«

»

Note de l'auteur: Petite précision, je n'ai pas de correcteur pour ce projet et j'imagine bien que mon texte doit être bourré de fautes. Toutes mes excuses.

Le lycéen rentra à minuit passé, encore en costume. Sa mère lui avait laissé le double des clefs. Il était revenu directement du mariage, il n'avait plus le cœur à faire la fête. La famille s'était cotisée pour louer une grande salle, avec un bar, une cuisine, sans parler de la petite piscine dehors et de la piste de danse. Le repas était fini et il avait duré des heures. Fatigué, Alex laissa ses chaussures à côté de la porte et monta en chaussettes les marches de pierre sur sa gauche. La grande baie vitrée laissait entrer suffisamment de lumière nocturne pour qu'il n'ait pas à chercher d’interrupteur. Il marcha ensuite jusqu'à la salle de bain et trouva le tube de citrate de bétaïne, pour en prendre un cachet entier. Son estomac était au bord de l'agonie.

L'adolescent poussa ensuite la porte de sa chambre. La fenêtre était grande ouverte et chaque objet était mis en relief par cette douce lueur au milieu des ténèbres. C'était la pleine lune. Lentement, il déposa sa cravate, puis sa veste, sur son grand fauteuil de bureau. Sans essayer d'en faire plus, il se retourna pour s'allonger sur la couette encore toute dérangée. Cela avait été une soirée très étrange. D'une main, il déposa ses lunettes sur la table de chevet, à côté de son portable.

Il avait revu des gens qu'il n'avait plus rencontrés depuis des années. Il en avait même oublié jusqu’à leur existence. Des tantes, des cousins, des amis. Il en avait rencontré de nouveaux, tous très sympathiques et bien habillés. Le lycéen s'était senti tellement marginal face à tout cela. Il n'y avait pourtant pas de raison. La cérémonie s'était bien passée. Il n’y avait eu à sa table que des gens qu'il appréciait. Une des camarades de sa cousine lui avait même demandé de venir danser. Cette surprise. Il avait refusé bien sûr. Il ne savait pas danser. L'heure qui avait suivi s’était transformée en une espèce de mission spéciale pour lui apprendre les rudiments du tempo et de « comment ne pas se marcher sur les pieds pendant un slow ». Ça aurait pu être amusant, mais ça ne l'était pas. Alex savait pertinemment pourquoi. Il avait passé tellement de temps à s'isoler de son ressenti pour ne pas succomber face à la honte et à la douleur, qu'au final il ne ressentait plus rien. Il voulait s'amuser, il le voulait vraiment, hélas il n'y arrivait plus. Il passait ses jours à sourire lorsque cela lui semblait approprié, à dire ce que les gens attendaient de lui, à montrer de la tristesse quand il fallait être triste. Une partie de son être était en train de mourir. Lui ne pourrait plus être heureux comme dans son enfance. Il vivrait dans cette bulle constante jusqu'à ce qu'il s'en aille, il en était persuadé. Sans un mouvement de plus, le jeune homme ferma les paupières et pria Morphée de venir le rejoindre.

On frappe à la porte.

Alex savait que ce jour finirait par venir. Il l'avait redouté pendant des mois et des mois. Il avait toujours su qu'il ne pourrait rien faire pour l'empêcher.

On frappe à la porte.

Ainsi donc le calme prenait fin. Il avait passé ses deux premiers jours de vacances dans une quiétude absolue. La sérénité aurait pu être également de la partie si elle n'avait pas été mise de côté par une appréhension si forte qu'elle le tenait éveillée la nuit.

On frappe à la porte.

Sa mère était partie tôt ce matin-là en voyage de noces. Il devrait passer le reste de la semaine sous le même toit que le fils de son mari. Il ne voulait pas de frère, il n'avait jamais voulu de frère. Et certainement pas lui.

Il déverrouilla et ouvrit la porte. Un visage d'adolescent se releva et cette paire d'yeux ni vraiment bleus ni vraiment verts se fixa sur les siens, brillants de mille feux au-dessus de ce sourire si familier qu'il haïssait.

« Salut Loris. »

Il n'eut pas la force de répondre et se contenta de le laisser entrer.

« Dany. »