"Vous êtes complètement désaxés ! Mais bon sang, qu'est-ce que j'aime ça ! s'exclame, extatique, Antoine. Je peux vous fournir armes, munitions, papiers d'identité, invitations... Ce genre de futilités ! J'ai toujours rêvé de jouer les espions ! Mon Dieuuuu !
- Calme-toi, petit homme. Je ne suis pas d'accord avec l'idée de la demoiselle, prononce le russe tout en se tournant vers moi. Comment pouvons-nous te faire confiance alors que nous ne connaissons pas même ton vrai nom ?
- Je ne vous révelerai pas mon identité, réponds-je à l'adresse des deux hommes, faites avec. Mais nous avons tous deux intérêt à collaborer puisque nous cherchons des réponses détenues par les mêmes personnes."
Je me penche alors vers lui, chuchotant d'une voix basse, grave :
"Ils n'ont pas seulement détruit ma vie, non. Ils sont les auteurs de massacres de masse ! J'ai fait des choses... malhonnêtes, à cause d'eux ! Vois ça comme une façon de me racheter. Je compte venger les milliers de vies humaines qu'ils ont détruits.
- C'est... poétique ! Presque... héroïque ! Vraiment, je suis impressionné, se moque gentiment Antoine sur un faux ton dramatique. Concernant le château de Ferrière, il nous sera accessible puisque les Schild y donnent une réception." reprend-il avec une gaieté qui me donnerait presque la nausée.
Suite à cette annonce, il nous distribue deux cartons d'invitation.
Les Schild, famille à la tête de la banque centrale de France. Cela me rappelle des souvenirs forts désagréables. De ce que j’ai pu apprendre chez eux, les Schild finançaient leurs travaux.
"Je peux vous assurer que personne ne nous remarquera ! J’ai un plan !" finit-il par conclure savamment.
Je le sens étrangement mal, son ‘plan’.
Certaines choses ne sont pas faites pour exister, et je suis on ne peut plus sérieuse.
Par exemple, le recourbe-cils. Cette chose ressemble à un instrument de torture ! C'est absolument abominable !
Oh ! Et parlons du maquillage : ça te bouche les pores ! T'as l'impression d'avoir de la peinture sur le visage, c'est désagréable. Je déteste cette sensation sur ma peau ; j'en ai des frissons.
Et la cerise sur le gâteau : les vêtements faits sur-mesure.
Il n'y a rien de plus insupportable qu'une femme qui te pique la peau après t'avoir recouverte de tissus !
Et vas-y qu'elle me pique encore et encore ! Et elle ne s'excuse même pas ! Je m'insurge, je le lui fais remarquer, mais elle n'en a rien à faire !
Non, en fait, le pire... ce doit être ce coiffeur venu s'occuper de ma tignasse ébène.
Oui, j'ai fait une couleur. Oui, c'était de la mauvaise qualité. Oui, mes cheveux sont abîmés. Et oui, tu as le droit de fermer ta bouche !
Pourquoi fais-je cela déjà ?
Ah... oui... Pour sauver le monde.
Enfin... "sauver" le "monde"... C'est un peu prétentieux, dit ainsi.
Mon ton austère, presque insultant envers ce cinoque personnage, ne semble pas le moins du monde le perturber. A croire que je ne fais peur qu'à moi-même.
Antoine semble l'apprécier puisque depuis qu'il est là, il ne cesse de nous tourner autour. Alexeï aussi s'est joint à la partie, mais lui reste immobile dans un coin de la pièce.
Mon regard suppliant ne semble pas ne serait-ce que l'alerter.
"Ah ben... C'est qu'il va falloir couper tout ça, ma petite demoiselle !"
Couper ? Petite ?! Je serre les poings. Mais je suis d'accord pour couper : les cheveux longs, c'est pas pratique lors d'une mission d'infiltration.
"Quelle était ta couleur naturelle, ma chérie ?
- Rousse, co-"
L’air qu’affiche Alexeï ne m’incite absolument pas à finir.
Le coiffeur, lui, hoche la tête.
Antoine s'amuse comme un petit fou. Il me fixe moqueusement et il se permet quelques critiques : je lui réponds avec mon majeur dressé.
Je réitère mes propos : la crème de la crème, la cerise sur le gâteau, le plus insupportable, c'est l'épilation !
Il n'y a rien de pire, rien de plus douloureux, que de sentir une bande de cire brûlante sur la jambe être sèchement retirée !
On n'arrache pas seulement les poils, non... Ce serait trop simple, trop gentillet. Non, non... On te retire aussi la peau ! J'en suis sûre !
En fait, je n'ose pas regarder.
"Ça va ? J'vous fais pas trop mal ?" me demande-t-elle d'une voix exécrable.
Je serre les dents, sans un mot, mon regard est on ne peut plus expressif.
En l'état actuel des choses, je préfère souffrir en silence.
Pourquoi me fait-on subir ça ? La robe cachera bien mes jambes, non ? Non ?!
Et la thermorégulation ? Comment je fais pour réguler ma température interne ? Car en effet, en plus de nous protéger du froid, il s'avère que les poils nous servent également à réguler notre température interne !
Ils nous sont fort utiles.
Antoine, après eux, tu es le prochain sur ma liste.
Esthéticienne sadique, ton tour viendra aussi un jour, n'aie crainte.
Ce fut une journée éprouvante, horrible. Antoine m'assigne une chambre, celle qu'occupait Alexeï. Ce dernier dort désormais sur le canapé d'angle du grand salon.
Je m'endors les jambes tremblantes, le regard empli de haine mais le cœur étonnamment léger. Pour la première fois depuis bien longtemps, un sentiment de sécurité me berce, avant que je n'aille rejoindre les bras de Morphée.
Et ce, en dépit des rudes événements qui nous attendent demain.
Cela promet d'être... fastidieux, mais diablement enrichissant !
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2782 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |