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volume 13, Chapitre 2 « Quatre Confinés : Atemporel » volume 13, Chapitre 2

Au mur, l’horloge battait une mesure imaginaire. Dans la caravane, plus rien ne bougeait, plus rien ne bougerait. Tout était silencieux, même les grenouilles aux dehors s’étaient tues. Existaient-elles seulement encore ? Assis dans sa chaise, il contemplait les aiguilles qui tentaient de remonter, en vain, inlassablement le cours du temps. La chute avait eu lieu et rien ne serait plus comme avant, rien ne pouvait être comme avant ; il sourit à cette pensée. Il se souvenait encore, quand la sidération avait cédé la place à l’affolement, les hurlements dans les ténèbres naissantes et lui, lui assis déjà dans sa chaise qui patientait, tirant sur une vieille pipe en bruyère. Il les avait écoutés pérorer, éructer, supplier ; cela avait fort amusant et distrayant. Mais jamais il n’avait ouvert sa porte pour quiconque, ce soir-là encore moins que les autres. Non ! Ce soir-là, il avait fermé les yeux et l’avait appelé de ses vœux.

Solitaire et misanthrope, il ne sortait que lorsque cela lui devenait nécessaire et il prenait toujours les chemins de traverse. ; ces sentiers ténébreux et miséreux que personne n’ose emprunter ; ces routes sinueuses et obscures que redoutent même les plus téméraires d’entre eux ; ces passages abandonnés et désolés entourés de murs lépreux derrière lesquels ils ont oublié des leurs moins fort qu’eux ; ces layons oubliés et obombrés par des arbres cabossés. Curieux, il lui était arrivé, parfois, en de très rares occasions, quand la faim devenait autre, qu’il devenait autre, de s’approcher des autres. Il ignorait comment les aborder, mais il savait fort bien les esquiver et c’était plus qu’il ne lui en fallait. De loin, il aimait à les observer, si sûr d’eux, si détachés, si oublieux ; il en salivait presque. Mais il était encore tôt, trop tôt. Sa faim n’était pas encore assez grande et il aurait tout de suite rassasié ; il devait attendre. Alors, en ces moments, son visage se déformait et un sourire narquois barrait sa figure, dévoilant ses dents de carnassier, cependant qu’au fond de ses yeux s’allumaient les flammes d’un immense brasier. Alors, la figure tournée vers la voûte céleste, il les appelait afin qu’elles viennent festoyer. Hélas, jamais elles ne venaient et, le cœur alors empli de tristesse, il se retirait. Un jour, le temps viendrait, il le savait.

Combien de temps ne s’était pas écoulé ? Il l’ignorait et s’en moquait bien. Le temps ne valait que pour les vivants ; les morts, eux, s’en moquaient bien. Raide, il se leva et regarda une dernière le corps immobile ; sa main enserrait encore un vieil ouvre-boîte. Non ! Rien n’avait changé et plus rien ne changerait dorénavant ; c’était là son secret.

Défi réalisé à l'aide des mots de Lisa D.

ouvre-boîte, solitaire, curieux, hurlement, grenouille, affolement, secret, amusant le tout dans une caravane.


Texte publié par Diogene, 18 avril 2020 à 19h39
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