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Le Journal d'Apodioxe de Réverdi, Archiduc d'Ecphrasis
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tome 1, Chapitre 18 « Le 28e jour du mois d'Asroth 41 214 » tome 1, Chapitre 18

- Jour du Soleil -

Aujourd'hui, nous avons effectué des manœuvres militaires dans la cour de l'académie.

Depuis le début de l'année, mes camarades de classe et moi apprenons à bien marcher au pas ensemble durant deux heures chaque matin du jour de la Terre. Et ce matin, pour la première fois, nous avons répété cet exercice avec tous les autres élèves de l'école.

Le principe en est en fait assez simple: Il s'agit en fait d'avancer tous ensemble de façon harmonieuse en suivant les indications que nous donne un professeur. Cependant, ce n'est pas chose aussi aisée qu'il peut le sembler. Il ne faut aller ni trop vite, ni trop lentement, et surtout être tout à fait synchronisé avec ses camarades, mais sans regarder ses jambes, car il faut aussi se tenir très droit, la tête haute. Et il faut aussi garder sa queue immobile, ce qui en soi demande beaucoup de concentration.

Il ne faut surtout pas se tromper de direction lorsque les ordres sont de tourner –non que j'aie commis une erreur aussi stupide, mais lors des manœuvres d'aujourd'hui, deux membres de notre classe sont partis vers la gauche quand le commandement était d'aller à droite, si bien que nous avons dû tout recommencer du début. Différencier sa droite de sa gauche n'est pourtant pas bien sorcier...

Le rythme à adopter pour tourner, en revanche, est en lui-même assez difficile parce qu'il faut que les élèves se trouvant à l'intérieur de l'angle que l'on marque ralentissent tandis que ceux qui sont à l'extérieur gardent la même vitesse. Il ne faut cependant point que le groupe ne se tasse de façon inesthétique ni qu'il ne perde le pas. Je pense qu'il faudra beaucoup de pratique à ma classe avant d'y parvenir correctement. On m'a expliqué que ces manœuvres sont répétées chaque vingt-huitième jour du mois au matin, et qu'avant la fin de l'année nous devrons être capables d'effectuer parfaitement le tour de la cour.

Les élèves des classes supérieures, eux, doivent exécuter des manœuvres bien plus complexes. Leurs groupes doivent se réunir, se séparer à nouveau et même se croiser sans qu'ils ne se heurtent. Cela doit sûrement être très ardu à réaliser, mais à regarder c'est vraiment très joli.

D'ailleurs, je me suis rendu compte à cette occasion qu'en fait l'uniforme de l'école n'est pas si laid, en définitive. Ainsi porté, il m'a semblé qu'il tient plus d'une tenue militaire que de la livrée de domestiques. D'ailleurs, l'étoffe rubis de la veste et de la culotte ainsi que les boutons et le galon dorés qui ornent notre habit rappellent tout à fait celui de la Garde Royale, bien que le leur soit de couleurs plus éclatantes. Ce n'est sans doute pas un hasard, puisque l'académie est sous la tutelle de Père.

Aujourd'hui, cet uniforme m'a presque donné l'impression d'être un soldat du roi à la veille d'une grande bataille. Donc en fait, même si ces manœuvres étaient un peu ennuyeuses à la longue, elles étaient d'une certaine façon assez amusantes aussi. Je n'avais jusqu'à présent eu pour camarade de jeu que mon frère – encore est-il assez rare que nous puissions passer du temps ensemble- et je dois dire que participer à un tel exercice collectif est très stimulant.

Même si Mère me manque toujours, bien sûr.


Texte publié par Leliel, 6 avril 2017 à 22h05
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