Aimer. Verbe du premier groupe, transitif, participe passé : aimé, participe présent : aimant. Aimant, objet inanimé qui attire à lui les matériaux ferromagnétiques. Soupir.Le lire vole dans la pièce, heurte le mur, rebondit et finit coincé entre le sol et les pieds du canapé.

Aimer, verbe dériver du verbe latin amare. La plume accroche. Rature, échancrure, griffure. Tout est à recommencer, la feuille est trouée. Plis, froissement, elle n'est plus qu'une page blanche veinée de sillons bleutés.

– Zut !

Le cri jaillit, sec et amer. Il lui faut se lever pour la ramasser et la jeter dans la corbeille prévue à cet effet.

Forme narcissique : s'aimer, se mirer, s'admirer, s'emmurer… tous des verbes du premier groupe, comme oublier. L'oublier… Si seulement la chose lui était possible et comme pour le narguer – ah ! Encore un verbe du premier groupe – le livre glisse sous ses yeux. C'est si facile… Mais ensuite. Elle jette un pull sur ses épaules.

Forme pronominale : nous, vous, les, où sont donc passés les autres ? Est-ce qu'il m'aime ? Est-ce qu'il t'aime ? Est-ce que…

De nouveau l'écriture dérape ; malice de l'inconscient, délice du conscient. Elle s'illustre par une magnifique tache moirée sur sa feuille.

Pourquoi refuses-tu ? Pourquoi te refuses-tu ?

Aimer, un seul mot pour autant de choses. Quelle malédiction ! Alourdir un verbe aussi beau que celui avec des attributs aussi laids que beaucoup, à la folie, avec passion ; que d'expressions pour de si grandes choses.

Oublie ! Oublie les fioritures, les dorures… oublie le futur !

Est-ce que… Est-ce que… Est-ce que… aime ?

Où sont les deux pronoms ?

Evaporer, éliminer, abraser, oublier, rester à l'état de probabilité. Et pourtant, elle a toujours en souvenir ce baiser voler.

Pourquoi ?