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Le Journal d'Apodioxe de Réverdi, Archiduc d'Ecphrasis
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tome 1, Chapitre 30 « Le 7e jour du mois de l'Enfant-Lune de l'an 41 21 » tome 1, Chapitre 30

– Jour du Soleil -

Je suis arrivée à Ecphrasis hier, pour les vacances de l'équinoxe d'automne.

Mère y était seule: elle m'a dit que Père désirait passer quelques jours dans son pavillon de chasse de Vaudeville avec Astéisme avant de nous rejoindre. Cette nouvelle m'a réjoui au début, car je me sens bien plus à mon aise loin du regard sévère de mon souverain et Père, mais depuis ce matin je commence à déplorer son absence et surtout celle de mon frère. J'espérai en effet partir en promenade avec Mère car il y a fort longtemps que nous n'avons sh'levauché ensemble, mais elle m'a appris qu'elle attendait de la visite.

De fait, Monsieur le Marquis de Tercet est venu prendre le thé à dix heures et demie et je ne crois pas qu'il soit reparti depuis, bien qu'il fasse nuit, à présent.

S'il m'a semblé au premier abord un gentilhomme aimable – il m'a fait présent d'un roman fort distrayant – il m'a ensuite déplu au plus au point par ses manières: je n'aime pas sa façon de regarder Mère, qui m'apparait tout à fait malsaine.

Il est par ailleurs fort mal élevé car il s'est plusieurs fois penché sur elle pour murmure à son oreille et il était alors bien trop près d'elle. L'étiquette impose en effet que l'on garde une distance respectueuse d'avec les personnes de haut rang, surtout lorsqu'elles sont de sexe opposé. Nous avons justement étudié ce sujet lors de nos cours de bonnes manières au trimestre dernier et j'avais fort envie de lui réciter mes leçons.

Cependant, comme Mère a semblé ne pas le remarquer, je n'ai rien osé dire. J'ai craint qu'une réflexion un peu trop osée ne la contrarie, car elle m'a dit que ce monsieur est son ami et m'a recommandé d'être bien sage en sa présence. Je n'ai toutefois pas eu longtemps l'occasion de faire démonstration de MA bonne éducation, car après le thé, Mère a demandé à un lieutenant de sa garde de m'entrainer à l'escrime jusqu'au déjeuner.

Et après le repas, elle et le marquis de Tercet sont partis en promenade dans les jardins, tandis que je devais rester à la bibliothèque car Mère m'a trouvé fatigué et amaigri par ces longs mois passés à étudier – bien que je lui ai assuré que je n'ai point perdu de poids et qu'au contraire mes uniformes commencent à être un peu serrés aux entournures.

Mais comme me l'a dit Coué, c'est le propre des mères que de s'inquiéter à l'excès (même s'il ne me l'a pas dit tout à fait en ces mots, bien sûr).


Texte publié par Leliel, 12 janvier 2018 à 17h34
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