Je remercie encore TaTchou pour sa relecture éclairée.
Note : Un délai de trois à six jours est en principe nécessaire entre l'accueil d'un corps à la morgue, son autopsie et sa restitution à la famille ou sa mise en terre.
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- Où est Finch ?
Après son « petit déjeuner », Shaw avait pris le chemin du retour. Elle avait bien mangé, le steak avait été, comme l'avait prédit… Prédit qui d'ailleurs ? Enfin bon... Il avait été excellent et après cette nuit éprouvante, cela avait contribué à rendre ce début de journée acceptable. Elle était partie à pied et avait laissé son esprit vagabonder là où bon lui semblait dans les limites de ce qu'elle était prête à supporter ce matin-là. Elle s'efforça donc de ne penser à rien, de le laisser s'ébattre dans un désert dépourvu d'émotions, ce qui n'était pas trop dur, de souvenirs, ce qui l'était un peu moins, et de meurtres en devenir parce qu'elle aurait le temps d'y penser plus tard et que là, elle avait juste besoin d'un peu de paix.
Son téléphone sonna. Reese ? L'autre tarée ? Elle fronça les sourcils, prit l'appareil et regarda qui l'appelait. Il n'y avait pas de nom juste une image… Des petits cœurs qui scintillaient et tressautaient sur l'écran. Définitivement pas le genre de Reese. C'était l'Autre. Elle s'arrêta et fixa bêtement son écran. Elle était partagée entre un franc amusement, l'irritation et un sentiment de malaise dont elle ne pouvait pas vraiment se départir. Elle lui avait peut-être donné un peu trop vite la main à cette fichue truc. Elle n'était plus aussi sûre que c'était une bonne idée de se plier à sa fantaisie. D'ailleurs, elle ne savait pas trop à qui elle avait donné les cartes. À Root ? À La Machine ? Quelque chose n'était pas normal dans toute cette histoire.
Le téléphone cessa de sonner, les cœurs s'effacèrent. Aucun message vocal n'avait été laissé. Shaw soupira, soulagée. Mais ça ne dura pas longtemps, le bruit caractéristique d'une réception de SMS retentit.
« C'est pas vrai, grommela-t-elle. »
Elle alla voir sa boîte. Il y avait bien un message, sans expéditeur notifié. Elle l'ouvrit.
«Prends un taxi et va au 400 E 87th St Yorkville, Upper East Side , c'est l'adresse d'un magasin. Entre-y et demande au vendeur de te donner la commande au nom de Miss Edge n° 35684OC. »
Shaw rempocha son téléphone et suivit les indications. Le message sonnait comme un ordre de mission, il était sobre, net et précis, le genre de message qu'elle appréciait, elle ne tergiversa même pas une seconde et se mit en route suivant les indications.
Le magasin était spécialisé en matériel informatique. Elle entra, donna le nom et le numéro de commande. Le vendeur lui sourit.
« Ah oui… la commande d'une connaisseuse ! Nous ne vendons pas cet article il est trop cher pour la clientèle habituelle, mais les commandes particulières sont toujours acceptées. Je dois dire que vous avez fait un excellent choix. J'aimerais bien moi-même être en possession d'un tel article, un vrai bijou de technologie, malheureusement pas vraiment accessible au commun des mortels, si vous ne m'aviez pas donné... »
Ce n'était pas possible, ce type n'arrêtait pas de parler, il avait avalé une radio ou quoi ? Shaw n'écoutait pas la moitié de son discours, elle était à deux doigts de l'attraper par le col et de lui coller son flingue sous la gorge quand il finit par lui tendre un paquet avec un sourire épanoui qu'elle lui aurait bien fait rentrer dans la gorge à grands coups de poings. Elle mit la main dans sa poche pour sortir… euh elle ne savait trop, à part quelques billets qui lui restait de la nuit dernière, elle n'avait rien sur elle, mais le vendeur toujours radieux, lui précisa :
« Le règlement a bien été reçu, j'espère que vous avez bien eu en retour confirmation de votre virement et nous vous avons envoyé dès paiement, le bon de garantie en même temps que la facture de l'appareil. J'espère que vous en serez contente. C'est vraiment ce qui se fait de mieux et... »
Il ne termina pas ses explications : il n'y avait plus personne à qui les donner, juste une porte qui battait, la cliente avait pris le paquet, tourné les talons et disparu sans un mot même de remerciement. Il était vendeur depuis longtemps, il savait combien les gens pouvait se montrer grossiers, n'empêche qu'il aurait bien aimé discuter avec elle, parce que quand il avait vu la commande, il en avait bavé d'envie.
