- Jour de la Terre -

Je suis rentré à Ecphrasis pour les fêtes du solstice.

C'est étrange : je ne suis parti que depuis quelques mois et pourtant j'ai l'impression que cette absence a duré des années. C'est un peu comme si durant ce trimestre j'avais vécu dans un autre monde.

J'ai étreint Mère dès ma descente du carrosse – d'ailleurs, Père, qui hélas était déjà là, m'a reproché mon manque de tenue. J'ai craint un instant qu'il ne me corrige, mais il m'a seulement toisé avec tant de mépris que j'aurais aimé connaître un sort qui m'aurait permis de rapetisser jusqu'à n'être pas plus gros qu'un insecte. J'ai le sentiment que je ne vaux de toute façon guère plus à ses yeux.

Mère m'a demandé de lui raconter mon séjour à l'académie royale devant une tasse de thé. Comme Père et Astéisme étaient avec nous, j'ai un peu hésité au début, mais j'ai tout de même pu le dépeindre assez fidèlement, je crois. En tout cas, Père n'a pas semblé fâché, pour une fois. A ma grande surprise, c'est en fait Mère qui l'était un peu. Lorsque nous nous sommes retrouvés en tête à tête après le thé, elle m'a conté combien je lui avais manqué et m'a dit sa surprise de me voir si heureux de ma vie loin d'elle. Alors j'ai dû mentir un peu en lui assurant que je n'avais pas cessé de penser à elle un seul instant et que je ne m'étais montré enthousiaste que pour entrer dans les bonnes grâces de Père.

Cela l'a apaisée, je crois, mais j'ai mauvaise conscience d'avoir dû la tromper.