Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 2 « Occupée à mourir » tome 1, Chapitre 2

Quelques grammes d'une fine poudre blanche était placés dans l'enveloppe. Roxann essaya de ne pas paniquer. Ça pouvait très bien être une mauvaise blague, mais alors vraiment très mauvaise. Ou bien ça pouvait être bien pire. Elle souffla doucement pour essayer de se donner une contenance, reposa très délicatement l'enveloppe dans le carton et souleva le combiné de son téléphone. Et soudain elle eut un doute sur la marche à suivre. Qui fallait-il prévenir, le labo ? Et si c'était contagieux ? Devait-elle directement demander à la personne de passer en combinaison ? La seule chose qui lui vint à l'esprit c'était d'appeler le CDC*1 pour avoir des informations.

Après un coup de fil où elle avait essayé de paraître la plus détendue possible en expliquant la situation et en posant ses questions, elle se leva et alla fermer la porte de son bureau à clé. Au cas où. Elle ne voulait pas que quelqu'un entre sans frapper et soit exposé à quoi que ça ait été qui se trouvait dans l'enveloppe.

Elle s'assit et souffla de nouveau, longuement pour calmer ses nerfs. Le CDC avait dit qu'ils allaient envoyer un médecin qui serait protégé, mais sans combinaison, juste le strict nécessaire pour ne pas être contaminé tout en évitant de semer la panique dans le commissariat.

Son deuxième réflexe fut d'appeler l'accueil.

"- Je voulais savoir, le paquet qui m'a été adressé. Il a été livré par un coursier de quel compagnie ? Vous avez son nom ?"

Elle nota les informations et fit d'abord une recherche basique sur Google qui lui retourna trop de résultats pour qu'elle puisse les trier convenablement. Ensuite elle entra ce nom dans les fichiers de la Police, rien, en élargissant à l'état de Washington, toujours rien. Elle pouvait faire une recherche internationale mais elle se dit que pour un simple coursier, c'était trop.

Elle appela ensuite rapidement la compagnie pour laquelle le coursier travaillait. Après quelques minutes de discussion, elle put avoir la confirmation que cet homme était bien un employé de cette entreprise. Et pas depuis deux semaines ou un mois mais depuis sept ans. Un peu long juste pour approcher le Capitaine du SPD Center non ? Elle nota sur son carnet "coursier = Dead End".

Elle jura se disant qu'elle aurait du demander plus d'informations pendant qu'elle était au téléphone avec la compagnie et elle dut rappeler pour demander les coordonnés du coursier en question ainsi que ses autres livraisons. La société était toujours aussi peu encline à communiquer ce genre d'informations mais Connor menaça de faire de la mauvaise pub pour la qualité des livraisons du coursier, et donc de l'entreprise, et celle-ci céda finalement.

Maintenant le Capitaine avait une piste. Même si bien sûr la coopération de la compagnie s'était arrêtée au moment où elle avait demandé le nom du client qui avait fait appel à leur services pour cette livraison au SPD Center à son nom. Question d'anonymat pour leur client. Il allait falloir revenir avec un mandat. Et pour le moment elle n'avait rien d'autre que quelques suppositions.

En fait si ça se trouve elle paniquait pour rien et ce n'était qu'une plaisanterie de très mauvais goût. Mais dans ce cas elle devait tout de même trouver le responsable, histoire qu'il passe un très sale quart d'heure en sa compagnie.

Elle soupira (encore !). Elle détestait être impuissante de cette manière mais elle n'aller certainement pas oser sortir de son bureau et risquer de contaminer le reste du SPD avec une potentielle maladie ou un virus juste pour se sentir active.

L'agent du CDC avait mis moins d'une heure à arriver. C'était en partie dû au fait qu'ils avaient un bureau à Seattle, pas très loin de la Mairie. Et puis peut-être, que l'idée d'avoir le Capitaine du Center qui reçoive un colis "piégé" les avait fait se dépêcher un peu.

"- Capitaine Connor, je peux entrer ?"

Après que Roxann eut acquiescé à sa demande, l'homme d'une trentaine d'années, habillé avec avec un masque totalement opaque, des gants de protection et des lunettes en plastique entra et se présenta brièvement. La première chose qu'il fit c'était de rassurer la jeune femme. Depuis les attentats du 11 septembre ils étaient habitués à traiter des cas de maladies infectieuses chez des civils qui ne savaient pas quoi faire (même si elle ne se considérait pas tout à fait comme une civile).

