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tome 1, Chapitre 16 tome 1, Chapitre 16

Les galeries que traversait Azeo étaient sombres, mais heureusement elle parvenait à y voir comme en plein jour grâce au lien. Elle pensait déjà à comment il allait lui être utile et lui faciliter ses missions. Lors des attaques nocturnes elle aurait ainsi un avantage non négligeable, tout comme lorsqu'elle devrait s'introduire dans un endroit gardé pour dérober un objet quelconque. Elle deviendrait le plus puissant des membres de l'Ordre de la Nuit. Elle pourrait même devenir une Voilée, le grade le plus élevé de l’ordre. Plus rien ne pourrait l’arrêter. Un sourire cruel se peignit sur son visage.

A peine eut-elle le temps de penser à l’avenir que le lien lui fit défaut, la replongeant dans l'obscurité la plus totale. De surprise elle fit un faux pas et se prit les pieds dans quelque chose qui trainait au sol. Elle se rattrapa de justesse au mur qui se trouvait en face d'elle et grommela un juron. Elle s’agenouilla et chercha à tâtons ce qui l'avait ainsi fait trébucher. Nulle part elle n'avait vu la moindre pierre trainer. Tout était propre et lisse, sans défauts.

Sous sa paume, Azeo découvrit un objet sphérique et lisse. Elle laissa sa main en suivre le contour. Ses doigts rencontrèrent un premier creux en forme de rond, puis un second juste à côté. Une image de son passé s'imposa à elle, malgré tous ses effort pour la repousser. Elle avait vu un ancien charnier quand elle parcourait les royaumes avec son maître.

Encore jeune, elle n'avait pas compris au début de quoi il s'agissait et avait soulevé par curiosité les petits blocs de roches montés en talus qui le recouvraient. Elle avait poussé un cri d’effroi et avait couru vers son protecteur. Elle n'avait jamais oublié le crane encore à moitié recouvert de peau tanné, lui provoquant d’horribles cauchemars. En y repensant, il aurait pu l'arrêter, mais ne l'avait pas fait. Encore une leçon qu'il lui avait appris à la dure, de façon choquante certes, mais elle avait bien retenue que la curiosité était un vilain défaut.

L'image du crâne se superposa à ce qu'elle tenait dans les mains. Bien qu'elle n'y voit rien, Azeo savait que c'était bien ce qu'elle tenait entre ses doigts. Elle l'envoya rouler au loin et se releva, enterrant de nouveau se sombre souvenir au fond sa mémoire. Mais cette découverte avait fait surgir un doute en elle. Son courage s'envola et elle se surprit à vouloir rebrousser chemin. Qui lui disait que ce que se dragon racontait était vrai ? Ces propos allaient à l'encontre de ce qu'Astrid lui avait révélé. Pourquoi la chevalière lui aurait-elle mentit ? A quoi cela l'aurait-elle avancé ? A moins qu'elle-même ne sache pas la vérité ? Car si Azeo était certaine d'une chose, c'était qu'Astrid n'avait rien contre elle et ne se jouait donc pas d'elle.

Las de tergiverser seule, ce qui ne la mènerait a rien au final, elle reprit son chemin pour trouver Kordah. Il détenait les réponses à toutes ces questions, et Azeo était bien déterminé à les entendre. Elle n'avait jamais été une trouillarde, ce n'était certainement pas maintenant qu'elle allait changer. Son pas était toutefois moins énergique qu'au départ, traduisant son trouble intérieur. Rien ne l’assurait non plus que le dragon n’allait pas la gober toute crue au final.

En cours de route le lien avait rétablie sa vision nocturne ce qui avait agacée Azeo. Ce truc n'avait donc pas un système pour le garder activé ? Elle parvint enfin là où se reposait le dragon. Cette nouvelle salle était encore plus grande que les autres. Azeo leva la tête et eut la surprise de voir qu'elle faisait plusieurs mètres de haut. Plusieurs corniches débordaient des parois. Azeo se demanda sur quoi elles donnaient.

— "Ce sont des nids. Ou plutôt, cela l'était. Tu as devant toi l'entre des Dragons Noirs. Enfin, ce qu’il en reste…"

Un mouvement attira son regard. Relevant davantage la tête, elle vit Kordah s’élancer de la plus haute corniche, les ailes plaqués contre ses flans. Elle crue un instant qu'il allait s'écraser au sol, mais il les déploya au dernier moment, provoquant un claquement sec. Lorsqu'il toucha terre, il déplia complètement son cou et darda son regard rouge sang sur Azeo.

— "Je suis conscient de toutes les questions que tu te poses. Je tacherais de répondre à toutes."

