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volume 14, Chapitre 1 « Quatre Miroirs : Sillage » volume 14, Chapitre 1

Tout était devenu si lisse, si froid, chaque fois qu’une larme s’échappait, c’était une perle de glace, si belle, si triste et si froide. Recueillie au creux de sa main, elle la faisait croître jusqu’à ce qu’elle atteignît la taille d’une étoile, puis elle la lançait dans le ciel, où elle illuminait alors les ténèbres de son palais. Mais chaque fois, c’était son cœur qui un peu plus gelait et se recroquevillait, emportant avec lui un peu de cette part humaine, qui avait sombré avec la venue des ténèbres. Dans le palais, il n’y avait plus un bruit, pas même un bris, plus un souffle de vie ; le temps n’avait plus sa place, le trépas était devenu une farce et elle se riait de son audace, à lui, le petit roi, qui avait achevé de la plonger dans ce tourment, dont il ne se releva pas.

Souvent, elle passait devant lui ; il était là, les yeux grands ouverts, spectateur impuissant de son propre achèvement. Parfois, elle s’interrogeait, mais tout comme les sentiments se fracassaient sur les brisants, les questionnements demeuraient de simples renoncements, qu’elle renvoyait à un passé, qui peu à peu s’effaçait, à mesure que son cœur gelait. Toutefois, il était des instants, des réminiscences, des moments, brefs mort-temps de suspends, au cours duquel le temps s’écoulait et où des visions surgissaient. Alors les souvenirs remontaient et les mots avec, les maux avec, tandis que son cœur se figeait. Éphémères cruels s’il en était, car en sa poitrine elle sentait l’aiguille transpercer son sein et briser le cocon de glace de son cœur, figé pour l’éternité. D’entre ses lèvres bleutées, s’échappaient alors un cri larvé, le cri d’un oiseau blessé, le cri d’un être brisé, cependant qu’elle se précipitait dans la pièce ; un sanctuaire, où tout n’était que chaleur, couleur, odeur ; douleur… douleur. Stupéfaite, la porte refermée derrière elle, elle demeurait immobile ; à l’intérieur de sa poitrine, c’était à peine si elle entendait encore le cliquetis machinique qui animait son semblant de vie. Mécanique poupée de vie, elle s’avançait de ce pas d’automate, qu’elle savait si caractéristique. Infusée de torpeur, elle marchait en direction de ce berceau, à la recherche de cette candeur qui manquait si douloureusement à son cœur et du bout de ses doigts fusaient des étoiles de glace, qui explosaient en des milliers d’éclats. Le rire jaillissait et elle se penchait sur le visage poupon qui y reposait. Dans ses yeux, se reflétaient la joie et le rire lorsque volaient, au-dessus de lui, ces flocons auxquels elle avait insufflé la vie. Mais ce n’était qu’un artifice et très vite son regard devenait vide, à mesure que s’essoufflait la magie. Et de nouveau, les larmes humides roulaient le long de ses joues ; des larmes sèches que jamais rien n’apaiserait et, de dépit, elle se retournait. Dans le miroir, son double la regardait. Sans doute, lui pardonnait-elle. Elle l’ignorait. Du bout des doigts, elle voulut en effleurer la surface, mais se retint. Recroquevillée sur elle-même, trop de douleurs l’accablaient, tandis que le froid l’engourdissait. Sur le miroir, une étoile se dessinait et grandissait ; à l’intérieur, une jeune fille, à la chevelure feu, pleurait.


Texte publié par Diogene, 30 août 2020 à 09h30
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