Ce gars l'avait gonflée, en sortant Shaw sentit que la pression remontait et elle décida de rejoindre la planque à pied. C'était à une quinzaine de kilomètres, il était tôt et Reese ne l'avait pas appelée. Ils n'avaient sans doute pas encore mis au point leur stratégie. Elle voulait bien encore patienter un peu avant de s'énerver pour de bon et de leur reprocher leur inefficacité. Dommage qu'elle n'ait pas de chaussures de sport, elle aurait couru, mais là avec ses bottines, quinze kilomètres ça faisait un peu beaucoup. Elle aurait pu s'acheter une paire de tennis, les voler au pire et balancer les bottines, mais elle n'avait pas envie de s'en débarrasser… Pas de cette paire-là. Elle ouvrit le paquet en chemin, bien qu'elle soit à peu près certaine de savoir ce qu'il contenait. Cette Machine n'avait même pas la patience d'attendre, on aurait dit que son plus cher désir était de s'approprier Shaw le plus rapidement possible qu'elle soit ou non consentante. Elle était consentante… Du moins, ce matin sur les quais, elle ne pouvait pas le nier, mais il y avait quelque chose en elle qui rechignait à devenir… Euh la chose de La Machine ? D'abord elle détestait qu'on lui force la main et c'était ce qu'elle venait justement de lui faire. Ça l'énervait prodigieusement. Ensuite… Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose de bizarre à toute cette histoire. Cette histoire à laquelle en plus, elle n'avait pas trop envie de penser sérieusement. Même après cette nuit, elle n'était pas sûre d'être aussi sereine que ça.
Elle retira l'oreillette de son emballage, il y avait une boîte de rangement avec, elle l'ouvrit et glissa l'oreillette dedans. Si l'Autre croyait qu'elle allait la mettre là, tout de suite, comme un bon petit chien, elle se fourrait le doigt dans l'œil… Enfin façon de parler. Elle mit la boîte dans la poche avant de son pantalon, elle préférait ne pas risquer de la perdre.
Son chemin jusqu'à la planque fut tranquille, elle s'arrêta juste le temps de s'acheter un sandwich, ou même deux et arriva à la station.
Seuls Reese et Fusco étaient présents.
« Où est Finch ?
- Il est parti il y a deux heures. Il nous a dit qu'il avait quelque chose à faire et qu'il reviendrait vite. Que nous devions l'attendre et nous reposer en l'attendant.
- Vous reposer ? Sans blague ? Où est-il ?
- On n'en sait rien Shaw.
- Comment ça « on n'en sait rien » ? »
Elle fixa Reese furieuse, il était complètement débile ou il se foutait de sa gueule ?
« Tu veux dire que vous l'avez laissé partir comme ça, tout seul et qu'aucun de vous, que toi Reese tu ne l'as pas suivi et qu'en plus vous ne pouvez même pas le tracer ?
- Shaw, tenta de prévenir Fusco.
- Ferme-là Fusco ! Putain John ! C'est pas vrai.
- Je suis désolé Shaw, il n'a pas voulu que je vienne avec lui et il m'a mis en garde, qu'il serait extrêmement contrarié si je tentais de le suivre, qu'il avait quelque chose de privé à faire, que cela ne lui prendrait pas trop de temps et qu'il reviendrait.
- Mais il n'est pas revenu.
- Non. »
Shaw donna un grand coup de poing dans la paroi du wagon qui se trouvait à sa portée. Elle ne comprenait pas pourquoi Reese l'avait laissé partir. Fusco, elle voulait bien, il était assez confiant pour faire une bêtise comme ça, mais Reese ? Elle avait envie de lui rentrer dedans. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Et qu'est-ce que Finch avait dans la tête ? Tout tournait à la débâcle. Qu'est-ce qu'elle faisait avec eux ? Elle pensa vaguement à la conversation qu'elle avait eue cette nuit, mais ça ne lui fut pas d'un grand secours. Ils avaient besoin d'elle, disait-elle, mais s'ils faisaient n'importe quoi, si certains commençaient à jouer en solo alors qu'elle était prête, elle, à jouer en équipe, ça ne servait plus à rien.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »
Sa question lui fit pitié. Elle avait la tête en compote ou quoi ? Comment pouvait-elle poser cette question alors qu'elle n'avait encore une fois plus qu'une envie, c'était de prendre deux ou trois flingues et de s'en servir contre toutes personnes ayant affaire, de loin ou de près, avec Samaritain.
« On va le retrouver.
- Comment ? demanda Fusco. Et euh, la Machine elle ne peut rien faire pour nous aidez ? Vous avez dit qu'elle voyait tout, elle doit bien savoir où se trouve Finch.
- Elle ne nous a pas contactés… Shaw ?
- Quoi ?
- Tu as eu un contact avec la Machine ?
- Hein, quoi ?
- La Machine Shaw, est-ce qu'elle t'a contactée ? »
Oui, elle m'a contactée, elle m'a même draguée figure-toi, parce qu'en plus elle parle avec la voix de Root et qu'elle est tellement tarée que quand elle me parle je ne sais même pas si c'est Root ou cette maudite boîte de conserve. Et en plus, tiens-toi bien, elle me prend pour sa chérie. Mais qu'est-ce qu'elle avait dans les circuits cette foutue Machine ! Elle n'allait pas avouer un truc aussi ridicule aux deux hommes qui la regardaient avec curiosité. Ça ne risquait pas, elle n'en parlerait jamais à personne.
