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"Ferme-là." lui réponds-je d'une voix étonnamment grave et tremblante. Cette dernière se tourne vers moi pour m'adresser un clin d'œil. Je ne l'aime pas.

Nous marchons pourtant côte à côte à travers un dédale de couloirs tous semblables entre eux. Nous empruntons divers escaliers pour descendre je ne sais combien d'étages en-dessous.

"Sais-tu qui est le propriétaire de ce majestueux château ?

- Rien à foutre.

- Il s'agit d'Edward Schild. Il est celui qui organise ces festivités, un véritable gentleman.

- M'en fous.

- Il est le fruit de madame Marie-Hélèna Schild et son cousin et mari, Gui Schild.

- La consanguinité fait des merveilles, à c'que je vois."

Elle n'ajoute rien de plus, je pense qu'elle a fini par comprendre, suite à mes réponses quelque peu désobligeantes, qu'elle m'ennuie.

Nous sommes au rez-de-chaussée et pourtant nous dévalons encore quelques marches. Je commence alors à sortir une arme cachée dans la manche de ma robe. Je dois me montrer méfiante : elle connaît mon prénom et elle sait que je suis une Humaine Génétiquement Modifiée.

Est-elle l'une des leurs ?

Où est Alexeï ?

Et Antoine ?

Je commence à paniquer. J'ai besoin d'air. Nous aurions dû prévoir des oreillettes pour communiquer.

"Respire Fleure, je ne te ferai aucun mal. Détends-toi ! Respire... respire... le vent ?"

Elle rit de plus belle, d’un rire aigu et fou, tandis que je la fixe d'un air blasé. Je prends néanmoins ses conseils en compte et je respire longuement.

Nous nous enfonçons profondément sous terre en empruntant le chemin qui mène au sous-sol. Au loin, je peux entrevoir une faible lueur. J'interroge ma nouvelle partenaire du regard et celle-ci me répond d'un sourire amusé. Je lève les yeux au ciel : elle m'irrite.

Nous passons à côté d'un homme à terre, il semble avoir reçu un méchant coup sur le crâne.

"Il ne voulait pas me laisser passer... Le méchant !" émet-elle d'un ton des plus joviales.

Mais qui est cette femme ?!

Je l'observe avec plus de minutie : elle est grande, assurément plus grande que moi et notamment plus enveloppée. Elle possède une longue chevelure ébène, en plus d'un regard charbonneux, comme fait d'acier. Il vous transperce l'âme, en dépit de sa frivolité.

Nous parvenons jusqu'au pas de l'escalier et... j'hésite à entrer.

Notamment parce que je peux clairement entrevoir la réflexion d'une lumière bleue semblant clignoter sur le sol. Cela me rappelle vaguement quelque chose.

Un horrible frisson me parcourt : Les expériences.

Je n'aurais jamais dû porter secours à Alexeï ! En fait, j'aurais dû le laisser crever dans la ruelle et fuir comme j'en avais l'habitude.

Toutes mes résolutions s'envolent dès que j'entre dans l'immense pièce éclairée par des sortes de cercueils de verre, disposés verticalement, et semblant être remplis d'eau. Sur les côtés de ces étranges objets se trouvent des ordinateurs qui y sont reliés par une multitude de câbles noirs et épais.

Cela donne une allure lugubre, austère, s'avérant intensifiée de par les taches de sang qui maculent le sol.

Je retiens difficilement un haut-le-cœur lorsque j'aperçois un corps humain en pleine décomposition au fin fond de la pièce.

"Alors, incroyable, n'est-ce pas ? Ca n’a pas changé, depuis la dernière fois ! s’exclame l'inconnue. Le bureau est au fond, à côté de la madame ! Les documents qui 'y trouvent devraient t'intéresser, Fleure. Il me semble que c'est ce que tu cherches."

Je ne l'écoute pas, l'odeur est infâme, ma tête tourne, je me sens presque... défaillir. Reprends-toi, Fleure. Tu es plus forte que ça.

Je m'immobilise, j’entends des bruits provenant du couloir : quelqu'un est en approche.

La mystérieuse demoiselle semble elle aussi l’entendre.

Nous nous adressons un regard complice.

De qui peut-il bien s’agir ?