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tome 1, Chapitre 10 tome 1, Chapitre 10

Alexeï entre dans la pièce après avoir consciencieusement fermé la porte. Je suis sur mes gardes, maintenant debout, immobile, tendue. Nous nous toisons du regard. C'est une véritable bataille, une guerre visuelle que nous menons là.

Il porte un pantalon de sport noir, en plus d'un t-shirt mettant en évidence sa... carrure particulièrement développée. Mes prunelles observent le détail sans aucune impunité. Ses bras dénudés sont couverts de vieilles cicatrices, lui donnant une allure... sauvage.

Elles me rappellent notre première rencontre.

Il avance lentement et je me surprends à en faire de même. Nous sommes tous les deux au milieu de la pièce, à nous tourner autour, tels deux fauves prêts à se jeter l'un sur l'autre à tout moment.

Ne comptant pas me faire dominer par ce dernier, j'entame donc le premier mouvement de cette danse. Je redresse ma main gauche, discrètement, créant un angle droit avec son dos et mon poignet. Des deux éminences de ma main, je frappe avec une incroyable violence sa cage thoracique. Ce geste le surprend et il se retrouve le souffle coupé, de par la puissance calculée de mon coup. J'aurais pu aisément le tuer si j'avais frappé plus fort. Il recule et, finalement, se ressaisit en tentant un uppercut. Je le laisse faire, je me le reçois en pleine mâchoire, non pas que je sois maso mais je suis simplement curieuse de connaître la portée et la puissance de ses coups. C'est amplement supportable.

Les attaques fusent des deux côtés, nous sommes violents et brutaux dans chacun de nos gestes. Nous ne nous épargnons pas. La pitié n'a pas sa place. C'est une lutte endiablée, déchaînée, se terminant par un plaquage en bonne et due forme contre l'un des murs de la pièce.

Essoufflés, nous nous épions.

Et, cette fois-ci, je prends le temps de contempler ses beaux orbes clairs, sa mâchoire carrée, son nez légèrement tordu, trahissant de multiples brisures. Je remarque ses qualités comme ses défauts, ces derniers ne le rendant que d plus séduisant à mes yeux. Je hume son odeur légèrement épicée, il ne met pas d'eau de cologne ou de parfum donnant irrémédiablement mal à la tête. Il s'agit là de son odeur naturelle, douce, piquante et enivrante. Ses pupilles, comme les miennes, sont dilatées. Son visage se rapproche lentement du mien...

Puis il recule brusquement, mettant un terme à ce moment magique, presque enchanteur. Son regard se fait orageux et une grimace dégoûtée déforme ses traits. Je détourne les yeux, je n'ai guère envie de voir cela. Un déplaisant sentiment de déception fait son apparition. Je prends alors la parole :

"Ils ne se sont pas seulement contentés d'étudier mon génome, ils me l'ont modifié ! Mon corps... mon ossature... mes muscles... mon cerveau... mon ADN... Ils ont pensés à tout. Vraiment, à tout. J'veux dire... ils ont placé une puce RFID dans mon cerveau, et en plus de leur transmettre diverses données, de pouvoir me géolocaliser. Ils l'ont modifiée, de sorte qu'elle envoyait une légère impulsion électrique qui leur permettait de prendre le contrôle. Pour le génocide survenu en Europe, il ne s'agissait nullement d'actes sciemment pensés et exécutés... Non... Ils nous contrôlaient !"

Je me rends compte qu'il m'a entre temps prise dans ses bras. En fait, depuis que j'ai commencé à pleurer. Je suffoque, je commence à peiner à respirer et mon cœur... mon cœur est si douloureux...

"Je... je les tuais... Femmes et enfants... Je ne pouvais m'en empêcher... C'était..... c'était... Je suis un monstre..."

Son étreinte se resserre et il prononce des doux mots russes dont je ne comprends pas la signification. Je sanglote misérablement et lui tente tant bien que mal de me rassurer, de me consoler. Je me love contre son torse chaud, je plaque mon oreille contre sa poitrine, et je me laisse bercer par les battements saccadés que j’entends. C'est chaud, doux... particulièrement agréable. C'est empreint d'une indéfinissable tendresse.

La voix d'Antoine tonne soudainement depuis le couloir, mettant un terme à ce moment idyllique.

" JE VAIS LA TUER ! JE PRÉPARE MA SERINGUE !!!"

Il entre alors en trombe dans son bureau et se stoppe net face à nous.

Dans un premier temps, ses orbes noisette s'écarquillent, comme s'il ne pouvait croire en ce qu'il voyait. Il se frotte les mirettes et, lorsque l'information semble parvenir dans son cerveau de génie atrophié, il s'exclame :

"Hey mais... vous savez qu'il existe des chambres pour ça ! Et des chambres, ce n'est pas ce qu'il manque ici !

- Petit homme, il nous faut revoir nos plans, émet la voix forte du russe, et cesse de dire des bêtises."


Texte publié par Fiorthnir, 17 avril 2017 à 14h07
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