec goût, cependant qu’un escalier en acier chromé heurte le macadam crevassé. Arrivé à quelques pas de l’appareil, il s’arrête ; en fond retentissent les notes chaotiques et métalliques d’un orgue à évents. D’un geste, il stoppe l'avancée de l’homme massif, engoncé dans un costume sombre bien trop serré pour lui. Les lèvres pincées, il observe la scène muette. Silhouettes embusquées, elles marchent d’un pas chaloupés, de ce pas, qu’il y a d’autres temps il aurait appelé celui d'un rockloub. Tapie dans un recoin obscur, leur cible à n’en point douter. Recroquevillé contre une pile de vieux cageots, il entend son souffle rauque, émaillé des sifflements de ses poumons fatigués. À l’ancienne ; il sourit puis secoue la tête et s’en désintéresse. Entre les doigts des éclats de métal luisent ; des lames de rasoir, effilée, tranchante comme des scalpels diamantés ; elles jaillissent puis s’abattent, cependant qu’un corps s’affaisse dans un bruit mou, renversant les harasses empilées. Assis sur la banquette, la porte se referme doucement dans un bruit de piston usé.
— Où désirez-vous vous rendre, monsieur ? À la tour ?
Le regard dans le vague, c’est à peine s’il distingue les traits de son cerbère, dissimulés derrière ses verres fumés. Le menton posé sur le dos de sa main, il s’interroge : que peut bien voir un homme quand on superpose à sa vision une réalité transformée par la magie des chiffres et des données ? L’est-il encore seulement ?
— Non, nous n’irons pas à la tour, souffle-t-il. Emmenez-nous plutôt vers la côte. Il y a si longtemps que je n’ai pas contemplé l’océan.
Il étouffe un rire ; en face de lui le molosse hausse les épaules et obéit. Il ne lui posera aucune question et se contentera de transmettre ses désirs. L’océan, une mer organique, gonflée de pétrole et de tous ses dérivés, dans laquelle les poissons et autres espèces complexes ont, depuis des décénnies, disparu.
— Qu’est-ce donc, père ?
La brise marine agite ses cheveux et une odeur tout à la fois piquante et métallique lui chatouille le nez ; il éternue. Étonné, il plonge sa main dans sa poche et en sort un épais mouchoir en lin, avant de l’appliquer sur son appendice humide. Au-dessus de leurs têtes, de grands oiseaux tournoient en poussant de lugubres hululements. Immenses, il lui semble que leurs ailes démesurées pourraient couvrir d’un bout à l’autre les terres du continent. Parfois, l’un d’entre eux se laisse tomber et fend la surface bleutée mouchetée d’écume blanche. Puis, il en rejaillit avec dans son long bec un poisson encore vivant qu’il achève d’engloutir.
— Ce sont des albatros. Ils ne touchent terre uniquement quand ils nidifient et élèvent leur petit dans les terres australes.
Fasciné par l’étrange chorégraphie céleste, il ne quitte pas des yeux ces oiseaux dont le vol paraît ne jamais vouloir prendre fin. Certains se disputent, d’autres se cherchent, la plupart semblent indifférents à leurs congénères, poussant, de temps à autre, de sinistres cris déchirants.
— Pourquoi sommes-nous ici, père ?
— Devrions-nous invoquer une raison particulière à notre présence en ces lieux ? lui rétorque-t-il. Ne pourrions-nous pas l’être pour notre seul plaisir ?
La puanteur le saisit à la gorge ; à côté de lui le mercenaire en costume noir ne bronche pas. Ils se sont arrêtés le long de la jetée. Affaissé contre un pilier de béton à demi écroulé, sa jupe avachie, le glisseur ressemble à une bête malade. Las, il fixe un instant son cerbère puis s’éloigne sans un mot. Lisses, sans aspérité, ses yeux glissent sur son visage glabre terminé par une épaisse chevelure qu’il a noué en un catogan.
— Monsieur désire quelque chose ?
Ces mots ; il ne les a jamais prononcés ; de ses lèvres scellées, aucun son ne s’est échappé et aucun ne s’en échappera jamais. Derrière ses lunettes fumées, ses prunelles roulent dans leurs orbites à l’affût du moindre mouvement suspect. Parfois, il s’interroge ; son regard se coule alors vers le ciel où plus jamais le soleil n’apparaît.
