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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

En arrivant, le jeune homme déverrouilla la porte et se précipita à l'étage avant de s'enfermer dans sa chambre. Je suis un imbécile. C’est pas possible d’être aussi con. En paniquant, il avait donné à son ennemi le prétexte parfait pour se ficher de lui. Pourquoi était-il né avec un aussi mauvais caractère ? Et autant de nervosité ? Qu'il fallait être bête pour lui tendre la perche comme ça. Il ne voulait plus voir personne, il voulait juste passer ses vacances enfermé devant internet et oublier. Oublier tout ce fiasco, oublier ses obligations et ce foutu mariage. Quelques minutes plus tard, il entendit sa porte grincer. Il se retourna en un sursaut. Le long bras de Dany était dans sa chambre et secouait un grand sac en plastique noir.

« C'est une offrande pour le grand Dieu Vishnu.

— Qu'est-ce que tu fiches encore ?

— Je viens en paix, » murmura-t-il en poussant le battant de bois clair.

Il secoua une deuxième fois le grand sac, avant de le poser à terre et de commencer à farfouiller dedans, encore sur le seuil.

« Quel putain de rapport avec Vishnu ?

— Tu connais pas la blague ? Brama la guerre et...

— Vishnu la paix. Oui ben elle plus vieille que toi celle-là. Je ne te connaissais pas une passion pour les antiquités.

— Waouh. C'est le mieux que tu puisses faire ? Je suis déçu.

— D'ailleurs si tu pouvais me la foutre, la paix, ce serait pas plus mal...

— Attends, attends, j'ai des trucs à proposer. Et si ça te va pas, je te laisse me mettre dehors, ok ? »

Le garçon leva les yeux au ciel mais lui fit tout de même signe de continuer. L'autre sortit une épaisse pochette qui contenait visiblement des disques. Elle semblait très lourde et au bord de l’explosion. Il y avait parfois deux voire trois Blu-ray dans un même emplacement.

« Tous mes jeux sont là. Tous. Je te dis pas comme j'ai galéré pour tout faire rentrer.

— Oh ça se voit.

— Et comme je ne savais pas ce que tu avais ici... Tadam ! »

Il venait de sortir un pavé couvert de mousse, qui était visiblement sa console, sous cette épaisse couche protectrice. Il la déposa délicatement sur le sol, avant de ressortir une seconde pochette, elle aussi remplie à ras-bord.

« J'ai aussi des films, pleins de films. Et aussi... Attends, il est un peu lourd. »

Il déposa sur sa tête un épais demi casque en plastique blanc, qui lui donna d'un coup l'air d'un mélange raté entre un cyborg et un stormtrooper. Alex n'en croyait pas ses yeux :

« Sans déconner ?

— Yep, c’est le nouveau, édition limitée en blanc mat. Parce que quitte à se couper un bras, autant que ça ait la classe.

— Qui l'eut cru. Dany, le grand Dany, est en fait un gros nerd.

— C'est absolument faux. »

La fin de l'après-midi se déroula dans une bien meilleure ambiance que son début. Contre toute attente, elle fut même plutôt distrayante. Ils manquèrent de détruire les quelques vases du salon en une seule séance de VR. Voulant limiter la casse, ils décidèrent d'un commun accord de se rasseoir sur le canapé et de se mettre à une activité plus traditionnelle. Dany avait très peu de jeux de course, ils passèrent donc les heures qui suivirent à se taper dessus par personnages interposés. Le propriétaire de la console passa d'ailleurs les premières parties presque debout sur le cuir blanc, à crier sa frustration. Il se faisait battre à plate couture sur les versus par équipe de Soul Ca. Alex n'avait pas concédé une seule victoire, à la grande joie de ce dernier.

« T’as cru que ce serait facile, pas vrai ?

— Tu joues combien d'heures pour être si fort ? Tu dois y passer tes nuits, c'est pas possible ! »

Ne voulant pas avouer qu'il n'avait presque pas d'amis, il secoua la tête :

« Pas vraiment, non.

— Alors tu dois avoir du talent pour ce genre de trucs. Tu fais des compétitions ?

— Manquerait plus que ça. Tu me vois annoncer à ma mère “hey, je suis champion de Street Fighter ! Ouééé !” Je me ferais pulvériser. »

L’autre manqua de s’étouffer dans son Coca. Alex se retrouva, presque malgré lui, à apprendre au nouveau venu quelques astuces. Le duo passa ensuite au peigne fin tous les modes possibles, bidouillant le menu des options pour se retrouver avec des chronos ou des challenges complètement absurdes. La maison fut emplie de rires et de cris, de manettes volantes et de papiers de bonbons. C'était une bien étrange ambiance qui planait sur le salon. Le passé et le futur s'étaient dissous durant quelques heures et Alex trouva même réconfortant de percevoir une quelconque humanité derrière son tortionnaire, avec l'espoir fébrile que peut-être il le défendrait face à ses amis, la prochaine fois que l'un d'entre eux déborderait un peu trop.