Il s'interrompit, un puissant bâillement s’emparant de lui, ce qui permit une nouvelle fois à Azeo d'avoir une magnifique vue sur ses dents effilées. Il secoua ensuite la tête et de nouveau Azeo trouva qu'il ressemblait à un chien après une sieste.

— "Merci de ne pas me comparer à cet animal vulgaire !"

Ainsi, il pouvait se montrer contrarié pour une simple remarque. Azeo l'aurais cru au-dessus de ça. Au-dessus de tout, même. Un peu comme un vieux sage empli de sagesse. Elle reporta son regard sur la créature et repensa au crane. Peut-être pas si sage que cela au final.

— "J'avais faim et ce petit imbécile c'est approché de trop près. Ce n'est pas ma faute. Je pensais que Kazli l'avait... nettoyé."

Elle ne voulut pas savoir ce qu'il sous-entendait par le terme nettoyer, de peur de ce qu'elle pourrait découvrir. Il baya de nouveau.

— Ma parole, mais tu ne fais que dormir !

— "Cela ne fait pas longtemps que j'ai été tiré de mon Dorzla, le grand sommeil, et je suis encore un peu engourdi. Il me faudra encore un moment pour retrouver ma puissance d’antan. Mais assez parlé de moi. Si celle que tu appelles Astrid ne sait pas la vérité malgré le fait qu'elle soit une Drakir, c'est tout simplement que cette vérité n'était connue que des Dragavat Kirtoul. Lorsqu'ils sont entrés dans le Dorzla, il ne restait plus personne ayant connue l'ancien temps. Seuls quelques écrits divulguaient de rares morceaux de notre histoire. Vous autres, humains, avez adaptés ce que vous avez découvert sur nous pour que cela coïncide avec ce que vous vouliez retenir de cette époque. Voilà pourquoi ce que je t'ai divulgué ne correspond pas à ce que cette femme t'as dit."

Cette explication ne convainquit pas totalement Azeo. Elle savait que lorsqu'une histoire parvenait à traverser les siècles, il y avait toujours à la source des faits avérés. Simplement, ils étaient ensuite déformés et embellie pour donner une meilleure impression du vainqueur. Ce qu'elle avait à révéler ensuite risquait de ne pas plaire à Kordah, aussi se prépara-t-elle à prendre ses jambes à son coup. Ce n'était pas dans ces principes de fuir, mais elle n'aurait aucunes chances de battre un dragon.

— Bon. Tu m'as secouru lorsque j’étais confronté au fauve, et pour cela je te remercie. Seulement, à cause de ça, je me retrouve maintenant lier à toi. Ce n'est vraiment pas ce à quoi je pensais aboutir en partant aider Astrid. Je ne sais pas si je dois être en colère, j'ai frôle la mort tout de même, ou bien simplement déconcerté, ce n'est pas tous les jours que je croise un dragon. Je me pencherais sur ce détaille plus tard. Ce qui me chagrine en ce moment c'est ce lien.

Le dragon cambra son cou lorsqu'elle aborda le sujet.

— J'ai déjà pas mal de problèmes sur les bras en ce moment, entre une chevalière qui veut absolument faire de moi un Drakir et un noble qui me met sur les nerfs et à qui j'ai tout de même dévoilé mon identité. Une entrevue avec l’Ordre que je ne pourrais pas repousser encore longtemps, mon père qui doit être mort d’inquiétude, sans parler de mes informateurs qui doivent se remplir les poches de par mon absence. Alors, rajouté ce truc de lien qui marche un coup sur deux, non, vraiment, c'est la goutte d'eau de trop. J'aime avoir mon indépendance, ma liberté.

— "En quoi le lien change-t-il cela ?"

— Parce que je ne suis plus libre la dedans !

Elle posa son index contre sa tempe et la tapota.

— Ta voix surgit ne nulle part et je sais des choses que je ne devrais pas par intermittence. C'est comme si tu violais mon intimité. Le seul endroit où je me sente vraiment bien, c'est quand je suis dans mes pensées. Mais même ça je ne peux plus le faire. Je sens toujours ta présence, comme si tu étais dans mon dos et m’observait. J'ai l'impression de devenir folle !

Tout en parlant, sa voix s'était mise à trembler et les larmes menaçaient de se déverser sur ces joues. Elle n'avait pas prévu d'en dire autant. Elle n'avait même pas été consciente de ressentir tout cela. Malgré sa vue trouble, elle remarqua que Kordah s'était tassé sur lui-même. Il semblait souffrir lui aussi. Azeo s'en voulue. Elle lui faisait des reproches alors qu'il n'avait rien fait de mal au final. Il l’avait tiré d’une situation des plus fâcheuse. Cela suffit à faire céder ce qui lui restait de volonté et libéra les flots de larmes qu'elle avait contenues jusqu'ici.

