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volume 17, Chapitre 1 « Quatre Amours : Interdit » volume 17, Chapitre 1

Que voyait-il derrière son comptoir ?

Ombre dans la lumière, ses gestes étaient toujours pleins d’attention et de délicatesse lorsqu’il emplissait un verre ou le tendait. Un mot, un sourire, jamais il n’en manquait quand les gens s’adressaient à lui.

Le visage dans l’ombre. Devinaient-ils ses yeux qui les scrutaient, qui les mettaient à nu ?

De leurs âmes ainsi mises à nu, il façonnait alors des merveilles, cependant que le comptoir il posait, intrigant, un verre.

De carte, il n’en proposait pas, les gens lui parlaient et il créait. Des mots, des paroles qu’il échangeait, il volait les sentiments, les émotions, puis de ses sensations il choisissait les amants en bouteille et les mariait.

Parfois, il se trompait. Oh ! cela n’arrivait guère et alors une larme tombait. Minuscule, invisible, jamais personne ne la voyait, mais lui si, dans le reflet.

Ronde, elle roulait sur sa joue, se figeait sur son menton, puis achevait sa course. Un voile d’ombre passait alors sur sa figure et il se souvenait.

Était-ce des souvenirs douloureux, orageux, fâcheux ?

Peut-être, car alors il sentait son cœur se fermer et il n’entendait plus les sons ; ces petites choses qui le guidaient quand sa main se tendait.

Mais jamais cela ne durait et il retrouvait bien vite son sens de l’à-propos, échangeant, murmurant, chuchotant, susurrant, soutirant.

Souriant, il attrapait alors flacons et contenant, bouteilles de verre et de métal, glaçons et autres tranches de citron. Et sous les yeux médusés, les métamorphosait en d’improbables créations.

Pourtant, en son cœur, sourdait une vieille douleur, que chaque fois les larmes ravivaient.

Ses gestes de féeriques devenaient mécaniques, machinique, sa gouaille se teintait de glace et d’angoisse, ses yeux s’obombraient de gris. Mais personne ne le remarquait, car tel n’était point le reflet qu’il offrait.

Retiré en son sein, il échangeait alors sa place avec cette marionnette qui vivait de l’autre côté du miroir. Ainsi fait, il demeurait et laissait libre cours à ce chagrin qui, jamais, n’en finissait, cette mélancolie qui, toujours, le rongeait, un spleen qui se nommait amour.


Texte publié par Diogene, 24 mars 2021 à 22h28
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