— Non merci.
Ces mots, ils sont siens, ils sont soufflés ; il a senti l’air expulsé passé sur sa langue, caressé son palais, chatouillé ses dents.
— Je désire seulement marcher seul quelques instants.
Que peut-il penser ? pense-t-il encore seulement ? À ces questions, il n’aura aucune réponse ; il ne le souhaite pas. Appuyé sur sa canne, il feint une claudication tandis qu’il chemine le long de la rampe bétonnée. Quelques pêcheurs – fous, sans doute – balancent leur ligne dans les flots mercuriels. Le regard vide, il fixe l’océan morne, au-dessus duquel volent des oiseaux dont les orbites reflètent les eaux mortes ; qu’ils sont loin les albatros et leurs cris perçants.
Une vague le surprend, cependant que l’écume l’éclabousse ; ses lèvres ont un goût de sel.
Il ferme les yeux.
Mes souhaits ? Mon souhait ?
Sur le mur, l’ombre fixe le vide. Ce regard, il ne le connaît que trop ; celui d’un homme qui a vu trop de choses, vécu trop de choses. Blotti à côté de lui, Achille passe une main qui remonte le long de son échine, avant de déposer un baiser brûlant sur sa nuque.
Accoudé sur le bastingage, le visage tourné vers les étoiles, il se revoit jeune fille. Un homme élégant l’attend. Son frac est impeccable, son pantalon sans plis et ses yeux sont vides ; il sourit. Main dans la main, ils cheminent sur un sentier forestier alors même qu’à quelques mètres la fête bat son plein. Mais elle sera de retour pour le bal, il le lui a promis.
— À quoi pensez-vous ? murmure une voix dans son dos.
— À des temps qui étaient autres.
Les yeux baissés, il fixe ses mains devenues épaisses, malgré leur finesse encore visible ; ni tout à fait celle d’un homme, plus tout à fait celle d’une femme.
— Les regrettez-vous ?
Dans le ciel, des nuages paressent et engloutissent bientôt la lune dont les reflets disparaissent peu à peu.
— Je ne sais pas. Ils sont moi, même si je suis devenu autre. Les rejeter serait comme m’amputer.
À côté de lui, son compagnon lui lance un regard presque envieux, cependant qu’il lui semble apercevoir une larme perler au coin de son visage. Par pudeur, il se détourne ; au fond de sa poitrine, son cœur se serre.
— Je vous envie… Georges Sand a dit un jour : l’oublie est le vrai linceul des morts.
Sur le mur, les images défilent, heurtées, saccadées à la manière des tout premiers films, lorsqu’une main humaine actionnait la manivelle.
Les bras croisés sur le bastingage, son compagnon contemple à présent l’océan et les vagues étoiles qui s’y reflètent. Au loin, il aperçoit seulement l’horizon obscur, traversé par instant de quelque phare rougeoyant qui disparaît aussitôt. Pays promis, pays forteresse, encore mieux gardée que jadis la banque d’Angleterre, courtisé par les puissants ; qu’elle est loin l’utopie qui avait vu sa naissance ! D’une terre de paix, de partage et de prospérité, elle s’était peu à peu enfermée, forclose, décomposée jusqu’à devenir un état inexpugnable et paranoïaque.
— Achille…
— Moui… ronronne-t-il, une main sur sa poitrine.
Il ferme les yeux ; dans son poitrail, son cœur sourde une douce et amère liqueur. Sur le mur, la figure figée d’un homme demeure ; ses prunelles, il les devine, sont un lit de douleur.
— ¨Pourquoi te retiens-tu ? lui susurre-t-il à l’oreille, alors que sa main poursuit une exploration plus profonde de son anatomie.
Chair contre chair, Achille l’enlace et l’enferme dans sa cage faite de rêves et de matière.
— Vous désirez exaucer mes souhaits…
Les mots meurent au bord de ses lèvres ; son compagnon lui a lâché la main.
