- Jour du Bois -

Mon ami le Marquis de Prelopses a manqué de prudence cet après-midi: il voulut me faire passer un billet durant le cours d'étiquette de Monsieur Déixis et, malheureusement pour lui, s'est fait prendre, ou plutôt pincer comme l'on dit ici.

Or Monsieur Déixis est particulièrement pointilleux sur la discipline – comme il sied à un professeur qui enseigne les bonnes manières, je suppose - et il a la réputation d'administrer des châtiments très sévères – d'aucun prétendent même qu'il prendrait un plaisir certain à le faire. Aussi ne se contente-t-il hélas jamais de donner de simples avertissements ou bien des lignes à copier en guise de punition.

Mon pauvre ami a donc été fouetté sur le bureau à coups de baguette. Cela devait être terriblement embarrassant – en plus d'être très douloureux bien-sûr.

Alors que nous étions avant ce triste spectacle tous un peu dissipés, peut-être à cause de la grande quantité de neige qui était tombée durant la matinée, nous fûmes ensuite très sages et silencieux.

On n'entendait plus que la craie du professeur crisser sur l'ardoise et les sanglots que notre infortuné camarade étouffait depuis le coin de la salle où il resta consigné durant tout le reste de la leçon.

Je lui aurais volontiers jeté un sort de soin, mais cela m'aurait alors exposé à connaître le même sort, et il aurait quant à lui vu sa peine doublée. Ce sont les règles de cette école. Il valait donc mieux pour nous deux que je m'en abstinsse.

En revanche, je vais de toute urgence lui faire savoir face à quels professeurs il faut se montrer irréprochable et avec quels autres on peut se permettre sans trop de danger de se laisser aller à quelques fantaisies.