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volume 12, Chapitre 3 « Quatre Temps : Contre Temps » volume 12, Chapitre 3

Il est un jour où elle fut grosse et elle en conçut un bonheur immense, mais aussi une terrible frayeur.

Dut-elle s’en défaire ou non ?

Elle ne sut répondre, lui non plus, entre deux jours qu’elle vint le voir. Elle se souvint. Un soir, alors que la lune fut écarlate, elle s’étira et se leva. Pourquoi attendre en vain quelqu’un qui jamais ne s’en vint ?

Longtemps, elle marcha en direction du levant, là où le jour oublia que la nuit fut sa compagne. Attiré à elle, il choisit de partir et s’exila dans une maison qui jadis fut une prison.

Fut-ce son choix ou le sien ?

Cela l’indifféra. Le temps passa, si tant fut qu’il le put. Une fois, il la retrouva. Elle le déshabilla, ce fut la première fois, ce fut la dernière fois. Dans son cœur, en cet instant, la culpabilité se tut et il la regarda. Il la regarda et vit la créature qui fut un jour celle qui le piégea, bien qu’elle le regrettât. Alors il lui accorda, pour cette fois-là, et seulement cette fois, ce qu’elle désira.

Affamée, elle se retint néanmoins ; elle ne put trancher le fil de sa vie. Surprise, elle le fut lorsqu’il vint à elle, car il sut et ne s’enfuit pas. Il parla et elle accepta ; pour la première fois, elle ne le dévora pas. En fait, plus jamais elle ne mangea, comme le sommeil, l’appétit la fuit. Alors ce presque soir là, ils le firent, ils s’unirent, entre la nuit et le couchant, entre le jour et le levant, à rebrousse-temps.

Pourquoi en fut-il ainsi ?

Ils purent le dire, ils ne surent le dire, même à moi ils ne me le confièrent pas. L’étreinte achevée, le ciel presque enténébré, le jour presque endeuillé, elle s’en alla et lui resta dans sa chambre aux murs de papier. Un instant, elle faillit se retourner, un instant il faillit la retrouver, mais tout fut consommé. Alors elle revint, mais plus tard, beaucoup plus tard, par le même chemin. De sa prison aux murs de papier, depuis son balcon, il la regarda elle et son ventre rond, puis se retourna et pleura.

Derrière lui, soudain le ciel s’embrasa et le soleil se coucha ; il n’y eut plus que la nuit noire. Elle acquiesça et le remercia. Elle recula alors de quelques pas, hésita. De l’autre côté, elle le vit, assis en tailleur entre les quatre murs de sa prison de papier ; les joues rouges des larmes qui coulèrent. Dans sa poitrine, son cœur se serra, les yeux baissés elle regarda alors son ventre arrondi et choisit. De retour, elle s’allongea et ferma les yeux.

Que pensa-t-elle, perdue au milieu des ténèbres ? Que vit-elle, oubliée dans le dédale du rêve ?

À son réveil, de sa seule nuit de sommeil, elle ne se leva pas et contempla le champ du ciel, enveloppée dans son drap de soie. Ainsi elle demeura et chaque jour qui passa son ventre enfla.


Texte publié par Diogene, 5 avril 2020 à 13h11
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