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volume 17, Chapitre 3 « Quatre Amours : Papillon Noir » volume 17, Chapitre 3

Le temps passait.

Parfois, il croyait la surprendre, mais ce n’était qu’une ombre évanescente ; seul brillait encore l’éclat d’argent de sa présente souvenance. D’elle, il ne lui restait que cette touffe de poils qu’il avait recueillie par terre et qu’il avait alors enchâssée dans une bille de verre.

Le temps passait, mais jamais il n’oubliait.

D’autres clients venaient, des habitués, des étrangers et, toujours, avec le sourire, il les servait, sans jamais cesser de leur soustraire un peu de leur mystère.

Ainsi en fut-il jusqu’à son apparition.

Nimbée d’ombre et de feu, elle avait paru à la porte de son établissement, alors même que la nuit enveloppait à peine les rues. Elle avait poussé la porte et s’était engouffré une nuée chargée de fragrances et de souvenances. Habillée d’une robe fourreau dont le col s’élevait à hauteur de ses cheveux noués en un chignon, elle ressemblait à une fée dont les ailes auraient été repliées.

À elle comme aux autres, il avait adressé quelques mots. Mais de ses paroles échangées, il n’en conservait mémoire, comme si à chacune de ses venues elle emportait avec elle les traces de son passage.

Assise au bar, toujours à la même place, elle échangeait, chaque fois, avec lui ce même regard, empli de choses et de visions, qu’il métamorphosait en des compositions à jamais différentes.

S’adressait-elle à lui, ou n’était-ce que les pensées d’une amoureuse éconduite ?

Derrière son comptoir, il la contemplait nimbé dans ce voile de nigredo qui semblait ne jamais vouloir la quitter.

Les heures passaient, parfois des gens s’en venaient, d’autres s’en allaient ; minuit arrivait et elle se retirait.

Parfois l’envie lui venait de la retenir, comme autrefois une autre femme, d’or et d’argent. Pourtant, il n’en faisait rien et la laissait partir, son cœur roidi, sa main refermée sur le vide.

Deux flammes animaient son cœur, deux flammes qui le rongeaient de l’intérieur, deux flammes qui le plongeaient dans la stupeur, dans la torpeur.

Était-ce lui qui parlait pour elle lorsqu’elle lui adressait la parole ? Ou bien était-ce ses mots à elle qui, ainsi, l’ébranlaient.

Mais alors qu’un soir, à sa poursuite, il s’élança, cependant qu’elle avait franchi le seuil de la porte, un papillon voleta dans le noir, un papillon noir dont les ailes étaient tachées de sang.


Texte publié par Diogene, 25 mars 2021 à 08h35
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