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Qui le retenait encore ?

Accoudé à la balustrade, il contemple les péniches qui naviguent sur les eaux noires.

Que cela pouvait-il signifier ?

À leur surface, il devine le reflet blafard de la lune pleine et des lampadaires qui bordaient les quais. Ce soir, il ne sera nulle part, il se promènera entre terre et ciel, entre ciel et mer, à la recherche de ces deux êtres qui pourraient n’être que des chimères.

À l’entrée de son repaire, il a laissé un mot en forme de songe. Perché sur son épaule, son sombre compagnon fixe l’horizon, puis se détourne avant de s’envoler ; il ne le retiendra pas.

Sur les quais bordés de lumière, il s’imagine une plage, une plage de sable, dont les grains seraient de la couleur du soir. Étendu, il fermerait les yeux et écouterait le doux clapotis des vagues qui s’échoueraient sur le rivage.

Peut-être un ange serait là ? Ou pas ?

Non, il serait seul et aux étoiles, il s’adresserait et raconterait une histoire, une histoire dans le noir, une histoire dans le soir.

Une histoire sombre et bizarre dont il serait tout à la fois le narrateur et le spectateur, l’histoire d’un homme amoureux d’une renarde et d’un papillon noir.

De ses doigts il en dessinerait les silhouettes dans le sable et les contemplerait, jusqu’à ce que la marée les efface, jusqu’à ce que la marée les défasse.

Amer, il regarderait les eaux dévorer les chimères, puis il les abandonnerait et s’en retournerait de là où il venait.

Était-ce ainsi que doit s’achever l’histoire ? Avant même qu’elle ne soit commencée ?

Penché sur les eaux noires, il aperçoit son reflet, comme une ombre dont les yeux incandescents danseraient à leur surface, une femme papillon noir à son bras ; au sien, une femme renard.

Onze heures, minuit, une heure le temps n’est plus, tout est confondu.

Du fleuve, la réflexion se détache, son double lui sourit, lui aussi.

Comme dans un miroir, ils seront désormais deux aux comptoirs, avant minuit, après minuit ; deux amants du soir, renarde, papillon noir.