Muette, elle contemple le paysage qui l’entoure : des arbres aux branches noueuses surplombent sa vue, tandis qu’il lui semble percevoir le bruit d’un ruisseau. En face d’elle, l’homme se fend d’une profonde révérence, cependant qu’une musique douce et aérienne envahit peu à peu l’atmosphère, dont les notes, graves et mélancoliques, infusent peu à peu de leur nostalgie. De sa pipe s’échappe une fumée bleutée qui bientôt les enveloppe tous les deux. Redressée, elle aperçoit ses yeux qui brillent derrière ses verres fumés.
— M’accorderas-tu cette danse, Nathalia, lui susurre-t-il comme il s’avance vers elle d’un pas nonchalant ; ses hanches se balançant de droite puis de gauche, de gauche puis de droite.
Sa voix, chaude, est semblable à une caresse, cependant qu’elle s’abandonne à ses bras immenses qui l’enlacent.
— Mes souhaits, murmure-t-elle d’une voix faible.
— Tes souhaits…
La tête posée au creux de son épaule, elle observe ce corps qui est le sien, ce corps qui pourrait être le sien.
La tête rejetée en arrière, il pose sa nuque sur son épaule et dépose un baiser sur sa joue, cependant que son regard coule vers les veines saillantes de son cou. Détaché, il repousse l’être affamé qui lui fait face.
— Pourquoi ? gronde-t-il.
Mais il ne répond pas ; un sourire extatique illumine sa figure.
— Tu le sais, lui souffle-t-il.
— Oui, soupire-t-il, les yeux gonflés de larmes tristes et amères.
Au loin, un feu gigantesque jaillit de la nuit, accompagné de sourds grondements des tambours. Perché dans les arbres, le jeune homme observait les mouvements dans l'obscurité. Par petits groupes, ils se dirigeaient vers le village où déjà les femmes, seulement habillées de leur pagne, la poitrine nue, s’avançaient. Leurs corps étaient comme secoués de spasmes, tandis que le rythme des frappes s’accélérait. Marchant autour du feu, leurs pieds frappaient le sol et soulevaient une poussière ocre. À l’entrée, la foule s’agglutinait, avide, vorace ; un grondement naquit dans le fond de sa gorge, cependant que ses muscles roulaient sous sa tunique. Dans le lointain, la frappe des tambours s’accéléra et les femmes heurtaient de plus en plus vite, de plus en plus fort la terre, faisant donner le tonnerre. Autour d’elles, des formes s’éparpillaient puis s’asseyaient, seul l’un d’entre eux semblait hésiter et demeurait sur le seuil, pourtant il renonça bientôt et les portes se refermèrent sur lui ; dans les arbres, une ombre pleurait.
— Achille…
— Ce n’est pas lui, n’est-ce pas ?
Mais Achille ne l’entend pas, pris dans le piège d’une extase sans fin.
Penché sur sa machine, une authentique Remington de 1945, ses doigts courent sur le clavier, cependant que résonne dans la pièce l’infernal staccato des tiges. Tac, tac, tac, font les lettres de métal lorsqu’elle frappe la feuille de papier. Par instant, il s’arrête ; le chariot vient de sauter et il lui faut le ramener. En fond, couvert par les cliquetis agaçants de la mécanique, la voix de Bernie hurle :
Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle,
Impossible d’avancer sans ton gilet pare-balle.
Tu voudrais donner des yeux à la justice
Impossible de violer cette femme pleine de vices
Ses doigts frappent la mécanique, le bruit des cliquetis agace son voisinage. Mais qui lira donc sa prose ? Personne, et il s’en moque ; il y a trop longtemps qu’il s’est fondu dans les murs, jusqu’à en devenir invisible, ne se rappelant à leur bon souvenir que, lorsqu’hilares, ils s’en viennent le sortir de sa naphtaline et lui balancent un macchabée sur le plancher.
La pluie s’écrase, grosse, grasse, noire, de longues traînées gluantes filent le long du pare-brise que les balais de caoutchouc ont toutes les difficultés à écarter. Un instant il se prend à tourner la tête pour contempler la fosse béante qui a remplacé Vitry. Imbibées d’huile de roche, les terres brûlent encore, noyant la région dans des flots méphitiques et toxiques. À l’abri derrière un dôme construit quelques années auparavant, celui-ci n’est déjà plus que l’ombre de lui-même et les larges fissures laissent dégoûter les eaux irisées, irrémédiablement polluées. Mais non, il n’en fera rien et il se contentera, comme tous les autres, de passer son chemin. Les lèvres pincées, sa femme se concentre sur la route qui défile sous leurs yeux.
