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volume 16, Chapitre 2 « Quatre Femmes : Rouille » volume 16, Chapitre 2

Parée dans un décor de pâle et d’aquarelle, Rouille cheminait d’un pas léger entre les lézardes qui courraient sur le sol nu, oublieuse de ses gens et de leur monde. Du bout des doigts, elle caressait, innocente, le ciel, qu’elle imaginait de terre et d’ocre et celui-ci alors se fendait, libérant depuis les cieux des flots illusionneux. Perdu dans le rêve, Rouille marchait depuis les ténèbres vers le ciel, tenant entre des mains une palette d’orage et d’écarlate, avec laquelle elle peignait les nuages. Ainsi était Rouille, insaisissable et évanescente, lorsqu’elle cheminait par-delà les âges.

Lorsqu’elle en avait assez fait, Rouille se reposait et s’allongeait entre deux courants d’air. Ses yeux clairs, ourlés de ténèbres, elle obscurcissait les mers qui renvoyaient alors son reflet dans le ciel. Alanguie, elle laissait ses bras pendre dans le vide et, chaque fois que ses doigts rencontraient un être, qu’il fût de sang et de chair, de matière et de rêve ou encore d’air et de chimère, elle le recueillait et l’élevait jusqu’à ses lèvres et l’embrassait. Alors d’airain devenait cet être, puis de poussière il se changeait, cependant que son souffle l’emportait. Ainsi était Rouille, lorsqu’étendue entre terre et ciel, elle embrasait les cieux de ses reflets de ses boucles. Elle demeurait jusqu’à ce que la nuit s’en vint et, que dans le lointain, elle aperçut la silhouette diaphane et délicate de sa sœur Sombre lorsqu’elle émergeait d’entre les ombres ; les bras étendus vers le firmament, les mains tendues vers ces minuscules points brillants qui parsemaient les obscures ténèbres. Mais ce soir, Sombre était différente, disparue sa nonchalance, disparue son innocence ; elle portait sur elle un poids qu’elle ne lui connaissait pas ; comme un voile moire qui lui aurait couvert le visage. Rouille ressentait jusqu’au plus profond de sa chair le trouble qui habitait Sombre, cependant que l’image de l’une de ces créatures, faite de chair et de rêve, se dévoilait. Vêtu d’une carapace de métal, dont seule la figure émergeait, il semblait plongé dans un sommeil qui, à jamais, s’étirait. À lui aussi, elle aurait pu octroyer ce baiser, synonyme d’éternité, mais Rouille partageait désormais son fardeau, sans qu’elle ne comprît non plus la nature de ces nouvelles sensations. Penchée sur le chevalier, la nuit venue, elle l’entoura de songes et de ténèbres que, la journée durant, elle recueillait auprès de ces êtres qu’autrefois elle enlevait et changeait en poussière. D’airain était fait les rêves, qu’elle disposait autour du héros terrestre, afin qu’ils lui apportassent sans cesse les fruits de leur lumière et qu’un jour il se réveillât.


Texte publié par Diogene, 25 septembre 2020 à 21h31
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