Elle s'en voulue aussitôt de se montrer si faible. Pleurer était bon pour les gamins et les mauviettes. Elle essuya rageusement les traînés d'eau salée qui lui maculait les joues, mais rien n'y fit. Ses pleurs allégeaient le poids qui pesait sur son cœur depuis bien longtemps. Alors qu'elle pensait parvenir à se calmer, Kordah frotta délicatement son menton sur le sommet du crâne d'Azeo. Ce geste apaisant déclencha une nouvelle salve de larmes. Azeo se reprocha du dragon et enfoui son visage contre sa patte. Elle se sentait mal, mais en même temps étrangement bien.

C'est avec les yeux gonflés à cause des larmes qu'elle venait de verser qu'Azeo reporta son regard sur le dragon. Il lui semblait que son iris brillait elle aussi de pleurs contenus. Ce ne devait qu’être son imagination, elle ne voyait pas une créature aussi féroce se mettre à pleurnicher comme elle venait de le faire. Elle s'éloigna et essuya les traces qui lui restaient sur les joues. Un silence pesant s’abattit sur eux. Après un instant de gêne commun, Kordah s’exprima enfin.

— "Avec le temps, tu apprendras à manipuler le lien. Tu pourras l'occulté presque totalement, un peu comme s'il avait été coupé. Tu ne sentiras plus ma présence qui te dérange tant. Jusque-là, je tacherais de limiter au mieux nos échanges."

Tout en parlant il s'était détourné. Azeo sentait bien qu'il était blessé, mais elle n'y pouvait rien. Elle n'avait fait qu'exprimer ce qu'elle ressentait, et tant pis si cela ne lui convenait pas. Elle le vit se figer un instant, trop court pour qu’elle en soit parfaitement sure. Merde ! Elle avait oublié que ce qu'elle pensait n'était pas un secret pour lui. Elle tendit la main, en un geste d’apaisement, et voulu prononcer des mots de réconforts, mais s’arrêta avant de le toucher, son bras dans les airs. Il n'était pas dans sa nature d'agir de cette façon.

Elle lui jeta un regard noir.

— Ne me fais pas ressentir ce que tu aimerais que je fasse ! Je viens de te dire que...

Elle n'alla pas plus loin. Il avait fait brusquement pivoter sa tête vers elle, la gueule légèrement entre ouverte. Sa posture était celle d'un animal acculé et près a tout pour s’échapper.

— "C'est toi qui use du lien pour savoir ce que je ressens ! Ne pense pas que je sois fautif à chaque fois !"

Sa voix avait claqué dans l'esprit d'Azeo, semblable à une tempête qui décimait tout sur son passage, lui provoquant une douleur atroce. Elle plaqua ses mains contre ses tempes. La voyant agir ainsi, Kordah se reprit.

— "Tout ce que j'ai fait jusqu’à maintenant, tu peux aussi me le faire. Ne croit pas que ça me transporte de joie. Pour moi aussi c'est nouveau, il faut que je m'adapte."

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Venait-il bien de dire qu'il n'avait jamais établie de liens avec quelqu'un d'autre avant ? Non, elle devait avoir mal comprendre. Et pourtant... Elle poussa un petit rire sarcastique.

— Et pourtant tu oses me donner des leçons. En fait, tu ne sais rien de concret à propos de ce qui nous arrive.

— "Bien sûr que si ! J'ai assisté à des dizaines de création de Barzat. J'ai toutes les connaissances qu’il faut savoir sur le sujet. Je n'ai juste pas la pratique..."

Azeo leva les yeux au ciel et poussa un petit soupir.

— Et bien, mon vieux, on n’est pas tiré d'affaires...

Kordah hocha la tête. Décidément, elle ne faisait qu’accumuler les mésaventures depuis peu. Entre Astrid qui s'était fait blesser en venant l'aider, Guasdrul qui avait pris de gros risques pour lui permettre de transmettre ses inquiétudes à sa chef, et sa dispute avec Doricien... Partager son esprit avec un dragon était peut-être ce qui lui était arrivé de mieux au final.

Le fait de repenser à Doricien lui rappela que la dernière fois qu'il l'avait vue, elle se faisait croquer par une créature censé avoir disparue. Assurément, il ne devait pas être au meilleur de sa forme. Et pauvre Guasdrul qui avait comme responsabilité de veiller sur elle... Qu'allait-il lui arriver ? Elle se souvenait très bien de l'expression qui s'était peinte sur les traits des deux hommes. L'effroi.