— Bien sûr que je le savais, songe-t-il. Hélas, il est toujours trop tentant de vouloir déjouer le sort.
Sur la machine, son index dérape et se coince entre les touches qui le pincent, comme pour le punir de sa vanité. Hébété, il fixe le doigt dont l’extrémité rougie vire au violet puis au noir ; une lance de douleur fichée dans le doigt ; sur le papier, sa frappe s’est arrêtée net. Son regard glisse sur les caractères, minuscules, majuscules, des signes de ponctuation, plus rien ne possède de sens. Hagard, il tend une main vers la feuille ; il hésite. Du pouce, il en caresse le tranchant ; sous ses yeux, la tache rougie grandit, il sourit. Dans les airs, la boule de papier vole. Lente, elle décrit cette parabole si chère à Newton, puis s’écrase dans la vieille poubelle de fer. De l’autre côté de la porte, il entend les soupirs de soulagement ; il se retire. Derrière lui, dans un ultime spasme son ordinateur s’éteint, cependant qu’il referme la porte. La clé dans la serrure, il écoute les cliquetis aigus du métal qui racle contre le mécanisme. Son borsalino posé sur le crâne, un imperméable enfilé à la hâte, il s’engage dans le lugubre corridor, éclairé par quelques plafonniers à moitié hors d’usage ; une enveloppe sous le bras, son parapluie sous l’autre. Les yeux baissés, il ne prête aucune attention aux silhouettes molles qui évoluent autour de lui, coursiers, stagiaires, brigadiers, ils se confondent tous dans une étrange marée humaine. Plongeur en eaux glacées, il retient son souffle et s’enfonce, toujours plus loin, toujours plus profond. Devant lui, deux panneaux de métal s’ouvrent ; au plafond une lumière chaotique chatoie ; il pense aux lucioles qui voletaient au-dessus de sa tombe, le pouce fiché dans un bouton jadis nacré, aujourd’hui incrusté de chiures de mouches. Dans un chuintement, les parois métalliques se referment. De l’autre côté, des formes s’agitent, se croisent ; parfois échangent ; elles ne sont plus que les spectres amers d’une maison qui n’a plus de prestige que le nom : 36, quai des Orfèvres. Au-dessus de sa tête, les chiffres défilent, anonymes. Parfois, ils cessent et les portes s’ouvrent, mais personne n’entre ; il demeure seul. Entre ses doigts, le paquet glisse et vomit son contenu : deux cigarettes toujours intactes et une à demi fumée d’où s’échappe une odeur boisée. Las, il les ramasse. Dans le creux de sa paume, elles sont pareilles à leurs semblables, des cylindres de papier, enroulés dans lesquels on aura introduit des herbes séchées.
— Rez-de-chaussée, annonce une voix atone et déformée, cependant que les vantaux s’ouvrent avec toute la précipitation qui leur est encore permise.
Du coin de l’œil, il aperçoit l’officier de service et le salue d’un hochement de tête il y a bien longtemps que la main au chef a été abandonnée. Maussade, ou bien triste, il lui rend son adieu et lui fait signe de fermer son imperméable ; dehors, la pluie a redoublé de violence. Le col remonté jusqu’au menton, son chapeau dégouline d’une eau blafarde qui s’écrase sur les trottoirs défoncés. Mais alors qu’il s’apprête à ouvrir largement son parapluie, le bruit sourd d’une moto le prend au dépourvu. Derrière la visière fumée, une paire d’yeux nacrés l’observent, cependant que les siens se coulent le long du corps de sa propriétaire, soulignant ses courbes pleines, embrassant ses creux.
— Viens, semble-t-elle lui souffler.
Bête, il fixe un instant son instrument, puis le replie ; l’eau s’infiltre dans le col de son vêtement, mais il n’en a cure et s’avance tandis que la pluie floute son visage.
— Hyo-jin, murmure-t-il alors qu’il enfourche l’engin couleur nuit, ses bras s’enroulant autour de sa taille.
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