L’enfant se tiendra là ; debout, les bras étirés, les pieds au bord de l’invisible précipice. Derrière lui, l’ombre le regardera, il aura tant grandi depuis qu’elle l’aura délivré de sa prison de chair et de vermeil. Une autre s’en sera venue et l’aura pris dans ses bras, puis il l’aura élevé avant de s’en aller. Les yeux dans le vague, il se demandera longtemps qui aura été cet être qui l’aura porté en direction du firmament. Il se sera rappelé le chemin qu’il aura emprunté ; une route déserte, sur un sentier nu où voletteront quelques buissons ardents et évanescents. Il le verra, marchant de dos, ses pas le menant vers une grande maison aux murs de papiers. À côté de lui, elle l’aura assis sur ses genoux et tous deux l’auront regardé cheminer, avant de disparaître. Il aura remarqué les étranges perles qui se seront détachées de ses yeux et il aura tendu les doigts pour en attraper une.
Mais il n’aura pu, car elle aura posé ses lèvres sur son front, des lèvres roses et chaudes et il s’interrogera sur la signification de ce geste. Des sons se seront échappés alors de sa bouche, mais ils n’auront pas formé de mots, car il aura été encore trop tôt. Mais il se souviendra longtemps encore des coups sourds qu’il aura entendus quand il aura collé sa tête contre sa poitrine et qu’il se sera endormi.
Pourquoi sera-t-il venu ?
Jamais elle ne lui aura donné la réponse. Peut-être n’y en aura-t-il jamais eu. Elle tentera de lui expliquer, mais toujours il demeurera fermé ; le regard toujours tourné vers la singulière maison aux murs de papier. Un jour, elle l’aura emmené. Main dans la main, ses courtes jambes l’auront porté à grand-peine, ils chemineront sur le sentier par lequel s’en sera venu l’étranger. Elle lui aura soufflé qu’il ne devra pas en être ainsi, cependant rien n’aura dû le dissuader.
Devra-t-il le regretter ?
Encore demain, il ne saura répondre à cette éternelle question. Il se remémorera son expression, son visage encore plus pâle que le sable, la main sur la bouche pour retenir un cri qui jamais ne sera venu au monde.
Alors, elle aura pris sa décision ; elle le regardera, le serrera fort entre ses bras et encore une fois déposera ses lèvres douces et chaudes sur son front. Elle lui aura murmuré quelque chose, quelque chose de doux et mélancolique à la fois ; dans ses yeux, il aura revu les étranges perles cristallines qui auront coulé la première fois lorsque l’étranger sera parti. Il aura voulu en attraper une, mais elle aura secoué la tête et elle sera partie, lui confiant la triste maison aux murs de papier qui aura, à jamais, fait taire son prisonnier.
Alors que ce soir, il contemplera, encore une fois, l’horizon qui s’embrasera, il pensera à l’étranger pour qui le temps aura cessé d’exister.
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