Sombre était belle, parée de ses ténèbres. Sombre était seule, perdue dans la noirceur. Du bout des doigts, elle touchait une à une les étoiles et les éteignait, alors le monde pleurait la perte soudaine de ses lumières. Mais Sombre ne les entendait, car Sombre, depuis longtemps, ne tendait plus l’oreille que vers le ciel, là où tout n’était que silence et torpeur. Un jour qu’un héros s’en vint pour la ramener à la raison et lui faire entendre les pleurs, elle se saisit de lui et ôta son heaume. Brisé par sa beauté, le héros sombra dans la torpeur, terrassé par la terreur qu’elle avait insufflée. Mais pour la première fois de son existence, Sombre parut affecter par la perte de cet homme sans peur et sans frayeur qu’elle avait foudroyé. Était-ce sa témérité qui ainsi l’intimidait. Ou bien encore, sa beauté ? En fait, Sombre ne pouvait répondre à aucune de ces questions, car Sombre avait toujours habité dans les ombres ; elle ignorait tout des sentiments et des émotions ; elle savait seulement que des mots existaient pour les désigner ; de même qu’elle ignorait tout de la laideur et de la beauté . Alors Sombre, parce qu’elle se demandait pourquoi cet être demeurait dans son domaine s’en alla marcher dans le ciel ; non pour éteindre l’une de ces chandelles qui le peuplait, mais pour en recueillir un peu de la lumière. Une cage de fer à la main, elle enferma un peu des grains de poussières et ils s’illuminèrent. Dans le ciel, la flamme avait diminué un peu d’intensité ; cette fois elle n’en avait prélevé que peu et une clameur jaillit des terres qui lui étaient attachés, car tous se réjouissaient que Sombre n’ait pas soufflé leur soleil. Mais Sombre n’entendait pas, car Sombre avait le cœur gros et elle ne comprenait pas. Agenouillé auprès du chevalier, elle avait ouvert sa cage de fer, puis l’avait oint de la poussière de lumière et ses traits étaient redevenus sereins. Hélas, toujours saisi de torpeur, le chevalier demeurait dans les ténèbres et Sombre s’attristait, car elle voyait sa vie qui filait et bientôt il ne resterait plus qu’un filet que rien ne retiendrait. Alors Sombre s’en repartit, sa lanterne à la main, pour recueillir un peu de ces grains qui lui, elle l’espérait, redonnerait la vie. Ainsi Sombre n’éteignait-elle plus les étoiles la nuit, elle qui était, désormais, en quête de vie, tandis que les peuples se réjouissaient de ne plus voir leurs étoiles mourir.
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