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tome 1, Chapitre 1 tome 1, Chapitre 1

Note de l'auteur: Ceci est un crossover inspiré par Princesse Pantin de Aislune Séidirey. Il contient donc des spoilers pour cette histoire, ainsi que pour la Maison du Vampire Armstrong. EDIT: comme je compte réécrire ce dernier et si vous comptez le lire, ce texte vous gâchera une petite partie de la fin. J'ai également pris en compte Poupée qui Rêve de Diogene, même si cela n'a pas ou peu d'incidence sur le déroulement de la trame. Vous pouvez lire ceci sans rien connaître d'Armstrong ou d'Evana. N'ayez crainte. Merci à Aislune pour ses encouragements et pour sa créativité. Bonne lecture!

LA VISITE

Evana se réveilla en sursaut. Elle ne savait pas pourquoi. Son réveil ne fut accueilli que par le silence. Et pourtant elle avait la certitude que quelqu'un était là. N'écoutant que son intuition, elle se leva, puis marcha comme sur des œufs jusqu'à la porte. Elle l'ouvrit... Eut un mouvement de recul.

Là.

Là, sur le sol. Une forme.

À y regarder de plus près, c'était la forme d'une personne.

La première chose qu'elle vit fut ce grand manteau aux reflets lumineux. Elle connaissait cela. C'était du velours. C'était un grand manteau de velours bleu clair, décoré de volutes jaunes aux manches. Ce n'était pas de l'or. Elle ne pouvait pas identifier ceci. Puis elle reconnut un pantalon noir et une chemise. Éparpillés à l'intérieur et autour de ces vêtements, des bouts de corps fragmentés, à bonne distance les uns les autres, tous constitués de porcelaine. Des fils les reliaient mais ils étaient distendus. Morts. On aurait dit qu'il s'était écrasé là... Semblable à un collier de perles cassé... Un pantin désarticulé.

Cette idée la terrifia. Une peur innommable, incontrôlable. Elle voulut refermer la porte pour faire disparaître cette image à jamais, mais elle ne pouvait se mouvoir. C'était un sentiment qu'elle n'avait jamais connu et qu'elle ne pouvait calmer. Devant elle, un fragment de visage, un bout de masque blanc, figé dans une expression de grande surprise ou de grande douleur. L'emplacement de son œil droit était creux, l'autre partie manquait. Cachée derrière ce bouclier à la pâleur extrême, elle apercevait une chose rouge, brillante, molle et qui bougeait lentement, de façon régulière. Cela respirait.

Sa terreur ne fit que grandir. Une main froide l'avait saisie par la gorge et serrait, serrait si fort qu'elle avait du mal à se maîtriser. Que se passait-il ? D'où venait cette sensation ? D'où venait... Ce pantin ? Si longtemps, elle s'était demandé s'il y en avait d'autres... Tout à coup, elle entendit une voix. C'était une voix d'homme, elle avait l'air jeune et en même temps rauque, comme si elle n'avait pas été utilisée depuis longtemps.

— Qui... Qui est là ?

Les lèvres d'albâtre n'avaient pas bougé.

— Je sens bien qu'il y a quelqu'un. Qui êtes-vous ?

Elle se raidit. Elle voulait vraiment parler mais aucun son ne passait sa glotte.

— Je flaire la peur. Ma forme... Suis-je si horrible à tes yeux ? Je ne sais pas comment tu me vois. D'ailleurs, comment me vois-tu ? Je ne voulais effrayer personne.

Il avait un léger accent. Ce détail lui plut. La sensation s'estompa.

— Êtes... Souffrez-vous beaucoup ? demanda-t-elle.

— Oui... Non... Je ne sais pas. Pas comme tu le crois. Ma douleur n'est ni mentale, ni corporelle... et les deux en même temps.

— Ne puis-je rien faire pour vous aider ?

— Non, rien. Le prix n'en serait que trop élevé pour l'instant.

Il y eut un long silence.

— Je... Je suis Evana Violvet. Et vous, qui êtes-vous ?

— Je suis A...

Il se tut, le mot se coinçant dans sa gorge, devenu imprononçable pour lui. Elle sentit une grande angoisse, sans savoir exactement d'où elle provenait.

— On m'a nommé Armstrong, reprit la voix. Armstrong. Armstrong...

Il répétait ce nom comme s'il l'entendait pour la première fois. Il s'interrompit :

— Approche. Je t'en conjure. Je veux voir à quoi tu ressembles.

