« Le temps ressemble à un hôte du grand monde, qui serre froidement la main à l’ami qui s’en va et qui, les bras étendus, embrasse le nouveau venu. »
William Shakespeare, Troïlus et Cressida
En son domicile, ma sœur m’a reçu avec chaleur et j’en ai alors conçus une grande joie, malgré les doutes qui m’assaillais. Je ne pouvais oublier son visage. Où l’avais-je déjà vu ? Soudain, sur le pas de la porte, alors que je m’apprêtais à pénétrer à l’intérieur, je me figeais de terreur. Il était deux visages qui se superposait, le sien et celui d’une femme qui avait vu le jour dans les entrailles d’une certaine île des Orcades. Fou, je me précipitais dans la rue avec le fol espoir de la revoir, alors que je franchissais le seuil de la porte. A plusieurs reprises je manquais de choir, chaque fois que mes pieds glissaient dans la neige. Hélas, le jour déjà se mourrait et l’obscurité étendait ses rets et je dus rebrousser chemin, bredouillant une vague excuse à mes hôtes. Dans le lointain, les fallotiers sont déjà à l’œuvre et illuminent la nuit. Pourtant, je crus, l’espace d’un battement de cœur, apercevoir une figure pareille à la sienne. Mais non, ce n’était qu’une enfant égarée que sa mère, éplorée, appelait.
Cependant, les agapes et l’annonce de la grossesse de ma sœur eurent bientôt raison de mon humeur maussade. En dessert, mon beau-frère nous servit un sabayon à la fine champagne, accompagné d’oranges en provenance de la lointaine Sicile. Mais alors que je le dégustais, me revenait en mémoire les visages hagards de tous les miséreux qui hantent notre magnifique cité. Pâle, je prétextais une légère indisposition et me retirait dans la chambre qui m’était allouée. A l’intérieur, l’obscurité était épaisse, seulement transpercé par la lueur mordorée d’une flammèche. Une petite fille m’attendait ; tout sourire. Dans ses doigts, elle tenait une allumette enflammée. Tiens ! semblait-elle me dire, comme elle étirait son bras vers moi ; je fermais les yeux. Quand je les rouvris, elle avait disparu, mais non l’odeur si caractéristique du bois calciné.
Enveloppé dans une épaisse robe de chambre, j’ouvrais alors en grand le double battant de la fenêtre et m’enivrait des odeurs de minuit. Au loin, j’aperçois la frontière entre nos mondes ; là où la lumière disparaît, tout n’est que misère.
Dans ma main, je tiens l’une de ces allumette à deux sous ; encore quelques secondes et la flamme me brûlera les doigts.
Sângele e viața, iar eu o am pe a mea. Sângele e cheia la cufărul încuiat al morții.1
Journal de H.F.
Le 25 décembre 1894
Blottis l’un contre l’autre, tête contre tête, Max, les yeux ouverts, les mains posées à plat sur le mur, respire le parfum de sa peau luisante. La nuit semble ne jamais finir, le temps ne coule plus, Saejin ne bouge plus.
— Quand était-ce ? chuchote-t-il.
Ses doigts s’égarent sur son visage. Du bout de l’index, il dessine les courbes de ses joues, s’égare sur ses lèvres.
Ses yeux papillonnent et renvoient les éclats de l’obscurité. Le visage tourné vers la fenêtre, elle contemple les ombres qui dansent par-derrière le volet. Dans l’obscurité, sa main mime le vol silencieux d’un papillon de nuit.
Cela me paraît si lointain et si proche à la fois
Ses doigts se plient puis se déploient, semblables à une araignée qui tisserait sa toile ; une fois, deux fois, puis un index.
Oui, seize ans. 2050
— Qu’est-ce que c’est, coasse-t-elle, tandis qu’elle découvre le bracelet que le médecin lui tend.
— Ne parlez pas tant, lui murmure-t-il. Vos cordes vocales ont été sévèrement brûlées par les fumées et j’ignore si jamais vous retrouverez votre voix ; de même que vos tympans, mais nous y avons déjà pourvu.
Le regard doux, il ressemble soudain au titan Atlas portant le poids du monde sur ses épaules. Derrière lui, une baie vitrée donne à voir un jardin d’automne dont les tons fauves contrastent avec la blancheur austère de la pièce.
La main tendue devant elle, elle déploie de nouveau ses doigts et attrape le vide comme elle se saisirait d’un rêve.
— Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Assise dans un fauteuil sous une pergola couverte d’une glycine en fleurs, la jeune fille referme son livre et le pose à côté d’elle.
— Mieux je crois, coasse-t-elle.
Négligente, elle triture le bracelet passé à son poignet.
— Ne bouge pas, lui enjoint-il comme il s’empare de sa main et examine l’objet coupable.