Ensuite il fit une prise de sang rapide dont l'analyse serait faite directement sur place pour écarter (ou confirmer) la présence d'une bactérie ou d'un virus déjà utilisé dans ce genre de cas.

Enfin, il demanda à voir le colis et l'enveloppe qu'il contenait pour examiner la poudre. Il n'ouvrit même pas l'enveloppe et rangea le tout dans un sachet en plastique qu'il roula et enferma dans un pot. Question de sécurité pensa la jeune femme.

"- Le résultat de la prise de sang sera déterminant pour savoir ce que l'on va faire. Soit il n'y a rien et je vous conseillerais la marche à suivre.

Soit il y a effectivement quelque chose qu'on connaît et des traitements seront mis en place, aussi bien en prévention que pour traiter le mal."

Il fit une légère moue et hésita à continuer mais le Capitaine sentait qu'il y avait une troisième option.

"- Soit vous ne savez pas ce que c'est... Dit-elle, ne voulant pas penser à cette possibilité.

- Il y a toujours une solution. En plus, depuis quelques années nos procédures d'analyses sont bien plus rapides et nous travaillerons conjointement avec plusieurs services. On sait bien que des vies sont en jeu."

Elle se mordit la lèvre. Peut-être que l'agent du CDC avait raison, après tout en quatre ans ils avaient du en faire des progrès. Et puis même avant, le CDC était tout de même connu, si contacté rapidement, pour avoir un taux d'efficacité important.

"- Et pour la poudre ? Elle va partir dans votre labo ?

- Oui c'est tout à fait ça. Je vais la transporter dans un contenant totalement imperméable au cas où cela serait quelque chose qui se transmettrait par l'air ou au toucher. Nos scientifiques vont ensuite tout passer au peigne fin.

Mais si votre analyse se révèle positive à un élément déjà connu de nos services, on aura gagné beaucoup de temps.

- Qu'allez-vous faire dans ce cas ?

- Et bien il ne sera plus la peine d'analyser la poudre pour savoir ce que c'est. Par contre on fera quand même des tests pour déterminer la version de l'élément et, avec un peu de chance, être capable de le tracer.

- Et donc de remonter jusqu'à la personne qui a fait ça ?

- Au moins à l'endroit où le produit a été créé ou transformé. Après, c'est... votre job de travailler sur ce genre de piste."

Connor faisait parler l'homme pour éviter un blanc, un silence assourdissant qui aurait trahit sa nervosité. En effet son cœur battait la chamade, elle sentait sa tension élevée faire battre ses tempes et ses mains étaient moites. C'était forcément le stress ou bien... peut-être était-ce déjà les symptômes d'une quelconque maladie ?

Elle essaya de respirer plus lentement, se calmer, elle avait été dans des situations bien plus délicates auparavant.

Courses poursuites en voiture sur les routes de San Francisco ou même sur l'autoroute, cible de drive by ou en plein milieu de fusillades...

Sauf que dans tous ces cas elle pouvait être un minimum maître de sa destinée, elle pouvait accélérer, dégainer, viser, tirer ou tout simplement décliner son identité et espérer que le criminel s'arrête (haha, comme si ça arrivait si souvent !).

Mais là, elle était totalement impuissante, elle se devait d'attendre gentiment, sans bouger, le résultat d'une analyse qui tardait à venir. C'était comme si son sort était déjà tout tracé mais qu'elle devait deviner si on comptait la laisser vivre ou mourir.

Bon, c'est vrai, elle exagérait peut-être un peu. Comme avait dit le médecin, il y avait de nombreuses options et elle allait pouvoir se reposer sur toute une équipe. C'était finalement ce qu'elle faisait tous les jours depuis maintenant deux semaines. Se reposer sur une équipe de flics, de CSI, de médecins légistes et les diriger et les aider au mieux.

L'agent du CDC prit chacun des fioles contenant le sang de Connor et la solution qu'il avait rajouté dans les sept. Il secoua légèrement la première et ni la couleur, ni l'aspect de la fiole ne changea.

"- Si l'un des mélanges se révèle positif j'ai un cocktail d'antibiotiques génériques que je pourrais vous administrer tout de suite." Commenta l'homme sans en dire plus.

Il fit le même manège avec la deuxième, troisième et quatrième fiole. Toujours rien. Roxann commençait à s'impatienter et en même temps à se dire que si ça se trouve, ce n'était rien. Évidemment ce fut au moment où cette pensée positive lui traversait l'esprit que la cinquième fiole réagit.

"- Qu'est-ce que c'est ?! Lança le Capitaine, le ton de la voix plus paniquée qu'elle ne l'aurait voulu.