… Ou peut-être qu'il ne le ferait pas. Peut-être que c’était juste une illusion. Durant une paire de secondes, il scruta avec attention le jeune visage, ses grands yeux, ce nez trop parfait caché par les mèches blondes et aussi ce sourire qu'il haïssait, qui le rendait plus aimable aux yeux du monde qu'il ne l'était vraiment. Une nouvelle crainte s'empara de lui. Et si sa mère se mettait à l'aimer ? Et si elle se laissait avoir et fermait les yeux sur ce que Dany avait fait ? Et si elle prenait son propre fils pour un menteur ? Et si à cause de ça, il parvenait à lui rendre la vie impossible ici aussi ?

Stop ! Tu te fais peur tout seul. Arrête !

L'autre s'affaissa dans le canapé. Ils avaient épuisé leurs possibilités sur ce jeu là.

« Tu veux qu'on se fasse un film ? Il n’est même pas sept heures. J'ai emporté du pop-corn. »

Il agita sous son nez un des paquets micro-ondables, qu'il avait sorti de son sac.

« Pourquoi tu fais tout ça ? Tu n'étais pas obligé.

— C'est les vacances.

— Je croyais que tu me détestais. »

Il y eut d'un coup un grand silence entre les deux, comme si le fossé s'était creusé à nouveau.

« Non. Noooon... C'est juste... Hum… »

Voyons voir comment tu vas te sortir de celle-là.

« Je n'ai rien contre toi en particulier. C'est des moqueries de lycée. Ca n'est pas vraiment méchant.

— Oh ? » Interrompit Alex, ses yeux menaçant de sortir de meurs orbites. « Oh ce n'est pas méchant ? Pas méchant ? Voler mes affaires et m’insulter ce n’est pas méchant ?

— On te l’a rendue. Tout le monde fait ça avec tout le monde. Dorian m'appelle bien le débile et...

— Ca n'est pas pareil ! Et en quoi ça justifie quoi que ce soit ? »

Cet idiot le regardait d’un air perplexe, comme si ce qu’il disait n’avait pas de sens. Pourtant il savait qu’il n’était pas fou. Ce n’était pas juste ce qu’ils faisaient… Comment ne pouvait-il pas voir une chose aussi simple ?

« Ne le prends pas comme ça, on n’a jamais fait de mal à personne.

— Tu te fous de ma gueule ? Après toutes les saloperies que vous m’avez fait subir ! Après toutes… »

Il fulminait, bouillonnait, ses tempes battaient à nouveau. Je te hais. Je te hais.

« C’est un peu normal que les mecs ils te taquinent, tu crains quand même. »

Malgré ses lunettes, sa vision se voilà et le lycéen cru un instant que son cœur avait arrêté de battre.

« Enfin c’est pas de ma faute si t’es pas vraiment euh… Tu sais… Très normal. Mais je t’ai défendu quand Hugo a dit que t’étais taré. »

Dany s’arrêta net dans sa tirade. Le garçon s’était levé, les traits comme figés, les yeux crispés sur un horizon invisible. Ce n’était même plus la douleur qui le tiraillait, il ne sentait plus rien, il ne respirait plus. La manette de jeu lui glissa des doigts et rebondit sur le moelleux du canapé. Ses pieds se mirent en route mécaniquement, il tourna le dos au salon et se dirigea vers la porte. Quelque part, il savait que ça n’allait pas. Que ça n’allait pas du tout.

« Alex ? »

Il posa sa main doucement sur la poignée. Ppeut-être que respirer dehors…

« Alex ? »

Il sentit qu’on l’attrapait par l’épaule. Cet acte, aussi insignifiant que tranquille, l’emplit d’un coup d’une fureur inouïe. Avant même qu’il n’ait compris quoi que ce soit, il vit cette armoire à glace aux cheveux blond&s tituber vers l’arrière, tenant son nez fermement entre ses deux paumes. Son propre poing était tout endolori.

Je… Je l’ai frappé ?

La colère était maintenant brûlante dans le regard en face de lui. Ils se fixaient comme deux bêtes sauvages. Ce gars pouvait prŒbablement le dém0lir juste en lui soufflant dessus et il n’eut jamais autant conscience de sa chétivité que lorsque Dany, les dents serrées, se mit à courir vers lui avant de le tacler contre le mur, une main posée sur le bas de sa gorge. Al& plissa les yeux en détournant la 1tête, persuadé qu’il allait recevoir un coup1[


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Texte publié par Yon, 29 octobre 2016 à 10h18
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