« Non, d'ailleurs je ne vois pas pourquoi elle me contacterait.
- On peut faire des recherches en attendant. Je ne suis pas un spécialiste mais… Shaw tu pourrais peut-être...
- Hors de question, je ne touche pas à ce truc. »
Reese étudia un peu la physionomie de Shaw et conclut que ce n'était pas la peine d'insister.
« Bon, je vais regarder ce que je peux faire.
- Ouais, c'est ça. »
Elle se dirigeait déjà vers la sortie quand Reese la rappela.
« Dis, puisque tu ne veux pas m'aider, tu pourrais aller me chercher à manger ? Je n'ai rien manger depuis hier midi... J'aimerais bien un café aussi, si je dois travailler là-dessus, il me faut avoir l'esprit clair.
- Demande à Lionel.
- Désolé Maybeline, je dois retourner au poste, j'aurais dû y être ce matin déjà. Et je ne suis pas le seul… ajouta-t-il en regardant Reese.
- Tu me trouveras une excuse. Au fait Lionel, tu peux voir si... »
Sa phrase resta en suspens, mais avant que personne et surtout pas Shaw n'ait réagit Fusco s'empressa de répondre.
« Je m'en occupe. »
Il jeta un dernier coup d'œil à Shaw et quitta la station.
« Bon, tu y vas Shaw ?
- Pff, qu'est-ce que tu veux ?
- N'importe. Question bouffe je te fais confiance.
- T'as du fric à me donner ? Je suis à sec là.
- Regarde dans le wagon, il doit y en avoir quelque part dans un casier ou un tiroir. »
Effectivement, à croire que la réserve avait été alimentée régulièrement depuis son absence, elle se servit généreusement et laissa Reese à ses ordinateurs.
Elle se rendit chez un traiteur chinois, ce n'était pas sa cuisine favorite, mais elle la ne détestait pas pour autant et avait vu Reese manger chinois de temps de temps. Elle passa commande pour au moins quatre personnes, si elle achetait à manger autant en prendre pour elle aussi. Elle avait marché plus de trois heures ce matin, n'avait pas dormi et le steak comme les deux sandwichs qu'elle avait mangés plus tard, n'étaient déjà plus qu'un lointain souvenir. Elle s'arrêta aussi dans une supérette et acheta un pack de bière et une bouteille de Whisky tout en se reprochant de n'avoir pas pensé à prendre un sac en partant de la station : elle aurait pu acheter plus de provisions
Elle pensa à Finch pendant tout ce temps. Que pouvait-il bien faire et où était-il ? Ce n'était certainement pas un combattant et livré à lui-même dans ce bordel qu'était devenue la lutte contre Samaritain elle ne donnait pas cher de sa peau. Mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? À moins que... Il soit avec l'Autre en couverture. Mais alors pourquoi ne les avait-elle pas prévenus ? À quoi jouait-elle elle aussi ? Elle s'engagea dans une petite impasse encombrée de bennes à ordures. Elle avança et fit en sorte que les bennes la dérobent aux regards depuis la rue puis elle posa ses paquets. Que devait-elle faire ? Elle sortit son téléphone et le regarda pas très sûre de la décision à prendre. Si La Machine ne leur avait rien dit c'est qu'elle devait avoir ses raisons. Mais si Finch s'était embarqué dans une opération suicide seul en compagnie de cette tarée, elle ne pouvait pas faire comme si elle ne pouvait rien faire ou ne rien savoir. Elle remit son téléphone dans sa poche et sortit la boîte de l'oreillette de son pantalon. Ce truc la mettait mal à l'aise, elle était loin de son état euphorique, enfin euphorique si on veut, de la veille. Elle soupira, ouvrit la boîte, prit l'oreillette et la plaça dans son oreille gauche.
« Hey ! Tu m'entends ?
- Absolument.
- Tu sais où est Finch ?
- Sameen ! Pas même un petit bonjour ? As-tu apprécié ton steak ce matin ? Ne dis rien, je sais que oui. Et as-tu apprécié mon petit cadeau ? Je suis heureuse que tu te sois décidée à l'utiliser. J'ai veillé à prendre un modèle confortable adapté à ton conduit auditif, en plus elle est étanche et pratiquement indestructible.
- Tu ne veux pas arrêter de parler dix secondes ?
- Ça dépend de ce que tu as à me dire mon cœur, si ce sont des mots doux ou pas. »
C'était vraiment n'importe quoi… Mais Shaw décida d'ignorer la dernière réplique.
« Réponds-moi. Où est Finch ?
- Il a quelque chose à faire.
- Quoi ? Où ? Est-il en danger ? Dis-moi où il est ? Il a besoin de protection, il ne peut pas se promener tout seul comme ça.
- Oh Sam ! Tu ne me fais pas confiance ?
- Tu es trop tarée pour ça.
- Je suis désolé Shaw, je ne peux pas te dire où il est. Ne t'inquiète pas, je veille sur lui.
- Root, arrête de dire n'importe quoi, dis-moi où il est.
- Oh, je suis flattée mon cœur, mais je ne peux pas, la conversation est terminée.