- Maladie du charbon.*2"

Le médecin soupira et se passa la main sur le visage. La bactérie sous sa forme inhalée, était mortelle dans quatre vingt dix à cent pour cent des cas. Heureusement dans les cas de bio-terrorisme, c'est à dire sous forme non naturelle, cela passait à cinquante pour cent.

"- Ne vous inquiétez pas, on connaît bien cette saloperie. J'ai ce qu'il faut pour ralentir le développement des symptômes. Ensuite il faudra que vous alliez à l'hôpital, pour vous reposer et pour le suivi.

- L'hôpital... Est-ce que mes Hommes risquent quelque chose ?

- Non, ce n'est pas contagieux mais vous devez être sous observation.

- Attendez, attendez, quels sont les symptômes et quel est la... durée de vie du patient."

La jeune femme put entendre l'agent déglutir, il ne semblait vraiment pas à l'aise.

"- Les symptômes sont ceux de la grippe pendant les premières vingt quatre à quarante huit heures mais après cela peut évoluer rapidement, il faut vraiment que vous alliez à l'hôpital.

- Non. je préfère encore faire mon job pendant que je le peux encore."

Il leva un sourcil, l'air grave, il s'apprêtait sûrement à sermonner le Capitaine.

"- Écoutez, au moment où je ne me sentirais plus capable d'assurer à mon poste, je viendrais de moi-même m'admettre à l'hôpital. Mais pour le moment j'ai besoin d'être là. Surtout si mes Hommes doivent travailler à retrouver la personne qui a fait ça."

L'homme secoua la tête, désapprouvant la décision de Connor.

"- Je ne peux de toute façon pas vous emmener de force. Je vais vous laisser une deuxième dose d'antibiotiques après avoir administré ceux-ci. Il faudra les prendre dans quatre heures.

Quelqu'un repassera ensuite pour vous apporter les doses pour les vingt quatre heures à venir. Mais promettez-moi de foncer dès que vous vous sentez mal. Vraiment. Cela peut être très rapide et le traitement sera plus fort à l'hôpital, dans la deuxième phase."

Roxann hocha de la tête pour montrer qu'elle était d'accord. Elle ne voulait pas jouer à l’héroïne, même si elle détestait les hôpitaux. Elle pensait juste, sincèrement, être plus utile ici même que dans un lit d'hôpital, seule, sans savoir que faire.

Le médecin fit ce qu'il fallait rapidement. Il ramassa ensuite toutes ses affaires, n'oubliant pas d'emporter le "colis piégé" et s'en alla en lançant un sourire d'encouragement à la jeune femme.

Connor resta ainsi, à regarder la porte par laquelle l'homme était partie pendant quelques minutes.

Beaucoup de pensées se bousculaient dans sa tête.

Des professionnelles : qui aurait pu faire ça ? Pourquoi elle alors qu'elle était nouvelle ici ? Qui a accès à ce genre de bactérie ?

Des personnelles aussi : devait-elle prévenir sa famille, ses amis tout de suite ? Elle ne voulait pas les inquiéter. Et pour ses Hommes, allait-elle leur dire ? Il le fallait bien si elle voulait qu'ils travaillent sur ça.

Même une pensée furtive s'immisça dans ma tête : et tout le reste ?! L'agent du FBI, les autres enquêtes en cours, la réunion avec Gordon ? Qu'allait-elle bien pouvoir faire pour annuler toutes ses obligations ?

"- Désolée, je ne peux là, je suis occupée à mourir."

Elle rit légèrement à sa blague morbide. C'était au moins ça, son humour noir était toujours là, c'était le signe qu'elle ne devait pas s'apitoyer sur son sort, elle devait agir, maintenant qu'elle le pouvait.

Elle se redressa dans son fauteuil et appuya sur le bouton de son téléphone qui appela l'accueil. Elle leur demanda de faire venir de toute urgence Charlie, Colin et Oliver dans son bureau. Peu importe où ils étaient et ce qu'ils faisaient, elle avait besoin d'eux maintenant.

*1 CDC = Center for Disease Control

*2 Maladie du charbon = Certains journalistes francophones ont confondu l'anthrax qui, en français, ne désigne qu'une staphylococcie cutanée, et le charbon qui, dans les pays de langue anglaise, est appelé anthrax.


Texte publié par kategriss, 18 août 2013 à 18h24
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 2 « Occupée à mourir » tome 1, Chapitre 2
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2906 histoires publiées
1300 membres inscrits
Notre membre le plus récent est plebraud
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés