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volume 1, Chapitre 4 « Quatre Saisons : Automne » volume 1, Chapitre 4

Journal du ??, saison : printemps 2XXX

Encore une fois, j’ai marché. J’ai quitté un semblant, mais peut-être devrais-je dire, un sanglant de foyer. Étrange ville que celle-ci, à l’image de l’automne naissant. Un vent du nord souffle, dément, charriant des nuages encore plus noirs. Je le sens qui s’infiltre dans le moindre de mes interstices, gelant jusqu’à la moelle de mes eaux, sans que je ne ressente la moindre gêne.

Ici, ce sont seulement des immeubles éventrés, pas une seule maison, pas un seul pavillon à l’horizon. Et une neige, une neige épaisse, collante et noirâtre. Pour tout dire, je n’ai encore jamais marché dans une telle couche. Mais au fond, ce n’est là rien que de très ordinaire en regard de la ville ravagée, qu’il m’est donné de découvrir et d’explorer.

Ruines à demi écroulées, gravats qui jonchent le sol, tous recouverts par cette lèpre noire et froide. Et des chats, des chats à perte de vue, ou plutôt leurs statues, sculptées dans du stuc ; ils m’arrivent à hauteur de la hanche. Ils ne seraient pas figés dans cette stupeur minérale, que je n’aurai pu m’empêcher de frissonner d’effroi. Ils sont innombrables, à me fixer de leur regard froid. Et pendant ce temps, le blizzard en a profité pour se lever, entraînant à sa suite le flot de neige grise.

C’est alors que je l’ai vu, silhouette perdue au milieu d’une horde de démons grotesques, emportés par les vents. Je me suis approché, ne sachant que faire. Je ne sais si c’est de m’avoir vu, mais elle n’a alors plus bougé, stupéfié comment ces invraisemblables statues de chats.

Qu’ai-je fait ensuite ?

Je ne sais plus très bien, je crois bien que je me suis penché sur elle pour l’envelopper de mes bras et de ma veste. Ensuite… Ensuite, je l’ai prise, ses bras accrochés autour de mon cou, avant de nous réfugier dans ce qui ressemble à un ancien cinéma, si j’en juge par la moquette qui couvre les murs et les sols. Encore une fois, je suis surpris, car rien n’y a pourri, malgré le froid et l’humidité qui s’insinue.

Emmitouflée dans une couverture, c’est à peine si je devine sa figure livide.

Silencieuse, elle m’a longuement dévisagé, me regardant tourné tel un fauve en cage. J’ai toujours marché seul, alors m’occuper d’une petite fille. Finalement, je crois que je lui demande si elle a faim. Mais elle secoue la tête.

Seulement, il n’y a rien dans ce lieu, pas même de quoi sustenter nos yeux. C’est alors que je les découvre. Ils sont deux, majestueux. Deux félins. L’un a le pelage tigré, quand l’autre l’a noir comme le charbon. Je sais qui ils sont et ce qu’ils feront pour elle, car c’est sur elle qu’il veille. Les esprits chats, toutes ces statues, dehors, l’accompagnent.

Et elle, qui est-elle ? Je ne sais pas. Sans doute ma fille, mais il est temps de sortir pour m’en aller quérir… avant de périr, avant de revenir, avant de dormir.


Texte publié par Diogene, 22 mai 2016 à 22h04
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