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volume 15, Chapitre 2 « Quatre Étoiles : Merope » volume 15, Chapitre 2

Un jour qu’elle était née, ni d’un homme ni d’une femme, mais de la toile et des pensées d’une femme au cœur amer et au visage ridé ; Merope, car c’était ainsi qu’elle s’était baptisée, avait grandi seule au milieu des champs étoilés, dont elle s’amusait à tirer des filaments mordorés. Souvent, lorsque la nuit s’en venait et que les étoiles naissaient, elle courrait se cacher quand apparaissait l’ombre blanche de l’orbe lunaire ; si terrible et si belle avec sa face grêlée de mers et de cratères. Dissimulée derrière une étoile ou bien encore un soleil qu’elle avait soutiré au ciel, elle se risquait alors à contempler cette femme, dont le murmure illuminé emplissait les cieux, et s’interrogeait.

— Qui est donc cette dame dont le regard embrasse les astres ?

— C’est la dame de la nuit, celle par qui tout arrive, chuchotaient alors les étoiles dans la nuit.

Cependant, il en était une, sombre et sinistre, à la bouche remplie de fiel, dont les paroles n’étaient que mépris :

— Elle est la dame de la nuit, celle qui ment et qui chuchote. Regarde donc ce qu’elle a fait de moi, son enfant.

Mais chaque fois qu’elle l’entendait, Merope s’enfuyait, car elle avait peur de cette femme au visage sans âge et aux doigts crochus, dont les cheveux ressemblaient aux toiles des araignées. Or un jour, qu’elle fuyait l’apparition, elle chuta dans les cieux, les pieds empêtrés dans de longs filins mordorés. Elle se sentait chuter et personne n’était là pour la rattraper. Pourtant, il lui semblait que rien ne se passait, les étoiles et les cieux défilaient toujours, mais elle ne tombait plus.

— Où suis-je ? s’interrogea-t-elle comme elle ne découvrait autour d’elle que des ténèbres épaisses.

— En mon sein, mon enfant, bruissa alors une voix qui venait de nulle part. Née de la trame tissée par ta sœur Estelle ; tu seras la fileuse. De moi, tu auras la lumière dont tu tireras les fils qui feront bientôt les étoiles, ainsi tu ne failliras pas à ta tâche.

Touchée, Merope s’agenouilla, le cœur gonflé par la noblesse de la tâche qui l’attendait ; le cœur meurtri par le ressentiment de sa sœur.

— Mère, je ne désire aucune lumière de votre part, elle m’aveuglerait. À la place, je cueillerai celle des premiers astres et de ceux-ci je tirerai les fils que je porterai à ma sœur et mère.

Était-ce de la colère, ou de la surprise, mais la dame de la nuit demeurait muette. Alors, n’écoutant que son cœur et les pleurs amers de sa sœur, elle s’en alla cueillir les illuminations du ciel. Quand cela fut fait, elle les fila et les enroula autour d’un fuseau, avant de les porter auprès de sa sœur dont la navette ne cessait jamais son mouvement de va-et-vient. Amère et jalouse était sa sœur, souffrant que sa mère préférât sa cadette, alors même qu’elle lui apportait les lumières qui allaient illuminer son cœur.


Texte publié par Diogene, 16 septembre 2020 à 22h07
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