Les sorts fusaient, les corps se mouvaient pour les éviter. Tenter de les éviter. Les bousculades étaient fréquentes, dangereuses aussi. Un gêneur pouvait être obstacle entre vous et la survie. Entre vous et l’avenir. Remus lançait des sorts, enchaînant parades et attaques avec le plus de fluidité possible, tentant à la fois de se protéger, d’attaquer et de garder un œil sur sa femme. Nymphadora Lupin, l’amour de sa vie, la mère de son enfant. Remus dut se reconcentrer sur son combat contre le mangemort en face de lui suite à un sort qui ne l’avait raté que d’un cheveu.

Il lança un Stupéfix qui le débarrassa enfin de son adversaire. Il haletait, regardait autour de lui. Il avait perdu Nymphadora de vue. Son regard angoissé scruta les robes noires et habits de couleur morne. Seul le rose lui permettrait de retourner à la bataille. Le rose bonbon qu’il connaissait si bien pour l’avoir si souvent contemplé, alors qu’il tenait sa femme contre lui. Il vit le rose, s’autorisa un soupir de soulagement avant de le voir projeter en arrière et disparaître entre les capes noires. Il entendit un hurlement, ne comprit pas que c’était le sien. La terreur lui enserrait le cœur, ses jambes vacillaient malgré sa course vers la couleur disparue. Il fit alors quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis bien des années. Il pria. Il ne savait pas qui, sa prière s’adressait à toutes les forces divines pouvant l’écouter. Sa femme ne devait pas mourir. Ne pouvait pas mourir. Sinon son cœur et son esprit la suivrait.

Il atteignit la tâche de couleur, s’agenouilla et la prit dans ses bras, les larmes dévalant ses joues. Il savait qu’elle était morte. Il le sentait dans son cœur, le voyait dans sa poitrine immobile, dans son regard vide. Un hurlement plus puissant encore que le précédent jaillit de sa gorge, un hurlement de désespoir et de douleur infinie. Son cœur sombra, son esprit brûla de rejoindre la femme qu’il aimait. Sa femme était morte, un énième proche était perdu au-delà de la frontière universelle de vie et de mort. Son cœur sombra, son esprit fut submergé par la douleur pourtant une lueur subsistait dans les ténèbres de son esprit, son fils vivait toujours. Mais quel avenir aurait-il avec un loup-garou comme père ? Lui, Remus Lupin, aurait-il l’égoïsme de faire porter ce fardeau sur les épaules de son enfant ? De le condamner à avoir un monstre comme père ?

Le désespoir et la douleur tournoyaient dans son esprit, étouffant la lueur que représentait son fils pour lui. Quel fils n’aurait pas honte de son père s’il était loup-garou ? Puis il entendit un autre cri. Un cri de peur, formé par une voix connue. A contrecœur, parce qu’il revenait à la réalité de la bataille, il releva la tête en direction de ce cri. Il s’étonna un bref instant d’être toujours en vie malgré son absence de réaction, quelles qu’elles soient. Puis il vit Hermione et Ron se battre contre un mangemort. Dolohov. Hermione se fit désarmée et poussa un cri de détresse. Remus lut toute l’angoisse du monde dans les yeux de Ron. Alors il reposa Nymphadora à terre, tendrement, se leva et courut vers eux. Il entendit les premières syllabes du sort mortel. Il savait qu’il n’aurait pas le temps de pousser Hermione hors du chemin du sort. Celle-ci semblait être statufiée et Ron était aux prises avec un mangemort qui venait de surgir d’un couloir parallèle. Remus était le seul espoir d’Hermione. Il le savait, il en profita pour se donner une excuse. Son fils serait aimé avec eux comme famille. C’était tout ce que souhaitait Remus et, bien que son regret de ne pas pouvoir voir grandir son fils fût fort, il ne s’arrêta pas et se jeta sur la trajectoire de l’Avada Kedavra.

Avant que le sort ne le touche, ses lèvres formèrent un dernier sourire et son esprit un dernier prénom. Nymphadora.