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volume 14, Chapitre 4 « Quatre Miroirs : Fatale » volume 14, Chapitre 4

— Miroir ! Miroir ! Miroir ?

Vaine demeurait sa parole, vains étaient devenus les mots.

— Miroir… Miroir…

Elle se détourna. À l’intérieur, il n’y avait plus qu’une forme noire et indistincte ; une silhouette qui, un jour, avait été elle ; une silhouette qui, un autre jour, sera lui ; une silhouette qui, ailleurs, serait autre. De l’autre côté était la réalité, assemblage d’ombres et de lumières dans laquelle elle se reflétait. Du bout des doigts, elle faisait ; du bout des doigts, elle défaisait. De sa main, il créait ; de sa main, il détruisait.

— Miroir ? Miroir ! Miroir.

Dans le ciel, tout n’est plus que noir ; dans les airs volent les moires. Elle se retourna. Derrière elle, par-delà la fenêtre, les oiseaux tournaient et de leurs gosiers jaillissaient des cris lamentables. Certains se posaient, d’autres s’envolaient, mais aucun ne demeurait ; c’était à peine s’ils posaient que déjà ils repartaient le fruit de leur larcin dans leur bec.

— Miroir ! Miroir ! Miroir !

Le ton de sa voix était celui d’un oiseau de proie. Mais le miroir ne répondait toujours pas.

— Miroir ? Miroir !

À présent elle en caressait la surface, mais à son toucher, le miroir se dérobait, alors elle se retirait et devenait lui. Qui sait ? Saurait-il trouver les mots pour le dire, les sons pour le toucher, les paroles pour l’émouvoir ? Recroqueviller dans un coin de la réalité, elle l’appela. Mais lui non plus ne venait pas et elle demeurait là, apathique et hagarde, n’osant plus s’approcher du miroir, dont elle apercevait la silhouette inquiète dans le relief.

— Miroir ? Miroir ! Miroir ?

Sa voix se mourait. Pourtant, il était là, immobile, ses yeux vifs pleins de vide ; une main tendue vers elle. Inerte, elle étirait son bras, mais il lui semblait que ce geste même serait vain, comme ces mots qui ne venaient pas. Il tenait quelque chose entre ses doigts ; elle ignorait quoi. Sa vision était floue et les ombres portaient sur toutes les choses. Penché sur elle, elle croyait voir ses lèvres s’entrouvrir et des mots en sortir, mais ce n’était que des sons étouffés et inarticulés ; une seule chose demeurait, son reflet dans le miroir, terrible et tangible.

— Miroir ? Miroir ! Miroir…

L’étranger dans le noir se relevait. N’était-il donc pas elle ? N’était-elle donc pas lui ? Elle voulut encore tendre la main vers lui, mais ses forces s’étaient enfuies, comme le sang qui l’avait nourri. Était-ce ainsi que cela se finit ? Une dernière fois, elle voulait le voir, son reflet dans le noir, son reflet dans le miroir. Mais, déjà, il fait noir et du miroir jaillissaient les oiseaux noirs qui, dans leur bec, s’emparaient de sa chair.


Texte publié par Diogene, 6 septembre 2020 à 16h56
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