- Quoi ? Tu n'as pas intérêt à raccrocher ou je te promets que... »
Mais c'était trop tard, il n'y avait plus que le silence dans son oreille.
« Root ! Root, réponds bordel ! »
Elle n'eut pas de réponse...
« Je vais te crever. La prochaine fois que je te vois je te crève, je te le jure, merde ! »
Et elle donna un grand coup de pied dans la benne qui se trouvait devant elle et qui résonna bruyamment sous l'agression. Elle l'énervait vraiment, elle avait toujours été comme… Mais qu'est-ce qu'elle racontait, qu'est-ce qu'elle avait dit à ce truc ? Comment l'avait-elle appelée ? Ça lui avait échappé, c'était tellement elle, sa façon de parler, d'agir. Non, mais c'était dingue. Elle attrapa la bouteille de Whisky qu'elle venait d'acheter, l'ouvrit et but d'une traite la moitié de la bouteille. Elle suffoqua un peu, mais se sentit nettement mieux. Elle rangea la bouteille, reprit ses paquets, se dit que tout ça n'était qu'une vaste blague et que tout le monde se liguait contre elle pour lui embrouiller l'esprit et la rendre complètement folle. Qu'il y avait autre chose à penser qu'à toutes ces dingueries et certainement mieux à faire. Elle rentra à la station et sans parler, installa sur une petite table tout ce qu'elle avait acheté. Reese vint la rejoindre, ils mangèrent en silence. Il but deux bières, haussa les sourcils en découvrant la bouteille de Whisky à moitié vide, mais ne fit aucun commentaire. Il en but une bonne rasade au goulot avant de la tendre à Shaw qui finit le reste sans broncher. Puis il alla mettre tous les emballages à la poubelle, essuya la table et se remit devant ses écrans, laissant Shaw s'ouvrir une nouvelle bouteille de bière puis une autre, puis une autre encore. Ensuite, il s'absorba dans ses recherches et ne fit plus attention à elle.
Shaw épuisée et gorgée d'alcool finit par s'endormir et elle dormait encore quand Fusco, en fin de journée, revint à la planque.
Elle émergea la tête confuse, elle entendait des voix, c'était Reese et Fusco en train de discuter. Elle devait vraiment ne pas bien aller pour ne s'être même pas réveillée à son arrivée. Il aurait pu arriver n'importe quoi, elle n'aurait même pas bronché. Elle touchait vraiment le fond. Elle se leva en grognant et les deux hommes se turent. Elle s'assit et les regarda.
« Quoi ? »
Fusco regarda Reese mal à l'aise. Et voilà c'était reparti… Reese ! Si seulement il pouvait arrêter, elle allait finir par lui faire avaler toutes ses dents s'il continuait à la regarder comme ça.
« Quoi ? cracha-t-elle hargneusement.
- C'est euh, commença Fusco regardant fixement la pointe de ses chaussures, laides par ailleurs.
- Fusco est allé à la morgue, se lança Reese. Le corps sera autopsié demain et mit en terre vendredi
- Et.. ?
- Euh, il sera inhumé dans le carré des inconnus, sous un numéro d'identification. Fusco a demandé quand ça serait fait. Ils ne savaient pas, mais il a laissé le numéro de son poste et il sera prévenu.
- Tu as trouvé quelque chose sur Finch ?
- Non. Il n'y a aucune donnée, aucun indice, comme s'il avait disparu. »
Tu parles qu'il avait disparu, il était avec La Machine et tant que ni l'un ni l'autre ne le souhaitait, personne ne les retrouverait jamais.
Elle n'avait rien entendu de ce que Reese avait dit juste avant. Elle avait senti un rideau tomber. De quoi avait-il parlé ? Ah oui...Une autopsie, un enterrement, un numéro. De qui parlait-il et pourquoi lui racontait-il cela d'ailleurs ? Elle n'avait pas compris. Un signal clignotait quelque part, la mettant en garde, il fallait vite qu'elle emprunte un autre chemin, qu'elle parte, un danger la guettait, quelque chose qu'elle n'était pas prête à affronter, qui allait la briser. Tout son corps se tendit.
« Bon salut.
- Shaw... »
Elle passa dans le wagon, prit des armes, quelques munitions, des pains d'explosifs, fourgua le tout dans un grand sac qu'elle trouva dans un casier en bas, le mit à l'épaule et partit sans rien dire sans leur jeter un regard.
« Elle va où là ?
- Je ne sais pas.
- Tu crois qu'elle va revenir ?
- Je ne crois pas, mais on a besoin d'elle, je saurai la retrouver quand le moment sera venu. Laissons-la pour l'instant
- Elle ne semble pas vraiment tourner rond, tu crois qu'on peut lui faire confiance ? »
Reese le regarda sans répondre. Il avait confiance en Shaw. Il avait rarement vu quelqu'un d'aussi solide, elle avait souffert en détention et elle était revenue. Il ne pensait pas qu'il en aurait été capable. Il ne savait pas trop quelle était sa relation avec Root. Celle-ci l'aimait c'était sûr. Et comme pour toutes les autres choses qui pour elle avaient de l'importance, avec excès. Elle y avait mis aussi, autant de passion que dans l'amour qu'elle avait pour La Machine, même peut-être plus.
