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Roriil Cremieel, la quête de l'éternité
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Où suis-je ? Je me sens oppressée, immobile et infiniment ramassée sur moi-même. Je suis dans une prison sans espace ni dimension. Je ne demande qu’à en sortir car tout en moi me pousse à me déployer.

Je sors et me libère. La transition est époustouflante car il n’y a rien d’autre que du mouvement. Je ne perçois partout qu’une immense chaleur, une gigantesque densité, et beaucoup d’agitation dans toutes les directions. J’ai l’impression d’exister sans contrôler aucun de mes mouvements ni faire preuve d’aucune volonté. Je me laisse totalement porter.

Rien n’est statique et tout bouge, change, évolue. Fusions à un endroit, explosions à un autre et mutations ailleurs. Je suis complétement tiraillée. Tout, absolument tout est éphémère. L’évanescence est omniprésente, tant et si bien que je me demande si la question « où suis-je ? » a vraiment du sens.

La tension diminue, quelque chose s’éloigne de moi. Les mouvements ralentissent et maintienne une grande vitesse. J’ai maintenant la sensation d’être « quelque part ». Tout en demeurant dans un état de fusion, la température de ce qui m’entoure chute de façon vertigineuse. Après n’avoir été que mouvement, tout n’est maintenant que lumière. Elle tapisse chaque recoin de ma réalité et rien d’autre n’existe.

J’ai une première sensation. Je ressens du temps qui s’écoule et la lumière n’est plus la seule chose qui existe à présent. D’autres sensations viennent. La pureté et la blancheur de la lumière me fascinent quand soudain apparaissent des dégradés de bleus, de verts et de rouges. C’est une peinture abstraite qui résonne en moi et vibre au diapason de mon cœur. Et si tout ceci n’en était qu’une projection ?

Après la lumière, je perçois quelque chose de plus tangible autour de moi. À chaque nouvel instant, ce quelque chose est en quantité beaucoup plus grande que l’instant d’avant. Simultanément, je décèle une vibration différente de la lumière qui nait. J’assiste à une mélodie enivrante qui me conduit avec douceur, mais inéluctablement, vers l’extase. Dans ce merveilleux moment, j’ai l’impression de traverser l’espace et le temps à la vitesse de ma pensée et au gré des ressentis qui imprègnent ma conscience. Cette symphonie magistrale de sons, de couleurs et de matière accompagne la naissance des galaxies pendant que je ralentis toujours un peu plus ma course.

J’atteins mon point d’équilibre et je demeure immobile. J’ai l’étrange sensation d’être enfin dissociée de l’univers et de ne faire pourtant qu’un avec lui. Une sensation d’être libre m’envahit. Je reprends de nouveau ma course et je traverse l’espace. Mon mouvement s’accélère peu à peu, j’ai l’impression de chuter avec douceur. Chaque moment me rend plus dense mais aussi plus petit, comme si je m’enfonçais en moi-même. Est-ce que je m’effondre ?

Deux trous noirs forment un ballet magnifique et entêtant. Ils tournent l’un autour de l’autre et se happent l’un l’autre. Après cette virtuosité où la lumière est aspirée entre eux, ils s’interpénètrent et déforment tout sur leur passage, l’espace comme le temps.

Me voilà aux confins des étoiles, je parcoure toujours l’espace à la vitesse de ma pensée. Je m’approche et je tournoie maintenant autour de cet amas de galaxies. Je décris une spirale.

Autour de moi tout évolue en permanence. Le changement est si omniprésent que je ne sais quelles lois s’appliquent ici. Je ne sais pas si je rêve ou si je voyage. Je suis telle une comète en perdition et je m’approche de plus en plus de ce centre stellaire en accélérant toujours plus ma course effrénée. Tout va si vite, que les images et les sons se brouillent. Les sensations se mélangent dans une limpide cacophonie.

J’accélère encore et c’est à une vitesse gigantesque que je vois se rapprocher la surface de cette planète. Je continue ma course durant laquelle je distingue les forêts qui naissent, grandissent et se renouvèlent à la surface de la planète. Les premières formes de vie aquatiques émergent. Elles colonisent la terre. Des formes plus évoluées se singularisent, un nouveau chaos prend forme.

L’impact est proche. Je ne peux rien faire pour l’empêcher. En ai-je envie ? Tout est étrange et je cherche ce que je dois chercher, quand il n’est point encore temps d’obtenir des réponses.

Un éclair déchire l’espace et une lumière d’une blancheur sans fin conquiert l’infini. Je suis happée dans la faille qui s’est ouverte, elle m’avale. Tandis que la lumière gagne l’espace qui m’entoure, tous mes repaires disparaissent peu à peu. Je lutte, je crie, j’ai soudain peur et je tente de m’échapper. Et dans mon irrésistible chute, cette lancinante question persiste dans mon esprit : qui suis-je ?


Je m’éveille. C’est l’aurore, je suis dans les cieux et je vole. Un petit soleil à l’intérieur de moi m’irradie. Il répond de ses lumineux atours au bel astre luisant qui s’éveille au loin, par-delà la colline, dans un paysage frais et légèrement bleuté.

En cet instant, la ligne d’horizon me semble irréelle et constitue une frontière entre mon royaume onirique et le royaume dont je surplombe la contrée. Le paysage est si nébuleux que je ne puis dire avec certitude si le mot « réalité » a un sens. Si il en a un, je ne sais pas lequel de ces deux royaumes le lui donne.

Au fur et à mesure que je m’éveille à cette réalité que je survole, je prends conscience de l’espace parcouru et du temps écoulé. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai une histoire ici-bas, ce qui ne manque pas de susciter de nombreuses questions. Comme si je n’en avais pas déjà assez.

Suis-je endormie ou éveillée, suis-je une voyageuse du monde des rêves, suis-je réelle ou suis-je amnésique ? Mais au fond, suis-je ?

Dans cette lueur matinale et irradiante, un paysage de moyenne montagne m’apparaît. Je surplombe suffisamment les lieux pour porter mon regard loin.

La neige tombe en petits flocons un peu partout. Un ruisseau d’eau cristalline et glaciale coule à deux pas d’ici et une fée passe au loin. Elle semble transporter les rayons de l’aurore jusque dans la forêt. Mais personne ne la remarque : suis-je donc seule à la voir ?

Elle virevolte sur les berges et se dirige vers la cascade au loin vers le nord. L’écume qui s’échappe de la chute d’eau rend imprécis les contours du paysage alentour quand j’y devine pourtant d’autres fées qui y séjournent à loisir. Le soleil traverse le lieu comme il traverserait un prisme. Sa lumière se décompose en autant de subtiles et magnifiques couleurs. Au-delàs des couleurs, je perçois une incroyable énergie qui irradie tout autour d’elles.

À l’Est, la forêt est verdoyante, allongée et profonde. Elle s’appuie sur un bout de colline perdue dans la vallée montagneuse. Elle ressemble à une croix dont le centre est surélevé. Les arbres les plus hauts et les plus solides s’y dressent majestueusement. Au-dessus de la forêt un aigle plane. Il ressemble au gardien d’une frontière invisible qui délimiterait ce royaume sylvestre. À la lisière de la forêt, un grand Cerf trône. Il fixe l’horizon. Ses bois majestueux témoignent de la vigueur des lieux. Il brame et son cri donne naissance à l’univers.

Un peu plus bas, trois silhouettes s’affairent autour d’un feu de camp. Les paquetages et les armes sont posés, ils préparent le voyage. Je descends vers le sol pour les rejoindre. Nous sommes au bon endroit, cette forêt est bien notre destination, en son cœur se situe l’entrée du royaume que nous cherchons. Allons-y ! 


Texte publié par Roriil Cremieel, 13 mai 2016 à 09h47
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