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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Une personne dite “normale”, confrontée à ce type de situation, fuirait le plus loin et le plus vite possible.

Un héros, quelqu'un de stupide mais pas moins courageux, lui, se mettrait directement en action.

Comme en sautant sur la rambarde du premier étage sur le côté de l'immeuble afin de pouvoir gravir les étages au-dessus, jusqu'à parvenir à mon appartement. Puis, habilement, il neutraliserait dans la plus grande discrétion chaque homme susceptible de lui nuire.

Mais le fait est que je ne suis ni normale, ni une héroïne.

Je me retrouve agenouillée sur le sol, les mains liées et posées contre ma poitrine. Le souffle me manque et je peine à former une pensée un tant soit peu cohérente. Je suis en pleine crise d'angoisse et je ne cesse de me tourmenter : ils m'ont retrouvée. Ils vont me tuer.

Je regarde de nouveau cette rangée de voitures, en me balançant d’avant en arrière. Quel horrible tableau.

Les lumières de l'immeuble sont toutes allumées, sauf celles de mon appartement et sur le coup, ce détail ne me surprend guère, mon esprit est ailleurs.

Je suis impuissante et cela m'effraie.

Je détourne mes pupilles dilatées pour fixer le bitume sale et humide.

Elles restent strictement rivées sur ce sol impur. Je n'entends alors plus qu'un long bourdonnement, tandis que mon cœur ne cesse de battre dans un rythme spasmodique. C'est douloureux, j'oscille, je me sens tourner de l'œil. Je ne vais pas tenir, je me sens défaillir, faiblir...

Vais-je mourir ?

Vont-ils me tuer ?

Cette idée m'obsède.

Ils vont m'exécuter.

Ils l'ont déjà fait une fois, ils n'hésiteront pas à recommencer.

Ils ne cessent de me torturer !

Je me redresse alors brusquement, mon regard se retrouve dès lors braqué sur ce ciel que les ténèbres dominent.

C'est la fin. Je suis finie. À quoi bon continuer... ? Fuir, fuir et toujours fuir !

C’en est assez !

Je prends une grande inspiration et, à l'instant où je m'apprête à crier, une main se pose sur ma bouche pour m'en empêcher. Une lame se retrouve glissée sous mon cou et une voix familière murmure, contre mon oreille, l'ordre de me taire. Ce que je fais sans demander mon reste.

Nous patientons quelques minutes, qui me semblent être des heures. Le temps se déforme lorsque l'on se retrouve sous l'emprise de l'adrénaline. C'est un état particulier qui laisse un goût amer, fort désagréable, mais pourtant utile lors des combats. De vieux souvenirs me reviennent et je les chasse rapidement en me mordant la langue.

“Bobby…” ne puis-je m'empêcher de chuchoter après que sa main a libéré mes lèvres. Quand bien même chargée de menace, sa voix m'apaise et sa présence parvient à me calmer. L’angoisse oppressante résultant de ma peur d’eux me quitte, m’abandonne, et me laisse groggy.

J'inspire et j'expire profondément, longuement, tout en l’écoutant me questionner au sujet de ce "Bobby". Je ne lui réponds pas directement, j'ai besoin d'air, mais respirer m'est toujours aussi douloureux. Il retire la lame de son poignard de sous ma gorge.

Les palpitations ralentissent tandis que la douleur s'estompe. Si précédemment je me sentais mourir, je me sens à présent revivre. C’est cela ! C’est vivifiant.

Je suis donc détendue, notamment grâce à la forte production d'endorphine excédentaire.

Je suis défectueuse.

Bobby me regarde avec inquiétude, mais je suis bien trop engourdie pour m'en rendre compte. Je lui adresse un petit sourire désolé et cela semble le surprendre, le choquer. Il est presque déstabilisé par cette émotion que je lui offre.

Pauvre garçon, pensé-je moqueuse.

Il fixe mes lèvres tirées et ses prunelles s'assombrissent d'une bien étrange façon. Subjuguée, je l'observe avec plus de minutie. Mes yeux effectuent un zoom, tandis que j'analyse ses traits crispés et la légère couleur rosée teintant ses joues. Penchant ma tête sur le côté, je me demande ce que cela signifie. Une indescriptible chair de poule remonte le long de ma colonne vertébrale, jusqu'à ma nuque et, clignant des yeux, je retrouve une vue parfaitement normale.

C’était quoi, ça ?

Glissant un bras sous mes genoux, et un autre sous mes aisselles, il me soulève pour me porter et, ainsi, rapidement m'éloigner de ce dangereux endroit. Je contemple ce lieu qui fut durant un temps mon foyer et un sentiment de nostalgie m'envahit. Mes affaires... ? Je n'en ai guère besoin. Je n'ai rien de personnel, ils m'ont déjà tout pris.

Le monde autour de moi commence à tanguer puis les ténèbres m'emportent, sans préambule aucun.

Je... m'évanouis.


Texte publié par Fiorthnir, 1er avril 2017 à 14h22
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