« Pour exister, il faut être une matière première : être, « c’est être-matière-première » – telle est la thèse métaphysique fondamentale de l’industrialisme. »
Günther Anders, L’Obsolescence de l’Homme
Hélas, à présent, je ne puis plus trouver le repos, le moindre soulagement ; mon âme souillée par ses mots me le refuse. Immobile au milieu de l’escalier, une torche à la main, je contemple l’écho d’un cadavre inanimé. Étendue, nue sur la table poussiéreuse, je la vois qui se lève ; les paupières à demi-closes, ses lèvres entrouvertes, elle me murmure des paroles qui se veulent réconfort, en même temps qu’elles me plongent dans une profonde détresse. Démone, elle me renvoie à mes propres faiblesses, à ma lâcheté. Terrorisé, je la vois, je l’observe, je suis incapable de me détacher de sa beauté fatale et glacée ; elle me hante. Non ! Non ! Elle n’est qu’une chimère issue des tréfonds de mes ténèbres. Quand je rouvre les yeux, elle disparaît et, à la place, je découvre des lieux abandonnés et saccagés où règnent le désordre et le chaos. Gravés dans ma chair, je me raccroche aux mots de feu mon oncle tel un naufragé à sa bouée pour ne pas sombrer dans la folie qui me guette depuis le fond de l’abîme.
It was on a dreary night of November that I beheld the accomplishment of my toils. With an anxiety that al-most amounted to agony, I collected the instruments of life around me, that I might infuse a spark of being into the lifeless thing that lay at my feet. It was already one in the morning ; the rain pattered dismally against the panes, and my candle was nearly burnt out, when, by the glimmer of the half-extinguished light, I saw the dull yellow eye of the creature open ; it breathed hard, and a convulsive motion agitated its limbs.
Parmi mes gens, beaucoup s’inquiètent et les bruits courent parmi les pêcheurs que j’aurai ramené avec moi le malin. Par bonheur, peu se souviennent encore des secrets logés dans ces murs et bientôt ils s’éteindront avec leurs possesseurs. Alors, afin d’apaiser leurs craintes je leur soutiens que ce n’est qu’un accès passager de mélancolie dû au brouillard persistant et aux tempêtes ; nous sommes à la fin du printemps, pourtant il nous semble que l’hiver ait décidé de prendre ses quartiers par ici. Hélas, les mensonges n’atténue en rien les doutes et l’angoisse qui m’assaille, non plus que la valériane ou les injections de morphine, et il m’arrive parfois de me retrouver à errer dans les couloirs de mon manoir, parlant seul à seul avec mon reflet dans le miroir.
Journal de H. F
Le 7 octobre juin 1894
Les yeux dans le vide, il contemple la nuit qui s’étire jusqu’à n’en plus finir. Au sommet des immeubles aveugles scintillent les lueurs des étoiles artificielles ; pouls syncopé d’une humanité transfigurée. Sur leurs façades ruisselle une pluie noire et chaude qui transforme bientôt l’asphalte en poix et l’atmosphère en un brouillard épais et suffocant.
— Monsieur ?
Cis dans la nuit, une silhouette aux allures de golem s’avance, presque menaçante.
— Vous vous inquiétiez pour ma personne, n’est-ce pas ?
Il n’a pas détourné le regard et demeure la figure engagée vers les ténèbres. Derrière lui, la créature grimace ; son visage est semblable à un masque de foire ou de carnaval.
— Oui, monsieur… Les protocoles, monsieur.
— Bien sûr, les protocoles… lâche-t-il rêveur : il croit se souvenir.
Avec les mouvements lents d’un plongeur en eaux troubles, il se retourne et toise l’homme ainsi contrefait. Entre ses doigts, la lame d’argent danse et renvoie les éclats nocturnes d’une obscurité oubliée. Du bout de l’index, il essuie le sang macule encore le tranchant.
— Le caisson est-il prêt ? poursuit-il d’un ton égal ; des mèches de cheveux sont retombées sur son front et masquent la béance.
Soudain, dans le fond de la rue, un bruit de cavalcade jailli suivit d’un râle indistinct, puis du bruit d’une chute.
— Tout à fait, monsieur. Et, sans vouloir vous commander, nous devrions nous dépêcher, les obscurs ne sauraient tarder.
— Bien sûr… les obscurs…
Détaché, il contemple la ruelle enténébrée d’où rien ne semble être capable de ressortir. Comme est forte la tentation ; s’offrir en holocauste. Mais alors, qu’adviendra-t-il de son autre ? Dans les profondeurs, les cris redoublent de violence ; ce ne sont plus que des borborygmes, des paroles déchiquetées et des hurlements. Dans sa main, la lame semble peser soudain bien lourd ; ses doigts s’écartent ; la lame tombe sur le sol humide et se brise dans un bruit cristallin. Étonné, il contemple l’objet ainsi disloqué, réduit à l’état de particules presque élémentaires. Dans la ruelle, les voix se sont tues ; ne demeurent que les ombres dont les yeux scintillent au fond de l’abîme. Un instant, il hésite, puis se ravise. La figure tournée vers le golem à face humaine, il hoche la tête, presque navré, puis le suit sans mot dire.
Les jambes repliées, les coudes posés sur les genoux, il scrute l’obscurité, seulement transpercé des rougeoiements de l’extrémité de sa cigarette. Lentement, il aspire la fumée dont les volutes se mélangent et s’échangent à la surface de ses alvéoles ; oxygène contre carbone ; THC contre volupté. Les yeux plongés dans l’obscurité, il croit contempler l’éternité. Étendue sur le lit, Saejin s’est recroquevillée, semblable au fœtus dans sa matrice.
— À quoi rêves-tu ? murmure-t-il dans la nuit.
Sur les murs, des enceintes, encore et toujours des enceintes. Elles s’alignent, enfermant en leur sein ce qui fut un jour l’une des choses les plus sacrées de l’humanité, désormais la plus précieuse, la plus coûteuse aussi. Sur les cadrans s’alignent des chiffres, anonyme ; température, taux d’acide carbonique, de dioxygène.
— Les voici, monsieur Defrosse. Bien sûr, il nous est formellement interdit de pénétrer dans la salle, à moins de revêtir les tenues adéquates et de disposer des accréditations nécessaires ; seul le personnel habilité a accès à ces salles.
Du bout de l’index, elle pointe une serrure biométrique qui ferait pâlir d’envie le plus chevronné des agents des renseignements intérieurs. Par le hublot de la porte blindée, il croit apercevoir une ombre marcher.
— Nous disposons ainsi de combinaisons semblables à celles en usage dans les laboratoires de haut confinement microbiologique de type P4. Dois-je vous rappeler les conséquences désastreuses de l’attentat de 38 ?
Max secoue la tête, la chose est inutile et les chiffres tournent dans son esprit ; un cas d’école en matière de bioterrorisme et plus de deux mille embryons contaminés et tout autant de fœtus… tous incinérés.
— Souvenez-vous que personne n’avait rien relevé jusqu’à la fin du deuxième trimestre de développement ! Un seul technicien contaminé et toute notre production fut anéantie.
Max relève le lapsus, mais ne dit rien ; le regard toujours tourné vers le hublot en verre blindé. Il n’avait que 17 ans, pourtant il en avait été meurtri jusque dans sa chair, aussi bien que l’eût fait un fer porté au rouge. D’un geste furtif, il regarde son bras et la longue cicatrice qui court depuis la moitié de sa main jusqu’à l’épaule. Il avait de la chance, le souffle l’avait projeté contre une borne publicitaire tandis que la pointe métallique lui labourait les chairs ; en fait les restes d’un banc déchiqueté par l’explosion. D’autres en avaient eu moins, comme il l’avait découvert par la suite.
— Quand avons-nous cessé d’être des humains pour devenir matière primaire ?
Dans l’obscurité de la chambre, ses mots se perdent dans les ténèbres. Désolé, il aspire une nouvelle bouffée tandis que le mélange grésille puis charbonne. Indécis, il contemple son mégot éteint, puis le dépose dans une tasse de café vide.
En face, celui que l’on surnommait Fantôm’hack le regarde toujours. Ses cheveux hirsutes, balancés à la hâte dans sa nuque, lui donnent des allures de hippie sur le retour. Dans la paume de sa main droite, l’encre noire d’un tatouage dessine les méandres d’une figure inconnue. Négligent, il joue avec le clapet de son Zippo qui claque dans un bruit désagréable.
— Vous avez sans doute raison. Sans doute allons-nous bien nous entendre, ou bien non, balance Maximilien ; son mégot entre les doigts.
— Pourquoi non ? lui rétorque l’autre, les lèvres toujours étirées en ce sourire si singulier.
— Je ne sais pas. Peut-être que…
Mais il n’achève pas sa phrase, ses idées se perdent dans les noirceurs de ses souvenirs enfouis.
— Peut-être parce que tu sais…
Les paroles de l’homme flottent, comme si jamais elles ne devaient s’achever.
— Oui, je sais des choses, j’ai vu des choses, des choses qui devaient demeurer dans les ténèbres.
— Mais tu as vu, Maximilien Defrosse. Tu as vu, comme moi j’ai vu !
— Oui… j’ai vu.
Dans son regard, les images s’évanouissent, ne restent que les impressions, les sensations, les émotions.
Possède-t-elle seulement un nom, ou n’est-elle comme les autres qu’un simple numéro, une matière dépourvue de chair ?