La terreur revint. Pourquoi la tutoyait-il tout d'un coup ? Elle ne pouvait tout de même pas rester pétrifiée jusqu'à la fin des temps ! Elle se reprit, fit laborieusement un pas, puis deux, puis trois. La peur suspendue dans l'air se changea en nostalgie, puis en quelque chose de plus chaud, de plus grand, d’éblouissant même. Quelque chose qui pouvait vous faire pleurer, mais qui n'était pas de la tristesse.

— Ah, je vois, alors mon intuition était juste. Je comprends mieux maintenant. Nous sommes pareils. J'aurais voulu te serrer dans mes bras, hélas au vu de ma condition cela risque d'être légèrement difficile.

— Je peux vous aider à vous relever...

Elle fit un pas encore.

— Non ! Surtout ne me touche pas. Ne t'approche plus. Nous ne savons pas encore quelles conséquences cela pourrait avoir.

— Mais comment êtes-vous arrivé ici ?

— Voilà une très bonne question, répondit Armstrong avec un regain d'énergie. Tout d'abord, où est « ici » ?

— Vous êtes chez moi, répliqua-t-elle.

— Certes. Mais où se trouve ce « chez vous » ?

Evana essaya de lui expliquer du mieux qu'elle put, mais plus elle parlait, plus le silence semblait s'alourdir. Elle scrutait ce masque immobile sans savoir réellement quand s'arrêter, alors elle continua... Parlant de la région, du continent, puis du soleil, de l'astronomie... Jusqu'à ce qu'elle vienne à bout de ce qu'elle considérait comme étant l'emplacement physique de ce « ici ».

— Ah, dit-il après une longue hésitation.

— Qu'y a-t-il ?

— Voilà qui est inattendu. Se pourrait-il... Cette question va vous paraître saugrenue. Y a-t-il des humains sur cette planète ?

Des humains ? En effet, cela n'avait ni queue ni tête. Qu'entendait-il par là ? N'avait-elle pas gagné le droit d'être considérée comme humaine malgré le fait qu'elle soit pantine ? Ou alors...

— Bien sûr. Est-ce si important ? De savoir qui est « humain » et qui ne l'est pas ?

— Votre monde... n'est pas le mien. Je me suis littéralement trompé de « ici ». D'ailleurs, j'imagine que ma terre n'existe nulle part dans votre Univers.

— Je ne comprends pas, murmura Evana, abasourdie.

— Je n'existe pas. En vérité, je n'aurais jamais dû être. J'ai cru émerger sur la Terre... Ma Terre. Dans les faits, j'en ai trouvé une autre. Fascinant !

Était-ce... de la joie ? De l'excitation ? Elle ne comprenait pas du tout ce qu'il essayait de dire. N'y avait-il pas qu'un seul et gigantesque Univers ? N'était-il pas infini même ? Si cela était le cas, alors comment la planète d'Armstrong ne pouvait-elle pas y figurer ? Tout cela s'embrouillait dans sa tête. Cela n'expliquait en rien sa présence en mille morceaux sur son sol de pierre.

— Je perçois la confusion sur ce regard. S'il vous plaît, laissez-moi demeurer chez vous un peu plus longtemps. J'aimerais beaucoup étudier cette découverte.

— Pourquoi me vouvoyer à nouveau ?

— Vous sembliez gênée par le tutoiement.

— Comment... ?

— C'est bien simple, expliqua patiemment Armstrong. Ne sentez-vous pas mes émotions simplement en étant dans cette pièce ? Il en est de même pour moi. J'ai senti votre gêne qui flottait dans l'air. Cela arrive parfois. Comme je suis une anomalie dans cet Univers, vous me servez probablement d'ancrage dans le réel. Bien d'autres choses vont changer, vous verrez.

Quelle étrange révélation. Elle crut un moment qu'il sous-entendait qu'il était là à cause d'elle. C'était pourtant impossible. Et malgré tout, ces fils coupés d'Armstrong... La pantine baissa les yeux sur ses propres liens, sectionnés il y avait de cela des lustres. Ça ne pouvait pas être une coïncidence, son esprit se refusait à le croire. Il fallait qu'elle sache.

— Le tutoiement ne me dérange pas. À condition que je puisse l'utiliser aussi.

— Et bien c'est entendu. Evana Violvet... Je suis exténué. Puis-je avoir un moment de repos ? J'ai besoin de dormir.

Elle hocha la tête avant de s'éclipser en refermant la porte derrière elle. Le monde était décidément un endroit bien surprenant. Aussi imprévisible que merveilleux.


Texte publié par Yon, 6 août 2016 à 09h06
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