— Voilà ! Fais donc un essai !
En face d’elle l’homme hoche la tête ; un sourire triste se dessine sur ses lèvres ; il n’est pas seul, une autre personne est avec lui, en retrait. Elle tend une main vers son visage, mais renonce et la repose.
Max la lui prend ; elle est brûlante. Au-dessus de leur tête, les mots s’affolent, puis se calme.
— L’autre ? Qui était-ce ? murmure Max, le regard perdu dans les ténèbres.
Dans l’obscurité, les lettres mordorées tremblent.
— Est-ce que tu es fatiguée ? s’inquiète-t-il soudain.
Saejin secoue la tête.
— Les émotions, rauque-t-elle.
Et toi, Max ? Qu’as tu vu ce jour-là, la morgue ?
— Que vois-tu Maximillien Defrosse ?
La voix grinçante d’Achille s’insinue dans son esprit, tel un serpent qui se loverait contre son cœur. Boum, boum, dans sa poitrine, l’organe ralentit au rythme d’un tambour imaginaire tandis que son cerveau, irrigué des molécules d’acide lysergique, perd le fil.
— J’ai vu une femme qui n’était pas à sa place.
Elle est en retard par rapport aux autres. Sans doute a-t-elle oublié quelque chose, car elle court pour les rattraper tandis qu’elles pénètrent dans une salle. Devant la porte, un homme, la mine sévère, les surveille du coin de l’œil. Arrivée à sa hauteur, raide, elle se penche en avant, puis entre à son tour.
— Quelle formation suivent-elles ? demande Max.
— Traumatisme et épigénétique. Le saviez-vous, monsieur Defrosse, mais notre patrimoine génétique ne contente pas de transmettre de génération en génération son programme, mais également ses expériences. Elles sont inscrites, non dans les gènes, mais l’ADN et ses protéines de structure, les histones : méthylation, sumoylation, acétylation, phosphorylation, ubiquitination.
Mais déjà il n’écoute plus ; ses oreilles bourdonnent.
— Pourquoi suis-je ici ? s’interroge-t-il.
En face de lui, la logorrhée de la femme semble ne pas vouloir connaître de fin. Derrière, la porte se referme.
— … notre centre, en pointe en la matière, l’une de nos équipes a découvert à l’occasion de l’attentat de 38 que le geste même s’inscrivait dans l’épigénome, expliquant par là une part non négligeable de nos échecs.
La femme s’est tue, enfin.
— Ai-je répondu à toutes vos interrogations, monsieur Defrosse ?
— Je crois bien. Je vous remercie, marmonne-t-il, comme il étouffe la terreur qui l’emplit.
— Bien, susurre-t-elle. Je crois que nous allons pouvoir passer dans mon bureau à présent. Votre femme ne saurait tarder.
Il hoche la tête ; des taches colorées dansent dans ses yeux, le centre a disparu. A sa place, il y a un mur en faïence blanc et, dans un fauteuil, un homme à la mine négligée, un joint entre les doigts. De l’autre côté, alignée sur les tables en acier chromé, dissimulés par des draps immaculés, des corps mutilés.
— Suis-moi, Maximilien Defrosse, car il te faut voir à présent ; voir et comprendre.
Dans la chaise, l’homme automate parle ; ses gestes sont saccadés, tout comme sa démarche lorsqu’il se lève.
— Est-ce que les synthoïdes rêvent aussi de moutons synthétiques ? marmonne-t-il.
En face, l’automate lui sourit, un sourire mécanique lui aussi, puis fronce les sourcils.
— Où as-tu entendu ce mot ? lui demande-t-il.
— Je ne sais pas. Seulement, existe-t-il ?
Perdu, Max suit l’homme mécanique. Autour de lui, des femmes l’entourent ; elles sont mortes.
— Qui sommes-nous ? murmurent-elles.
— Je ne sais pas. Je ne détiens pas la réponse.
— Je suis désolé, ajoute-t-il comme il éclate en sanglots.
Alors une à une, elles font la ronde autour de lui, se penchent et le saluent.
— Plus tard…
— nous reviendrons…
— lorsque tu auras vu…
— la vérité.
— Max ! Reviens-moi ! lui chuchote la voix d’une femme.
— Où suis-je, souffle-t-il.
Un visage le couvre, une main le caresse, le rêve s’efface. Allongé sur le lit, il serre Saejin dans ses bras et pleure à chaudes larmes. Une main sur la bouche, il retient de justesse un haut-le-cœur, puis se précipite dans les toilettes. Un liquide vert et nauséabond s’échappe de sa bouche. Pâle, il contemple un instant le fond de la cuvette puis appuie sur le bouton d’évacuation ; l’eau gronde et emporte avec elle les restes de sa pestilence. Dans le miroir, au-dessus du lavabo, une vision d’effroi lui fait face. Appuyé sur les rebords, il sort de la minuscule salle d’eau en titubant. Sur le seuil, Saejin l’attend un verre à la main ; dans ses yeux se reflètent l’image d’un homme qui a ouvert une porte sur les ténèbres. Silencieux, il s’empare du verre et le vide d’un trait. Il demeure ainsi un moment puis la recrache dans le lavabo qui avale sans mot dire l’infâme breuvage.