Il l'avait vue pleurer, ce qu'il n'aurait jamais cru possible.
Finch lui avait aussi raconté comment elle avait été jusqu'à faire du chantage à La Machine pour obtenir les renseignements qu'elle voulait obtenir, mettre en danger sa couverture, sa vie même et celle d'un numéro pour envoyer un message à Shaw. Mais il savait pas ce que Shaw pensait, ressentait. Il avait toujours plus ou moins cru à son histoire de sociopathie. Il savait très bien que l'armée n'aurait jamais recruté et encore moins gardé en son sein un soldat atteint des troubles de la personnalité dont elle se vantait un peu trop souvent.
Il avait remarqué comme Root avait été heureuse de revoir Shaw, comment elle s'était illuminée, après des mois où elle n'avait parfois été, parfois seulement car Root était toujours Root, que l'ombre d'elle même. Comment ensuite, elle avait prit soin de Shaw, la surveillant discrètement, toujours là quand celle-ci était à un doigt de perdre les pédales. Shaw à son étonnement avait accepté les petites attentions de Root, plus discrètes il était vrai qu'auparavant. Comment aussi, il avait senti que quelque part, Shaw semblait avoir besoin de Root, comme un naufragé se rattache à une bouée. Et depuis hier soir, Shaw semblait plus sombre encore que d'habitude, il la sentait hésiter.
Il ne pensait pas la revoir ce matin, il avait été surpris de son coup de fil quand elle lui avait dit qu'elle arrivait alors qu'il s'imaginait déjà, une fois Finch localisé, devoir lui courir après pour la ramener. Parce qu'il avait besoin d'elle, il ne pouvait se passer d'elle. Si elle les laissait maintenant tomber, il se donnait encore moins de chance, sinon aucunes, de réussir et il voulait réussir. Elle était revenue... Et là, tout à coup, elle était repartie, comme hier. Il n'aurait pas dû lui parler de cette histoire d'autopsie et d'enterrement, mais il savait aussi qu'elle devait l'accepter. Il ne comprenait vraiment rien...
Elle partait, revenait, repartait. Il l'aimait bien et il aurait aimé pouvoir l'aider, mais on n'aidait pas Shaw si elle ne le voulait pas. Il attendrait. Et puis, il irait la chercher et la ramènerait, ils referaient équipe ensemble, même s'il était conscient qu'il ne pouvait peut-être pas lui offrir ce dont elle avait besoin et qu'il n'était pas le partenaire qu'elle aurait souhaité avoir à ses côtés...
Shaw se retrouva dehors, le soleil brillait et l'éblouissait, elle cligna des yeux, ne se sentant pas vraiment en phase avec ce qui s'annonçait être une magnifique journée ensoleillée.
Elle se retrouvait une fois encore dans la rue, seule, ne sachant ni que faire, ni où aller, ça devenait vraiment une habitude… Elle avait l'impression de se débattre dans les eaux noirs du néant. Elle réfléchit un instant. Elle vit une chouette voiture garée un peu plus loin. Conduire lui ferait peut-être du bien, lui éclaircirait l'esprit ? Mais non, elle n'avait aucune envie de conduire, rien que d'y penser elle avait envie de foncer à 300 à l'heure et d'aller s'écraser contre un mur. Ce n'était pas une bonne idée. Le sac lui pesait sur l'épaule. Aller descendre quelques agents, continuer sa croisade là où elle avait été stoppée ? Stoppée par qui ? Une sirène retentit dans sa tête...Non, non, non. Ne pas penser à ça, ça impliquait autre chose, une chose qu'elle ne voulait pas affronter, pas maintenant, pas comme ça. Et puis elle sentait sa rage fléchir, sa haine se diluer dans un autre sentiment bien plus fort, elle ne savait pas lequel, mais elle n'avait pas envie d'aller se mettre à l'affût, de traquer, de chasser, de tuer parce que les dégommages de genoux c'était fini maintenant. Elle ne sentait plus l'excitation monter, l'adrénaline prendre possession d'elle comme à chaque fois qu'elle pensait à un flingue, à un coup de poing, à une traque mortelle. Elle n'avait pas envie, plus envie. Elle ne voulait rien. Si, elle voulait être seule et disparaître. Mais où ?
Elle se souvint soudain de quelque chose. Il y avait peut-être un endroit où elle pourrait aller. Où elle avait envie d'aller. Elle se dirigea vers la station de métro la plus proche.
La porte n'était pas très facile à forcer, elle mit bien plus de temps que cela ne lui en demandait habituellement, mais aucune porte ne pouvait lui résister et de toute façon elle aurait été prête à tout faire sauter, si nécessaire. C'était stupide parce que ça alerterait tout le quartier ou du moins tout l'immeuble, mais elle aurait toujours trouvé une explication à donner quant à l'utilisation de ces mesures extrêmes.
