Ce soir, personne ne bordait le rivage, personne ne se perdait sur la plage ; il était seul et c’était le soir. La mer était calme et, dans le ciel, la lune s’y reflétait, joyau perdu dans un océan de ténèbres. Assis sur une pierre de noire, il contemplait l’horizon perdu dans le néant duquel émergeaient les ombres présentes. En file indienne, elles s’avançaient puis plongeaient dans la marée nocturne, avant d’en émerger, là haut, dans le ciel. Alors, il s’en saisissait et de leurs reflets il faisait des lumières, qu’il dispersait sur la mer. Parfois, elles lui échappaient et glissaient d’entre ses doigts pour tomber sur la terre, qu’elles fécondaient de leur obscure lumière et l’enfant pleurait. De ses larmes naissaient alors des rêves, des rêves faits de chair et de matière, des songes dans lesquels étaient enfermés des êtres d’ombre et de lumière enfermés dans un cocon de sommeil. Les bras grands ouverts, il les recueillait puis les déposait sur le rivage, là où personne jamais ne passe, attendant que les flots se fracassent et les emportassent, au gré des histoires dont il nourrissait les flots voraces.
Ce soir encore, il n’y aurait personne, personne pour le voir, personne pour l’entendre raconter une histoire, peut-être son histoire. Alors, il prit une poignée de sable, de ce sable noir avec lequel il dessine ses histoires et la jeta en direction du rivage. Dans le ciel, une pluie d’étoiles avait troué les ténèbres et la lune en était satisfaite.
— Enfant, raconte-moi encore une histoire, ce soir ! réclama-t-elle.
Et comme l’enfant était seul, il parla à la mer et à son reflet dans le ciel ; un reflet en forme d’astre d’albâtre qui lui chuchotait des mots dans le noir.
— L’histoire d’un enfant né dans le soir, l’histoire d’un enfant dont le prénom est celui d’un astre, de l’un de ceux qui s’allument dans le noir.
Alors l’enfant ramassa une pierre noire et la posa devant.
— L’histoire d’une enfant née du noir, l’histoire d’une enfant dont le prénom est une étoile, de l’une de celles qui s’éteignent dans le ciel.
Alors l’enfant se saisit d’une pierre blanche et la brandit dans le firmament.
Demain encore, il n’y aurait personne, personne pour regarder le paysage, personne pour percer le secret du mirage qui enveloppe cette plage ; cette plage de sable noir.
Mais de cela, l’enfant se moque et lorsqu’il en est un qui passe, c’est pour mieux se perdre dans le mirage, cette histoire sans bord ni rivage, une histoire mirage née de ses mots ; les mots d’un enfant perdu dans les brumes d’un temps sans âge; un enfant qui, jusqu'à la fin des temps, contemple un monde fait de rêves et d’étoiles.
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