— Un homme un jour m’a trouvé et c’est lui qui m’a baptisé, soupire une voix rauque dans les ténèbres. Il m’a trouvé et il m’a regardé, il m’a regardé et il a murmuré, alors j’ai accepté.
Les yeux grands ouverts, les rayons de lune frappent ses rétines qui scintillent dans la nuit. Presque blafarde, elle est pareille à une poupée d’ivoire dont la main se tend vers le visage teinté de mélancolie de son amant.
— J’étais…
Mais sa voix se perd, ses paroles s’épuisent, ses souvenirs agonisent ; elle secoue la tête.
— Sans doute ai-je eu plus de chance que d’autres, soupire-t-elle.
Poussière, tout n’est plus que poussière, poussière et ténèbres au milieu desquels gisent les corps sans vie ; calcinés pour certains, déchiquetés pour d’autres. Un masque sur la figure, il s’approche d’une femme dont la tête a été soufflée par l’explosion. À l’aide d’une pince, il se saisit d’une écharde fichée à la base de la blessure et la dépose dans un sachet, puis le temps à l’un des techniciens en combinaison de cosmonaute. Derrière son hublot, il aperçoit une figure qui approuve ; un instant leurs regards se croisent puis s’éloignent ; il se détourne du macabre spectacle. La main dans une poche, il en tire un minuscule appareil qu’il fixe sur la monture de ses lunettes ; des noms défilent, des âges, des visages, rendant un semblant de vie à la station désolée. Sur le mur, un mot a été barbouillé, comme pour narguer ceux-là mêmes qui sont censés les traquer. Bombé sur la faïence, il a pris tout son temps, malgré l’apparente hâte avec laquelle il a été tracé.
— Encore, commissaire ? semble lui murmurer l’homme à côté de lui.
Il hoche la tête en signe d’approbation ; quelque chose lui échappe et cela le tourmente. Du bout des doigts, il en explore la surface. L’index posé sur ses lèvres, il en goûte la saveur ; goût de métal et d’aldéhydes. Il aperçoit des formes qui s’enfuient tandis que ses yeux s’étrécissent ; il devine leurs visages, les intentions qui les animent, la croyance qui les consume. Pourtant, il perçoit le vide qui se cache derrière, un secret dont ils n’ont pas conscience ; tout n’est que mise en scène et artifice. À sa gauche, l’homme demeure impassible tandis que les silhouettes blanches s’affairent autour des gisants.
— Nous n’avons plus rien à faire ici, Ajok. Allons-nous en !
Plongé dans la ténèbre, Max n’ose la regarder, encore moins lui avouer la vérité.
— À quoi penses-tu ? murmure-t-elle penchée sur lui, les bras autour de son torse, la tête tournée vers l’obscure fenêtre.
L’homme tire sur son mégot et de nouveau s’élève la fumée bleutée saturée de THC. Au travers de la brume hallucinée, il les aperçoit au regard hagard, à la démarche d’automate, la peau blanchie sous les effets des flashs stroboscopiques.
— Où les avez-vous retrouvées ? l’interroge-t-il.
Les yeux perçants, il n’a pas détaché le mégot de ses lèvres qui s’étirent en un mince sourire.
— Là où nous n’aurions pas dû nous rendre, Maximilien Defrosse.
D’un geste négligent, il balance une épaisse pochette d’où s’échappent plusieurs clichés de papier glacé.
— Israël ?
En face de lui, l’homme acquiesce.
— Désert du Sinaï, ou du moins ce qu’il en reste.
Sur les images, des corps figés, jetés à la hâte contre les renforts d’un mur vermoulu. Empilés les uns sur les autres, ils ressemblent à de vieilles poupées abandonnées dont les paupières grandes ouvertes laissent paraître des yeux blancs et sans éclat.
— Nous avions un mandat d’Interpol, notre mission était des plus simples : démantelé un réseau de trafiquants reconverti dans la GPA ; ils blanchissaient ainsi la filaire afghane d’héroïne en passant par l’Inde. Là-bas, ils rachetaient les filles non désirées aux familles, avec la bénédiction du gouvernement indien qui voyait par là un excellent moyen de faire des économies sur le budget de la santé. Ensuite, elles étaient expédiées en Syrio-Palestine, en passant par l’empire iranien avec la complicité du président fantoche de la République pakistanaise. Savais-tu que la religion juive avait permis l’expansion d’une industrie biogénétique humaine de pointe, contrairement à d’autres territoires ?
La tête toujours penchée sur les clichés, Max hoche la tête en signe de dénégation.
— C’est ainsi, la théologie juive n’accorde aucun statut particulier à l’embryon jusqu’au quarantième jour ; sans compter les pressions exercées par les juifs ultraorthodoxes dont la devise se résumait à « croître et multiplier ».
Sur les clichés, les visages défilent ; Max lève les yeux et croise le regard de son interlocuteur.