La porte céda enfin et elle entra. L'appartement était plongé dans la pénombre, les stores étaient baissés et elle ne relèverait pas. C'était un bel appartement, la décoration était un peu...Ce n'était définitivement pas le genre de déco qu'elle aimait, trop coloré, trop confortable, trop… cosy. Mais en même temps il y avait quelque chose de fonctionnel qui lui plaisait bien. La cuisine surtout et le dressing. Dans celui-ci, il y avait des tas de vêtements sur l'un des côtés, bien rangés avec un sens de l'organisation qui lui plaisait. De l'autre, si on ouvrait les portes, il y avait un choix d'armes de poing accrochées au mur et des tiroirs remplis de munition. L'un d'eux contenait aussi des explosifs en tout genre, un autre une jolie collection de tasers. Elle se rendit au dressing évitant de regarder autre chose que le mur attribué aux armes. Elle y rangea ce qu'elle avait pris à la station avec soin. Il y avait des crochets inoccupés et elle y plaça le fusil de précision, les deux Uzis et deux armes de poing qu'elle avait prises au cas où. Elle rangea le sac dans le bas d'un placard avec d'autres destinés au même usage que celui-ci.
Puis elle regagna le salon. Elle fixa les tabourets devant le comptoir qui séparait le salon de la cuisine. Ses poings se crispèrent et elle commença à respirer difficilement. Il y avait cette odeur aussi. Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'être venue là, mais personne ne viendrait jamais ici, personne ne connaissait cet endroit, elle pourrait y rester des années sans que jamais personne ne vienne, comme si l'endroit n'appartenait pas au monde, comme s'il n'était recensé nul part, ce qui était peut-être d'ailleurs le cas. C'était l'endroit parfait, celui où elle pourrait s'enterrer vivante parce que c'était tout ce dont elle avait envie maintenant. Oublier. Tout. Même si elle n'était pas sûre de ce qu'elle devait oublier, elle savait qu'elle devait oublier.
Elle repartit dans le couloir et ouvrit la porte d'une chambre à droite, juste avant le dressing. Il faisait plus sombre que dans le reste de l'appartement, il y avait des volets et même durant la journée, la chambre pouvait être plongée dans le noir. Elle ferma la porte, se dirigea vers un coin de la pièce, celui qui lui semblait le plus sombre et s'assit les genoux relevés devant elle. Elle croisa ses bras sur ses genoux, laissa sa tête tomber dessus et ferma les yeux.
Elle ne bougea pas pendant trois jours, sinon pour aller boire ou aller aux toilettes. Elle se levait, buvait au robinet de la cuisine, passait au toilettes, puis revenait au même endroit, reprenait la même position et ne bougeait plus. Sa tête était complètement vide, aucune pensée ne traversait son esprit, rien ne venait le troubler. Son corps même semblait ne plus exister, ne souffrant ni de l'immobilité, ni de la posture jamais changée. Elle était dans un état second, déconnectée du monde, déconnectée d'elle-même. C'était un don chez elle, elle pouvait disparaître. Elle avait découvert la facilité qu'elle avait de se déconnecter quand elle était à l'USMC.
Durant sa formation, les recrues avaient eu à subir une espèce de simulation de guerre avec emprisonnement et séances bidons de torture… Enfin bidon pour elle, d'autres avaient eu plus de mal. Pourtant ils ne l'avaient pas ratée, entre autre l'un des sous-officiers instructeurs, un macho baraqué qui pensait que seul un mec de 1m90 et de 95 kilos de muscles pouvait faire honneur à l'armée et qui classait le reste dans la catégorie « gonzesses-bonnes-à-rien »... Alors quand il voyait débarquer des recrues féminines, ils n'avaient plus qu'un objectif : les virer. Et il faisait tout pour. Et elle, avec son mètre soixante, il l'avait eue dans le nez tout de suite. Mais il n'avait jamais pu la faire craquer avant cet exercice. Elle avait toujours gardé son air impassible qui le mettait hors de lui et quand il pouvait il n'avait pas manqué, à la faveur d'un quelconque exercice, de lui faire sentir tout le mépris qu'il avait pour elle, jusqu'à lui écraser plusieurs fois son poing sur la figure ou lui balancer ses Rangers dans le ventre ou les côtes, jamais assez pour la blesser sérieusement, mais assez pour pour lui faire mal et lui laisser des bleus pendant des semaines. Elle s'en foutait, c'était un naze et un jour elle le lui avait bien fait comprendre et y avait pris beaucoup de plaisir.
Au cours du jeu de guerre, les recrues avait été enfermées dans un enclos, puis avaient subi chacune à leur tour un interrogatoire musclé. Certaines étaient même revenues en pleurs. Mais pas elle. Elle n'avait rien dit, pas bougé un muscle de son visage sauf pour lâcher un petit sourire méprisant au sous-off abruti. Il l'avait violemment giflée et elle et sa chaise avait valsé. Puis il l'avait enfermée au trou. Un petit réduit en tôle d'un mètre sur un mètre à peine plus haut qu'un mètre vingt. Il avait été monté avec trois autres semblables, au centre du camp, dans un endroit où il n'y avait jamais d'ombre. Ils étaient au Texas dans un endroit désertique, en plein milieu de l'été.