— Max…
— Il y avait une femme ; l’une de tes sœurs, Saejin. Achille avait placé son corps à part des autres, car il savait ; il savait que je l’avais déjà rencontré, murmure-t-il, les mains agrippées sur le rebord.
Les paupières closes, Achille dort.
— Dimona, marmonne-t-il dans son sommeil d’une voix pâteuse.
— Oui, Dimona, confirme d’une voix sombre Franz, le visage tourné vers les ténèbres.
Ivre, Achille ouvre un œil sanglant. Marionnette sans tête, son bras s’allonge et heurte un verre qui traîne sur la table, puis retombe inerte. Silencieux, Franz s’éloigne en direction d’un placard entrouvert et s’empare d’une couverture qu’il étend sur le corps de son ami.
— Dimona… répète-t-il en écho.
Il fait chaud ce soir-là et l’atmosphère est saturée d’humidité. En fond, la radio diffuse le bulletin d’information ; il y a longtemps qu’il n’y prête plus attention. Affalé sur un tabouret de bar, les jambes croisées, il se figure un personnage sorti d’un mauvais polar de gare. Des affiches, par dizaines, sont collés sur les murs comme autant de trophées : homme ou femmes dénudées ou délurées, il y en a pour tous les goûts ; surtout mauvais, mauvais comme la bière qu’il boit en ce moment. En face de lui, un homme au regard fatigué, à la barbe entremêlée, lui tend une enveloppe jaunie.
— Vous acceptez ? Je sais que ce n’est pas le lieu le plus hospitalier de la terre et qu’il est également l’un des mieux surveillés.
Le ton de sa voix est morne, las, dépourvu de la moindre étincelle de vie ; il hausse les épaules, peu lui importe. D’un geste vif, il entrouvre l’enveloppe et d’un coup d’œil estime l’épaisseur des coupures. D’un hochement de tête, il acquiesce, puis se lève. Mais d’un geste l’homme l’arrête ; au fond de ses yeux, brille une lueur inhabituelle.
— J’ai encore une condition. Lorsque que vous aurez retrouvé ce que je vous ai demandé, prenez le temps d’en examiner le contenu. Seulement, alors vous reviendrez me voir, murmure-t-il d’un ton lugubre.
Il ne dit rien et se contente de le fixer avant de s’en aller ; le prochain vol pour Le Caire décolle dans cinq heures.
Enveloppé dans la lourde couverture, Achille s’est rendormi et sa respiration est redevenue régulière. Debout devant la fenêtre, Franz contemple une nuit qui semble ne pas vouloir finir, percée des illusions humaines.
— Bonne nuit, Achille, soupire-t-il tandis qu’il s’éloigne et entre dans sa chambre. Sans doute, demain sera un autre jour.
D’un cadre, il retire le carton. Derrière, dissimulé dans une niche aménagée, il en tire une photographie déchirée aux couleurs passées qu’il pose sur sa table de nuit..
— Docteur Totermann, ajoute-t-il dans un murmure.
— Bonjour Professeur Weiner. Puis-je examiner vos papiers d’identité, ainsi que votre visa et votre permis de séjour.
Immobile face à l’œil électronique, la paume collée au terminal ; c’est à peine s’il sent la piqûre au bout du pouce. Pendant ce temps, l’opérateur compulse les données stockées sur ses serveurs.
— Tout est en ordre ! Vous pouvez y aller, professeur. L’autocar vous attend à l’embarcadère E.
L’homme s’incline, récupère les documents que le préposé lui tend puis s’éloigne sans mot dire, le visage impassible ; il est encore loin de sa destination.
De sa poche, il en tire une autre, puis la place à côté.
— Que deviens-tu, à présent, Saejin ?
Par la fenêtre, il aperçoit un véhicule qui passe toute sirènes hurlantes, avant de se perdre dans le dédale obscur de la ville.
— A quoi pensez-vous ?
Mutique, la mâchoire serrée, il fixe l’horizon teinté de pourpre ; l’odeur du mauvais kérosène colle encore à ses habits, à moins que son nez trop sensible ne le trahisse.
— Docteur Totermann !
Mais il n’achève pas sa phrase, trop de fiel, trop de colère lui scelle les lèvres.
— Avez-vous jamais entendu parlé du projet HGP2 : The Human Genome Synthesis Project ?
— Qu’est-ce que c’est ? rétorque-t-il de manière abrupte.
Le vent souffle avec violence et manque par instant de les renverser.
— Un délire d’apprentis-sorciers : la création d’un génome humain synthétique. Mais il fut rebaptisé HGP-write ; Testing Large Synthetic Genomes, soit-disant le premier aurait été trop ambitieux.
Son interlocuteur étouffe un rire nerveux.
— Changer le nom, le fond demeure le même.
Derrière lui, Totermann acquiesce.
— Cependant, se reprend-il. Que l’on est ou non créer de toute pièce un génome humain, puis dérivée une cellule fonctionnelle, enfin un clone. Aucune législation ne permettrait que l’on brevette l’humain né de cette folie.
— Et pourquoi pas monsieur Caplon ? Comptez donc les espèces animales ou végétales brevetés ! Alors un humain ?
— Non ! Personne n’autoriserait quiconque à déposer un brevet sur un humain sauf si…
Les mots lui manquent. Rageur, il envoie son poing vers le mur, mais l’arrête quelques millimètres de la surface bétonnée.
— Non ! Non ! s’étrangle-t-il. Ils n’auraient pas osé… c’est monstrueux !
Une main amicale se pose sur son épaule. En d’autres temps, en d’autres circonstances, il l’aurait repoussé, mais pas cette fois ; car il voyait pour la seconde fois.
— Oh si, car pour satisfaire le marché tout doit devenir possible, même l’impossible, murmure-t-il.
— Combien sont-elles ?
— Hélas…
Le vent avale ses paroles tandis que le soleil au couchant embrase l’horizon de ces couleurs d’automne.
— Alors si tu es Dante, je suis Béatrice. Pourtant, tu sembles cheminer à l’inverse. Depuis le paradis, tu n’as de cesse de t’enfoncer toujours plus profond dans les enfers. S’il en est ainsi, peut-être serait-ce à moi de venir et t’entraîner à ma suite, non vers un paradis qui ne serait qu’artifice, mais vers la vie. Non ton corps ou ton esprit, mais ton âme, Hugo ; Hugo Totermann. Mais est-ce là ton nom véritable ? Que sais-je de toi ? Tu me supplies, mais tu t’esquives. Tu m’invites, mais tu t’éclipses. Tu me convies, mais tu t’enfuis. Libère-toi de ses ombres qui t’entraves et confie-moi le fruit vénéneux de tes entrailles.
Étendu sur le lit, nu et sans défense, il pleure. Les larmes troublent sa vision. Une main au-dessus de lui, il découvre au travers de ses doigts écartés la figure pâle et illuminée de sa dame.
— Hyo-jin, murmure-t-il d’une voix faible. Oui, je fuis, je m’esquive, je m’éclipse et je me réfugie dans les ombres pour ne plus voir, pour ne plus savoir.
Les mains posées de part et d’autres de ses épaules, Hyo-jin se coule contre lui, écoute le cœur froid battre dans sa poitrine.
— Qui es-tu, Hugo Totermann ? Ou plutôt devrais-je dire l’Homme Mort ? Pourquoi ? Dis-moi, soupire-t-elle en embrassant ses lèvres de chair.
Baigné de la clarté de la lune, les corps vont et viennent, silhouettes découpées dans les ténèbres.
— Pour moi, la vie n’est plus qu’une nuit sans fin ; une nuit qui ne connaîtra plus jamais de fin. Pourquoi ce nom ? Pourquoi Totermann ?
Sa voix n’est plus qu’un souffle, infime murmure perdu dans l’obscur. Détaché du corps de son amante, il se redresse et se tourne vers la fenêtre grande ouverte par laquelle s’engouffre le vent.
— Un jour, comme je te l’ai confié, j’ai fait un serment. Hélas, aveuglé par mon orgueil, guidé par une âme damnée qui m’avait confié son secret, j’ai emprunté une voie que seul un fou ou un homme ivre de vengeance oserait arpenter. Je désirai libérer l’humanité, mais je l’ai enchaîné. Zeus condamna Prométhée à avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle. À l’image du titan qui souffre mille maux pour avoir volé le feu aux dieux, je suis condamné à vivre jusqu’à l’éternité dans le cauchemar que j’ai contribué à édifier. Quand je l’ai compris, j’ai pris ce nom : Totermann.
Derrière lui, Hyo-jin enlace son corps de ses bras et frissonne.
— Hugo, alors que tu me croyais dans le coma, mais sans doute l’étais-je, car cela ressemblait à un rêve, un nom m’a frappé.
Entre ses lèvres, les mots se figent, coagulent, puis s’échappent.
— Le tien, Hugo Frankenstein, soupire-t-elle comme elle se glisse devant lui.
1 : Le sang est la vie et je l’en ai fait mienne. Le sang est la clé qui enfermera la mort.
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