— Après, il y a eu l’explosion ; l’explosion et ça ! crache-t-il l’index pointé vers les cadavres alignés. Au moins, elles, auront-elles droit à une sépulture décente, non comme ces malheureuses qui ont fini enfouies dans les sables d’un désert vitrifié.
Son sourire a disparu et sa mâchoire se crispe ; la main agrippée à l’accoudoir.
— Ces salopards avaient fourré un pain de plastic dans le sexe de l’une de leurs esclaves. J’étais avec mon supérieur et nous nous étions réfugiés dans une armoire avec un matelas. L’explosion nous avait projetés comme de vulgaires fétus de paille et lorsque nous nous sommes relevés, le mur avait été soufflé par la déflagration… c’est là que nous les avons découvertes.
Dans ses yeux se reflètent la colère, la peine, le chagrin.
— Et toi, Maximilien Defrosse ?
Le corps de Saejin contre lui, il frissonne. Un instant, il croit contemplé le gouffre qui, un jour, s’est ouvert sous ses pieds et depuis jamais refermé.
— Je vois le passé, un grand couloir. Je me suis égaré. Personne ne m’a retenu ; tout était transparent dans ces lieux, même les gens… Nous n’avons rien à cacher, nous pouvons tout vous montrer… tout ce que nous désirons vous montrer. Je demandais, l’on m’exauçait. Il fallait tout nous montrer, tout nous montrer pour mieux nous murmurer : vous pouvez avoir confiance.
La nausée le prend au dépourvu, son corps convulse. À genoux, une main posée sur le sol en linoléum gris, il éructe et éjecte une boule amère d’où émerge bientôt une myriade d’insectes.
— Est-ce que tu les vois ? ronronne une voix à son oreille.
Mais Max ne réagit pas, fasciné autant qu’horrifié par le spectacle, il ne peut en détacher son regard.
— Est-ce que tu les vois ? reprend-elle. Ils sont le symbole de la culpabilité qui te ronge les entrailles Max.
Du brouillard, une main se détache et plonge dans la masse grouillante.
— Max !
Le ton n’est plus le même ; il est impétueux, impérieux, jaillit des entrailles. L’air lui manque et le froid le tétanise.
— … vu ?
— Je… je… j’ai vu l’impensable, hoquette-t-il.
Les yeux exorbités, il demeure agenouillé. Les insectes ont disparu, à la place une ombre se dessine sur le sol et une main se tend. Hébété, il s’en saisit sans comprendre, tandis qu’avec une force peu commune quelqu’un le hisse. Comme émergeant d’un brouillard, il devine la face sombre d’Achille Brévin, alias Fantôm’hack. Ses lèvres bougent, il lui tend quelque chose ; un minuscule cachet de la taille d’une tête d’épingle.
— Prends ! lui intime-t-il.
Un rire cristallin éclate derrière lui. Mais c’est un rire amer, un rire qui n’en est pas un. Puis, il les sent sur son épaule, douce, tiède ; des larmes qui ruissellent.
— Montrer juste ce qu’il était nécessaire afin de taire les secrets. Devancer les questions, pour mieux endormir l’attention.
Il serre les dents, puis le poing ; il voudrait frapper le monde, frapper la terre, frapper l’âme humaine ; des lèvres se pressent sur les siennes et de ses yeux s’échappent des larmes trop longtemps contenues.
— Regarde-moi, Max ! lui ordonne-t-elle d’une voix douce et lointaine.
Mais ses yeux refusent de s’ouvrir ; trop de colère, trop de peine, trop de tristesse emplissent son cœur.
— Je… je… je ne peux pas, glapit-il, les mâchoires serrées.
— Pourquoi ?
— Parce que tu es un non-être et que je t’aime… sanglote-t-il, les mains nouées dans les draps.
— Cependant, ce sentiment n’est-il pas la plus grande preuve que je suis humaine ? lui susurre-t-elle.
Recroquevillé sur lui-même, Max tremble de tout son être.
— Qui sont ces femmes ? demande-t-il soudain comme il aperçoit une procession de silhouettes au fond d’un couloir.De
Il lui semble apercevoir comme une lueur fugitive dans l’œil de son interlocutrice qui, pourtant, ne se départit pas de son sourire.
— De futures collaboratrices. Elles viennent en ces lieux se former. Elles demeureront sur notre site pendant trois semaines, puis elles retourneront en Corée réunifiée. Voyez-vous, nous n’avons pas à rougir de notre savoir-faire, puisque nous l’exportons. Nous fabriquons sans doute nos futurs adversaires, mais cela nous oblige en retour à devenir toujours meilleur. Après tout, un taux de réussite de 75 % n’est pas hors de notre portée.
De nouveau ses lèvres s’étirent et dévoilent ses dents de carnassières.
— Vous avez raison, cela crée une saine émulation, murmure-t-il, malgré ses doutes.
* : Catharsis
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