« Tu auras de l'eau une fois par jour et ta punition finira quand tu demanderas à ce qu'elle prenne fin, quand tu le supplieras, lui avait-il dit, un air sadique sur le visage en la balançant sans ménagement dans le réduit. »
Elle y était restée cinq jours. C'était un officier qui avait ordonné sa libération. Elle était sortie sous les yeux ébahis de ceux qui étaient présents à ce moment-là, la tête haute, s'était mise au garde-à-vous, avait salué et était restée droite attendant les ordres. L'officier l'avait envoyée aux douches sans rien ajouter. Elle avait regardé le sous-off, il avait baissé les yeux. Elle avait gagné et appris beaucoup sur elle-même grâce à ce petit exercice. Alors, après les entraînements à l'ISA l'avaient bien fait rire. Tous leur trucs d'aller se réfugier quelque part, dans un endroit dans sa tête quand c'était trop dur. C'était débile et elle n'avait jamais eu besoin de ça... Jusqu'à ce qu'elle tombe aux mains de Samaritain. Lui, il avait violé son esprit, son intimité, et ça elle n'y était pas préparée. Et elle n'avait pas trouvé la parade… jusqu'à ce qu'une simulation l'emmène au moment où elle avait dû lever son arme et tuer Root de sang froid. Elle avait tué Reese, qu'elle respectait et qu'elle aimait, Fusco, Finch même, elle l'avait fait sans presque hésiter une seconde, mais quand ce fut au tour de Root elle fit un blocage. Elle s'était trouvée dans l'impossibilité d'appuyer sur la gâchette et avait fini par se tirer une balle dans la tête, une fois, puis deux, trois, dix, cent, mille, sept mille fois, encore et encore. Elle avait tenu des mois et des mois grâce à ça. Parce que c'était la chose qui lui permettait de garder le contrôle de sa vie, même si c'était pour la supprimer, qui l'empêchait de devenir définitivement le jouet de Samaritain, sa marionnette.
Au bout de trois jours, elle se mit à pleurer. Longtemps sans pouvoir s'arrêter, comme l'autre soir sur les quais, plus désespérément encore. Elle voulut retourner à l'état dans lequel elle s'était plongée depuis trois jours, mais elle n'y arriva pas et continua à pleurer. Elle se sentait la proie d'un profond désespoir contre lequel elle ne n'arrivait pas à lutter. Ses bras étaient trempés.
« Parle-moi... »
Elle dégagea un bras et bougea pour pouvoir attraper la boîte dans sa poche de pantalon, sans regarder ni relever la tête, elle en sortit l'oreillette et la plaça dans son oreille droite
« Parle-moi s'il te plaît. Parle-moi, dis n'importe quoi, mais parle-moi.
- Shaw ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- N'importe quoi, je ne sais pas. J'ai besoin de toi. J'ai envie de toi. »
Elle se releva soudain, se déshabilla, défit le lit et se glissa dans les draps.
« Tu es là ?
- Oui.
- Tu restes avec moi ?
- Bien sûr Sameen, je te laisserai pas. Je resterai toujours avec toi et je serai toujours là si tu as besoin de moi »
Shaw mit un bras sur son visage prête à se mordre jusqu'au sang. Puis elle alla au bout de son désir et balbutia des mots décousus à l'ultime moment, le nom de Root revenant plusieurs fois sur ses lèvres.
Enfin, elle se détendit, inspira longuement. Un peu perdue, mais l'esprit plus apaisé.
« Sam ?
- Oui ?
- Va prendre une douche et change de vêtements, tu sens mauvais.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Je te connais et ça fait quatre jours que tu ne t'es pas changée, ce n'est pas très sain. Il faut que tu manges aussi. Je vais te commander quelque chose pendant que tu te douches. Ça ira ?
- Oui. Qu'est ce que tu vas prendre ?
- Va à la douche Sameen, et fais-moi confiance.
- Un steak ?
- Aller mon cœur, file ! »
Shaw sortit du lit, attrapa ses affaires, elle se sentait vidée et bizarre. Mouais, peut-être qu'une douche et un bon déjeuner lui feraient du bien.
Le livreur arriva juste après qu'elle se soit habillée. Root avait récupéré ses affaires quand elle était aux mains de Samaritain et les avait gardées bien rangées dans un coin du dressing qu'elle avait vidé à leur intention. Shaw avait été touchée de cette attention quand elle l'avait découverte et avait été heureuse de retrouver ses vêtements, de les enfiler. Elle avait eu la sensation de se retrouver, d'être plus réelle, moins étrangère à elle-même.
La commande était parfaite, il y avait même de la bière. Elle se jeta sur son plat et dévora le tout en moins de 10 minutes. Puis elle prit le temps de boire tranquillement sa bière
« Ça t'a plu ?
- Oui, c'était excellent merci.
