Une porte claque puis la voix d'un inconnu retentit. Une seconde se fait également entendre, mais elle est plus grave et possède un petit accent russe et reconnaissable entre toutes : il s'agit de Bobby.
Mon crâne semble vouloir imploser, m'irradiant d'une douleur écrasante. Et cela me rappelle de bien sombres années.
"Tu es encore plus fou que je ne l'imaginais !
- Mais je voulais seulement la disséquer..."
Ces deux hommes se disputent... Ne peuvent-ils pas se taire, bon sang ?!
J'entrouvre les yeux mais, éblouie par la vive lumière du jour, je les referme rapidement.
Une question des plus singulières me vient à l'esprit : où suis-je ?
La dernière chose dont je me souviens est la voix exagérément chaleureuse de Bobby me demandant de me taire. Pourtant, lentement, tout me revient en mémoire : l'alcool, le violeur, les berlines noires et... eux.
Faisant fi de mes maux, je me redresse brusquement mais avec de réelles difficultés.
"Tu voulais la... la quoi ?!
- La disséquer... Un tout petit peu ! Mais... comprends-moi : elle doit être l'un des rares détenus à avoir survécu à leur projet azimuté, à leur machination perverse ! Comprends que je ressens l'intense besoin de l'étudier.
- Il est hors de question que tu la tues !
- Alexeï, souffle l'inconnu, elle est réveillée."
Alexeï... ?
Bobby se nomme donc Alexeï ?
Et l'inconnu souhaitait disséquer qui ? Moi ?
Que se passe-t-il ?
"Occupe-toi d'elle et ne la tues pas." ordonne, d'une voix d'où l'on peut entrevoir de la colère, Alexeï. J'entends par la suite la porte claquer brutalement, j'en déduis qu'il est sorti et qu'il est effectivement contrarié.
L'autre homme pose sa main sur mon épaule et, par une légère pression, il me contraint à m'allonger de nouveau. Je lui obéis sans lui opposer la moindre résistance, je me sens bien trop affaiblie.
Il chantonne joyeusement un air que je ne connais point et il semble le remarquer puisqu'il lève un sourcil tandis qu'un sourire moqueur étire ses lèvres.
"Aucune culture musicale... c'est affligeant !
- Je t'emmerde, lui réponds-je durement. Les yeux légèrement plissés de par la vive luminosité, je le fusille de ces mêmes prunelles.
- Et moi c'est Antoine, enchanté !"
Cet homme...
Je lui offre mon regard le plus noir et la silencieuse promesse de l'éviscérer s'il recommence ne serait-ce qu'une seule fois à me mépriser. Mais ça n'a pas l'effet escompté puisque non seulement il se remet à siffloter, mais en plus cet importun ose tapoter le bout de mon nez de son index.
Je serre les poings, ressentant le vif besoin de lui en coller une.
"Qui es-tu ?" lui demandé-je, tandis qu'il semble chercher quelque chose dans la pièce. Il se met, par ailleurs, à fouiller dans l'un des tiroirs d'un bureau en bois se trouvant à deux pas du lit. Il peste à maintes reprises avant de me répondre :
"Antoine, je l'ai déjà dit. Et toi ? Lyuda ? Laisse-moi rire. Ce nom ne te sied guère. Tu n'as rien d'une Russe. Pas même l'accent ! J'en déduis que tu as là une fausse carte d'identité. Non, en fait, je l'affirme. J'ai contrôlé la bande MRZ, la clé de sécurité est incorrect.
- Bravo Sherlock. J'ai pris ce qu'il y avait en magasin." lui rétorqué-je avec amertume. Cette situation semble le divertir. Et maintenant que j'y pense...
"T'as essayé de me disséquer ?!!
- Tu as entendu ça ? Eh bien figure-toi que oui."
Sans me prévenir, il retire brusquement les draps du lit pour les déposer à même le sol. Il semble on ne peut plus satisfait par ce qu'il voit, ses yeux pétillent d'émerveillement.
C'est diablement gênant.
Il commence alors à palper le muscle de mon mollet droit.
Pervers, de surcroît ?
"Mais regardez-moi ça ! On dit, dans certains rapports, que les muscles sont renforcés avec des nanofibrilles de titane, et que pour supporter ce surplus de masse, les os sont couplés à de la fibre de diamant. C'est un procédé totalement fantasque, et je suis ravi d'avoir eu un des ces prototypes sous la main !"
Non, juste complètement taré.
En revanche, ce qu'il m'annonce là me fait froid dans le dos. Il sait. Il sait précisément ce qu'ils m'ont fait et cela semble le fasciner.
"Donc, quelle est ta véritable identité ? me demande-t-il tout en commençant à m'ausculter.
- Ça t'regarde pas, répliqué-je froidement.
- Quelle femme agaçante tu fais.
- Je ne t'ai pas autorisé à me tutoyer.
- Moi non plus, me dit-il tout en semblant fier..
- Tch."
Détournant le regard, les sourcils froncés dus à l'exaspération qui m'étreint, je découvre que le mur opposé à la porte d'entrée n'est nul autre qu'une gigantesque baie vitrée. La vue est à couper le souffle ! Le paysage présenté semble être celui d'une mégapole fourmillant de vie. Ce doit être magnifique la nuit.
"C'est beau, n'est-ce pas ?
- Incroyable...
- Je sais. C'est pour cette raison que je me suis offert cet hôtel, me confie-t-il avec une étonnante douceur.
- Nous sommes dans un hôtel ?... Votre hôtel ?! m’exclamé-je tout en me tournant vers Antoine, fort étonnée par cette nouvelle des plus déconcertantes.
- Oui, mon hôtel. En fait, j'investis dans plusieurs secteurs d'activité, desquels l'hôtellerie fait partie."
C'est à n'y rien comprendre.
Antoine, riche homme d'affaire semble être ami avec une espèce de psychopathe à la botte du gouvernement Russe et nommé Alexeï.
"On se croirait presque dans un mauvais film hollywoodien. Entre nous, et ne me mentez pas, je le saurais, Alexeï est un agent du KGB, n'est-ce pas ?
- Absolument ! entonne-t-il avec gaieté.
- Mais... et vous ? Un espion ne peut être ami avec n'importe qui. On pourrait penser, à prime abord, que vous êtes médecin. Mais il n'en est rien. Vous êtes polyvalent : médecine, science, économie, commerce... Je me demande jusqu'où s'étendent vos capacités. Je vois un diplôme du MIT accroché au-dessus de votre commode. Génie électrique et informatique. C’est ça ?
- Vous êtes perspicace. Fort bien, à mon tour de dresser votre curriculum, mademoiselle : une peau parfaite, des muscles d'acier, un corps puissant, une force quasi-surhumaine, un cœur défectueux, un regard acéré et une peur inconditionnelle envers le genre humain. Et vous, Lyuda, qui êtes-vous réellement ? Commencez donc par votre véritable nom, je vous en prie."
Ne voulant répondre à cette question, je garde le silence.
Je l'observe avec minutie, sans gêne aucune. Antoine est un jeune homme excentrique, tant dans son apparence que dans son comportement.
Ses cheveux bruns, en bataille, et son regard noisette, vif et pétillant d'une lueur malicieuse, lui donnent une apparence on ne peut plus charmante, pour ne pas dire attirante. Il ne semble cependant pas pouvoir tenir en place. Serait-il hyperactif ? Cela ne m'étonnerait même pas.
Timidement, j'ose finalement reprendre la parole :
"Antoine... Je... Je m'appelle..."
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