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volume 1, Chapitre 1 « Quatre Saisons : Hiver » volume 1, Chapitre 1

Journal du ??, saison : hiver 2XXX

Je ne sais pas quelle température il fait dehors, je ne ressens pas le froid. La rue est déserte et un vent léger s’est levé. Rien à voir avec les tempêtes des semaines, des mois passés ? C’est étrange comme le temps se perd vite, lorsque sa mesure devient inutile. Je ne sais même pas pourquoi je suis sorti ce soir. Ce n’est sûrement pas la faim, car c’est une chose oubliée depuis fort longtemps et j’ai encore des provisions dans les caves. Enfin, je crois, car il est un temps depuis que je n’y suis descendu. Un claquement. Sûrement une fenêtre mal condamnée, que le vent aura fait claquer. Cela ne m’ennuie pas plus que cela, mais on ne sait jamais ce qui peut entrer. Je m’interromps là, car je vais aller voir.

Ce n’était rien, juste une fenêtre brisée sur l’éternité et je tiens le coupable entre mes mains. Il est à peine plus gros qu’un cafard et une fois sa gangue ôtée, il révèle un noyau charbonné et vrillé. Dommage, cela n’intéresse plus personne. Dans le creux de ma main, la pierre semble dissiper un peu de chaleur. Radioactivité ou chaleur résiduelle de son entrée dans l’atmosphère ?

C’est en fouillant, ce qui jadis devait être un musée de quartier que je l’ai retrouvé, au milieu d’un invraisemblable bric-à-brac, dans les sous-sols. La nyctalopie a ses bons côtés et voir le monde en noir et blanc n’est pas déplaisant. Et cependant, le monde est désormais gris. Seule tâche colorée, les herbes rouges. Pardon, je me suis égaré. Une réminiscence de l’avant ?

Je ne sais pas.

Je place l’échantillon dans la cloche, une plaque de verre photosensible à côté. Au fond, je fais cela pour le plaisir, car cela ne changera rien à ma personne. Bah, enfermons le tout dans le coffre en plomb et attendons. Pendant ce temps, j’aurai profité de réparer la fenêtre. C’est un œil blanc dans un fond noir, de la largeur de ma paume. Par lui s’engouffre une neige grise qui sent la terre brûlée. Les bords déchiquetés me rappellent les crêtes alpines, s’il en reste quelque chose.

Je ne sais pas. Je ne suis jamais retourné là-bas.

La planche pend, lamentable, brisée nette par le céleste.

Je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de la laisser ainsi. Comme témoin de notre petitesse ? Mais ne le sommes-nous pas déjà ? Faut-il une preuve supplémentaire ?

Je sors la plaque. Mais c’est presque inutile. J’avais déjà la réponse avec la feuille d’or et son angle de quatre-vingt-dix parties.

Elle est noire. Il ne me reste qu’à partir.


Texte publié par Diogene, 22 mai 2016 à 12h53
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