- Ça va mieux ? »
Shaw réfléchit un moment avant de répondre. Elle ne savait pas trop. Elle n'avait surtout pas trop envie d'analyser tout ça, elle s'attendait à ce que ce soit si bizarre si elle essayait de démêler ses sentiments que le mieux était de prendre les choses comme elles venaient sans trop y penser.
« Je ne sais pas trop...
- Sam !
- Oui, oui, ça va, dit-elle en se renfrognant.
- Sais-tu que tu es parfois… impossible ?
- Et ça te fait rire ?
- J'avoue que je trouve ça mignon ! »
Shaw leva les yeux au ciel, elle ne changerait jamais. Elle repensa soudain à quelque chose.
- Root ? Quel jour sommes-nous ?
- Jeudi.
- C'est demain...
- Oui, le matin vers 6h30.
- Je n'irai pas.
- Tu fais ce que tu veux Sam.
- Je ne veux pas y aller, ce sont des conneries tout ça, je...commença-t-elle avec colère sentant la rage et le désespoir monter.
- Sameen, personne ne te demande d'y aller. Reste ici si tu veux, je resterai avec toi.
- Okay. »
Il était déjà tard, Shaw se fit un café et le but en silence assise sur le canapé.
« Sam, ce serait sympa si tu pouvais nettoyer les armes qui sont restées dans le dressing, elles ne l'ont pas été depuis longtemps et si tu en as besoin, ce serait mieux qu'elle soient propres.
- Hum, d'accord, je vais y jeter un coup d'œil. »
Elle alla dans le dressing, décrocha les armes et chercha de quoi les nettoyer. Il y avait tout le nécessaire bien rangé dans une pochette. Shaw adressa un compliment à Root en pensée. Elle revint à la cuisine, posa les armes sur la table et entreprit de les nettoyer. Elle n'avait jamais vu Root s'occuper de ses armes, c'était toujours qui s'en chargeait quand elles étaient ensemble, mais elle savait qu'elle en prenait soin, elles étaient vraiment bien tenues et elle ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de fierté. Après ces deux armes, elle alla chercher toutes les autres et passa la soirée à les démonter et les remonter. Quand elle eut fini, elle les rangea, puis alla se coucher.
Elle fit une grimace en voyant le lit défait, mais ne dit rien, se déshabilla et se glissa dans les draps, s'enroulant dedans, s'imprégnant de l'odeur qui y flottait toujours. Elle était imperceptible, mais assez présente pour qu'elle puisse la déceler. Elle se sentait, assez bêtement elle devait bien l'avouer, en sécurité… Pire, elle trouvait du réconfort à être comme enlacée par cette odeur. L'odeur de Root. Celle-ci lui avait été indifférente avant, mais quand elle avait retrouvé Root, que celle-ci l'avait prise dans ses bras dans le parc, elle avait été happée par son odeur. Elle avait été surprise qu'elle lui revienne aussi brutalement et elle avait réalisé comme elle avait aimé, sans s'en apercevoir, son odeur, comme elle lui avait manqué. Elle repoussa l'oreiller, elle aimait dormir à plat, mais elle le laissa près d'elle et colla son nez dessus.
« Bonne nuit.
- Bonne nuit, mon cœur. »
Shaw sombra rapidement dans le sommeil un sourire aux lèvres.
Elle se réveilla le lendemain calme et reposée. Elle se fit un café, prit dans un placard de quoi déjeuner. Il était tôt. Cinq heures.
Elle s'habilla, accrocha une arme à sa ceinture, fit une rapide toilette, attrapa un double des clefs qu'elle savait rangées dans un placard de la cuisine et sortit.
Elle se laissa guider par ses pas, elle ne pensait à rien. En passant devant un parc elle remarqua une aire de jeu. Il y avait un tourniquet. Elle entra et monta dessus. Puis elle ne bougea plus. Quelques heures plus tard, des enfants investirent le parc. Certains voulurent jouer sur le tourniquet, ils hésitèrent d'abord, puis lui demandèrent s'ils pouvaient jouer. Elle acquiesça, mais resta dessus. Les enfants jouèrent alors sans plus s'occuper d'elle. Elle recommençait à se sentir mal.
« Sameen. John te cherche. »
Elle ne répondit pas.
« Je lui ai dit où tu étais. »
Shaw hocha imperceptiblement la tête, retira son oreillette et la rangea. Puis machinalement, elle porta sa main derrière l'oreille, palpant la surface lisse de la peau. Il y avait quelque chose qui n'allait pas, elle repensa à ces derniers jours, à tout ce qu'il y avait d'étrange dans son comportement et dans celui de… La Machine.
Elle vit John arriver, descendit du tourniquet et alla à lui.
« Qu'est-ce que tu veux ?
- Je viens juste aux nouvelles
- Tu veux savoir comment je me sens ?
- Comment te sens-tu ?
- Je ne sens rien du tout. »
C'était un mensonge, mais il n'en saurait rien.
« Je ne peux pas te laisser abandonner Shaw. Il faut que tu te décides à reprendre le combat.
- J'ai pris ma décision. Cette simulation craint. »
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