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volume 16, Chapitre 3 « Quatre Femmes : Pâle » volume 16, Chapitre 3

De merveilles et d’écarlate, ainsi se paraît Pâle lorsqu’elle cheminait entre les étoiles, attrapant au passage les débris, que laissait derrière elle Sombre, chaque fois que, du bout de ses doigts, elle en effleurait une et l’éteignait à jamais. Ainsi pourvue, elle redescendait depuis le firmament, les bras chargés de merveilles qu’elle répandait, maladroite qu’elle était. Puis elle s’approchait de Rouille, dont les mains se balançaient dans les ténèbres, à la recherche de ces êtres qu’elles métamorphosaient en rêves. Mais Rouille, jamais ne la voyait, non plus que Sombre lorsqu’elle marchait à côté d’elle, car Pâle se confondait avec le ciel. Mais Pâle n’en ressentait aucune tristesse, car elle se plaisait à demeurer ainsi, illuminée par la lumière, confondue avec les ténèbres. Ainsi, pourvue de merveilles et de rêves, Pâle s’en allait et se retirait dans sa tanière ; un lieu sans lumières et sans ténèbres, un lieu sans couleur et sans odeur. Au fond l’attendait son œuvre ; un songe qu’elle faisait et défaisait sans cesse, jamais satisfaite, ou plutôt serait-ce l’explication qu’elle donnerait à son travail sans queue ni tête. Chaque soir, elle façonnait son ouvrage, puis s’allongeait et fermait ses paupières, au travers desquelles elle voyait d’autres images. Au matin lorsque les ténèbres se dispersaient, elle ouvrait les yeux et contemplait ce reflet qui, jamais, ne lui ressemblerait. Alors elle se levait et ôtait à un à un les habits de lumière qu’elle rassemblait avant de les disperser dans l’obscurité de sa tanière. Puis, elle s’emparait des rêves et les libérait. Mais d’airain, ils étaient et, en vain,, ils demeuraient sur le seuil, privés de lumières. Or, il advint qu’un jour, elle ne trouva plus des traces que sa sœur Sombre laissait derrière elle et elle en conçut un immense chagrin. Car, avec quoi habillerait-elle son reflet, sinon des écots de lumière ? De même, Rouille ne façonnait plus de ces songes étranges dont elle avait le secret, des créatures d’air et de matières, qu’elle métamorphosait en rêves et en chimères. Et alors de quoi rêverait-elle la nuit, lorsqu’elle se confondait avec le jour ? S’emparant alors de ce que certaines créatures nommaient courage, elle s’en arma et, un soir, suivit ses sœurs, tapis dans le noir. Pour Pâle, c’était là chose naturelle, puisqu’elle se confondait avec les ténèbres. Ce faisant, elle découvrit alors le gisant, une silhouette, enveloppé de métal d’argent à qui Sombre apportait un peu de cette lumière qui lui faisait tant défaut, tandis que sa sœur Rouille disposait autour de lui des créatures faites de songes et de matières. Pourquoi se demandait Pâle, alors que ses doigts effleuraient le corps prisonnier de l’éternité ? Mais Pâle ne savait, car Pâle ne ressentait pas et Pâle en éprouvait une profonde tristesse, même si elle ignorait ce que c’était, quand elle voyait les visages défaits de ses sœurs Sombre et Rouille. Mais puisque lumière et songes était là, Pâle décida de se glisser dans l’ombre du gisant, ainsi rêverait-elle, comme lui, de sombres et de chimères.


Texte publié par Diogene, 27 septembre 2020 à 15h25
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