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– Jour du Métal -

Deux de mes plus proches camarades de classe, le Chevalier des Axes et le Marquis de Prelopses, m'ont proposé de me joindre demain à une petite expédition nocturne tout à fait illicite.

D' après Des Axes, il s'agirait d'une sorte d'épreuve initiatique clandestine, une tradition connue seulement de certains élèves.

Elle consiste en une violation caractérisée du règlement de l'école. Il nous faudra en effet sortir nuitamment de nos chambres, ce deux bonnes heures après l'extinction des feux, lorsque les surveillants nous croiront endormis. Nous rendrons alors discrètement jusqu'aux quartiers des domestiques. Plus précisément derrière les thermes réservés à l'usage des servantes. Nous pourrons les y espionner tandis qu'elles se laveront car c'est à cette heure que nombre d'entre elles terminent leur service.

Il est bien entendu qu'une telle aventure n'est pas sans danger: le frère aîné du chevalier, qui étudie à présent la Magie avancée dans les classes supérieures, aurait d'après lui tenté cette expérience avec son compagnon de chambrée lorsqu'il avait à peu près notre âge. Ne parvenant pas à trouver les portes de service, ils eurent l'imprudence de passer par les grands escaliers, et croisèrent au retour la route d'un gardien de nuit.

Aussi avons-nous connaissance du châtiment auquel nous nous exposons en cas de prise en flagrant délit: passer le reste de la nuit au piquet, être convoqués au matin chez le directeur qui, après un long et pénible sermon, nous administrerait cent coups de martinet à chacun, auxquels serait encore ajouté un mois de retenue. Cependant, notre devancier lui a assuré que le jeu en valait la chandelle et qu'il avait ainsi pu passer les heures de punition à songer aux formes magnifiques qu'il avait contemplées.

Mon ami le Marquis est on ne peut plus enthousiasmé par ce projet et le Chevalier brûle pour sa part de réitérer l'exploit de son aîné. Je suis pour ma part plus circonspect: Je n'ai nulle envie que Mère soit prévenue que je me compromets dans de telles aventures; mais je ne veux point non plus passer pour un pleutre. Aussi irai-je tout de même, en prenant toutefois le soin de bien préparer la chose afin de ne point nous faire prendre.

Je dus premièrement vaincre les réticences de Coué: non que le fait d'aller espionner le bain des femmes de chambre le rebuta, mais il craint fort le bâton pour sa part. Il me fallut arguer que me laisser sortir seul, sans surveillance ni protection, ne lui vaudrait pas moins d'ennuis - qui ne seraient de surcroit compensés par aucune observation d'intérêt. Et que, bien sûr, me dénoncer me mettrait en fort mauvaises dispositions à son endroit. Il me jura n'avoir nulle intention de me trahir et consentit finalement à me suivre, bien que, me dit-il, il eut déjà eu l'occasion d'observer semblables ablutions.

Nous aurons donc l'avantage de disposer d'un guide au fait des petites entrées.