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Passé le seuil, c’est passé le temps, il en demeurera toujours quelque chose. De l’autre côté, à la manière d’un miroir, les portes vous narguent.

Interminable corridor !

De laquelle surgit donc cette voix qui déclame ses vers depuis l’au-delà ?

Poussez ! Frappez ! Écoutez !

Odeur de poussière, parfum de misère.

Flottent les grains de mystère dans la lumière.

D’où donc s’en jaillissent ces notes, à l’écoute desquelles le cœur se fige, l’esprit se brise.

Paroles écrites, paroles maudites.

Que sont donc ces mots lancés au-delà de toute raison ?

Spectre courbé sur son piano, l’ombre fredonne ses paroles comme autant de poisons.

Sont-ce donc ses doigts que l’on aperçoit, dépassant de l’huis branlant ?

Ose donc t’en venir ! clame aussitôt le spectre contrefait, avant de s’enfuir.

Sur le seuil, nulle présence, nul silence, mais toujours ses notes, sourdes et aveugles qui heurtent les tympans.

Pestilences, maléfices, charmes, sortilèges, autant de diables jetés hors de leurs boîtes, la musique fascine, dessine, ombres aveugles spectatrices, tandis que, dans la pénombre, se dérobe au regard la silhouette d’un instrument de valeur, devenu malheur.

Sur le mur, crâne blanc sur fond noir, verge à la main, enveloppée de soir et de nuit, une camarde, à la peau grise, sourit.

Couché sur le lit, celui qui gît, celui qui écrit.

Sa voix dolente toujours jaillit, accompagnée par un piano sans vie.

Ricanante, elle s’approche, glissant ce canif sur son visage assoupi, dessinant sur ses joues livides, ce sourire qui lui manque tant.

— Qui suis-je ? susurre-t-il, étirant sa chair au clair.

— Je suis Maldoror et mon créateur se nomme Lautréamont ! Comte de Lautraémont !