Ludi passe chaque après-midi devant le parc en rentrant de l'école. Les jours de beau temps, sa mère insiste pour qu'elles marchent jusqu'à la maison, pour respirer l'air frais, discuter de leurs journées et peut-être oublier les soucis durant cinq minutes. Maman tient fermement Ludi par la main. Toujours. À cause des voitures. Ce mardi-là, en contournant les hauts cyprès qui font de l'ombre au toboggan, toutes deux entendent un couinement, tout petit d'abord, puis de plus en plus fort.
« C'est quoi ? » se demandait Ludi.
En farfouillant un peu, il s'avère que l'origine du bruit est un petit chat noir, tout maigre, qui tremble dans un recoin isolé. Ludi prend le pauvre animal dans ses bras. Elle ne veut plus le lâcher. Maman, un peu contrariée, fait le tour du parc, puis du voisinage, pour tenter de déterminer à qui appartient ce chaton, sans succès. Étrange. Il y a peu de chats errants dans le coin.
La pauvre petite bête est ramenée à la maison et trouve aussitôt refuge sous un établi du garage. Sa nouvelle nounou lui trouve une belle couverture et une caisse, improvisée avec du sable de la cour dans un grand bac en plastique. Apparait une coupelle et du lait dilué avec de l'eau. Même après plusieurs coups de fil, impossible de trouver une famille d'accueil pour le petit abandonné. C'est triste. Ludi veut le garder. Comme les voisins lui expliquent que les chats n'ont pas besoin de beaucoup « d'entretien », Maman finit par être d'accord. Avec patience, le nouveau venu est nourri chaque jour, malgré la peur qui le retient sous son établi. La nuit, il pousse des petits cris et miaule. Un jour il va jusqu'au lit et essaie de grimper. Il est bien trop petit. Ce n'est pas grave. Ludi le prend et le pose à ses pieds. Tout le monde se rendort. Le lendemain, sa nouvelle maison est juste sous le lit, dans la chambre. Il ronronne quand il sent une présence rassurante, il pleure quand il est seul.
Puis finalement, ce n'est plus un problème et sa nounou aimerait l'emmener avec elle à l'école, mais jamais personne ne lui donne la permission. Alors elle attend d'être rentrée pour jouer, avec de la laine, des balles bondissantes... Même les feuilles de brouillon plaisent au petit chat. Il les déchire et les fait voler avec ses jolies pattes griffues. Il rebondit sur ses coussinets, saute et court dans la chambre et sur ses devoirs. Il est heureux.
Le petit tout crotté, au fil des jours, se remplume et regagne un poil tout doux, comme la veste en velours de Maman. Il est de plus en plus noir et ses yeux sont de plus en plus bleus. Ludi voulait aller au club de piscine le samedi, seulement elle préfère passer du temps avec le chat. Il est si gentil et il commence à découvrir la maison et le jardin. Encore heureux qu'il n'aille pas encore à la route.
Ils dorment toujours ensemble, cela devient une habitude. On dort si bien avec un ami pour veiller sur ses rêves. Dans son repos, une berceuse lui raconte l'histoire d'une vieille dame qui vivait seule avec ses chats. Elle en avait plein. Son grand rêve était de revoir ses petits enfants, mais ils ne venaient jamais. Les jeunes qui rentraient de l'école s'arrêtaient pour caresser ses amis, sans jamais lui prêter attention, elle qui aurait bien discuté avec eux. Il n'y en avait que pour les félins. Sa famille ne vînt lui rendre visite que sur sa tombe. Heureusement la grand-mère n'était pas seule. Il y avait les chats. Ils l'ont gardée jusqu'à la fin. Fidèles tel des anges. Ma voix la berça ainsi durant des lunes, pour qu'elle dorme bien et avec sérénité.
Pourtant elle croit entendre des bruits la nuit. Un jour, elle se lève. Son chaton dort dans une boîte à chaussure. Elle entend des petits bruits. Continuant à avancer, les bruits se changent en couinements, longs et plaintifs. Le garage. Nounou ouvre la porte.
« Petit petit. »
À force de chercher, elle trouve une vieille caisse de lego vide, tenue fermée par une lourde perceuse encore dans son emballage. Elle la déplace et regarde l'intérieur. C'est le petit chat. Il est maigre. Il respire difficilement. Il a les yeux fermés et pleure, de faim ou de soif.
Ludi ne comprend pas. Elle en a pris tellement soin. Tout le temps. Celui-ci est famélique. Elle l'avait nourri, pendant des semaines ! Et s'il était tout seul dans une boîte, qui était le chat qui dormait dans sa chambre ?
Elle aurait pu entendre. Elle aurait pu se retourner. Elle aurait pu le voir, se penchant au dessus d'elle, avec ses grands yeux bleus tout ronds, ses larges crocs d'argent et sa forme noire. Il souriait. Elle avait chaud.
Maman avait tant pleuré en la trouvant. Jamais elle n'entendit les cris. Jamais. Jamais.
Tout le monde disait que c'était une grande tragédie. L'enfant avait été malade pendant des mois. Les médecins ne savaient plus quoi faire. Pauvre, pauvre Ludi.
Du coup, personne ne se pose la question... Maintenant qu'elle n'est plus, qui va bien pouvoir nourrir le petit chat, laissé à l'abandon ?
N'ayez crainte. Sophie est une gentille écolière qui passe tout les jours devant la piscine...
Note de l'auteur: Ahaha! Je vous ai bien eu! Zavez cru que je serais capable d'écrire un truc tout mignon hein? Naon. Plus sérieusement, cette fiction s'inscrit dans l'Univers d'Armstrong. Attendez-vous à en voir d'autres dans le même Univers très prochainement.
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