Azeo redressa les épaules. Elle n’allait pas les laisser croire qu'elle n'était plus de ce monde et avait rejoint le jardin de Nezir. Le problème était de savoir où ils se trouvaient actuellement. En prenant en compte le temps qu'elle avait passé dans cette grotte et en supposant qu'elle n'était pas resté inconsciente trop longtemps, ils devaient approcher de la rivière Fravan si le reste du trajet c'était déroulé sans encombre.

Toute à ces réflexions, elle n'avait pas vu Kordah s'éclipser discrètement. Elle continua à spéculer sur leurs avancé en prenant en compte les blessés, la difficulté du terrain, et sur cette tête de mule de Doricien qui n'avait certainement pas voulue partir sans tenter de la retrouver. A moins qu'il ne soit toujours en colère contre elle et qu'il ne se soit réjoui de voir le poids qu'elle représentait s'envoler au loin. Elle faisait maintenant les cent pas pour évacuer la colère qui venait de s'emparer d'elle lorsqu'elle s'était imaginée le noble faire un simple haussement d'épaules face à son enlèvement.

Un coup brusque dans son dos la fit trébucher. Elle s’apprêtait à répliquer vertement quand la voie de Kordah retentit.

— "Ils ont établi un campement de l'autre côté du fleuve, sur les terres de neige."

— Quoi ? Mais comment... ?

— "Je suis sorti faire un tour de repérage. Astrid et Guasdrul, si je les ai bien identifié grâce à l’image que tu as d'eux dans ton esprit, son encore dans le camp et ferons bientôt route vers le château de Reanach. Doricien a été plus difficile à repérer. Il se trouve plus au Sud et galope à bride abattues."

— Impossible ! Il ne se serait pas séparé du groupe. A moins que...

Une folle idée s'imposa à Azeo. Il était le seul à savoir que le roi de Kinaroc était son père. Il avait dû s’investir de la mission de le prévenir de ce qui était arrivé à sa fille.

— Quel idiot !

Elle se mâchouilla l’ongle du pouce, signe de sa nervosité. A tous les coups son père tiendrait le noble pour responsable. Il tenait énormément à sa fille, étant près à tous les sacrifices pour elle. Il ne restait plus qu'à Azeo à parvenir à l’arrêter. Mais comment faire ? Il avait déjà tellement d'avance. Quand bien même elle parviendrait à se procurer une monture dans l'un des villages qui pullulaient près du fleuve, elle aurait plusieurs jours de retard. Le simple fait de sortir de la Forêt Noire lui prendrait toute une journée.

De nouveau on la poussa gentiment, interrompant ses réflexions. Un rire joyeux résonna à l’intérieur d’elle.

— "Tu vois quand tu veux ! Tu as réussi."

Azeo le regarda par-dessus de son épaule, ne voyant pas ce que le dragon trouvait d’amusant à la situation.

— "Tu as réussi à me bloquer l'accès à ton esprit."

— Vraiment ?

— " Diak . Je te proposais pourtant une solution, mais tu n'as pas réagi."

Elle laissa de côté ce que cela signifiait, n'entendant que le mot « solution ». Il avait dû comprendre son empressement car il ne la laissa pas parler.

— "Tu cherches à le rejoindre le plus rapidement possible. Or, je ne connais rien de plus rapide qu'un dragon pourfendant les cieux."

Azeo se figea. Venait-il bien de lui proposer ce qu'elle croyait ?

C'est oreilles ne lui avait pas joué un tour, elle avait très bien entendue ce que Kordah lui avait dit. Après sa déclaration, il l'avait poussé jusqu’à la salle au plafond ouvert sur l'extérieur. Il lui avait ensuite expliqué succinctement comment procéder pour ne pas tomber. Il n'avait pas omis aussi de lui donner les détails si jamais elle chutait, ce dont elle se serait bien passée... Rien que de s'imaginer la scène, un frisson la traversa.

Alors que le dragon s'abaissait, son ventre raclant le sol, pour lui faciliter l'accès, Azeo fit plusieurs pas en arrières tout en agitant frénétiquement les mains en avant.

— Finalement, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée...

Il lui renvoya un regard accusateur.

— Non, vraiment. J'avais besoin de me faire oublier en plus. Rien de mieux que de prétendre être morte.

Elle hocha la tête, tentant de se convaincre elle-même de ce qu'elle disait. Seulement Kordah ne l'entendait pas ainsi.

— "On sait tous les deux que ce n'est pas ce que tu penses réellement."

Après un instant de réflexion, il poursuivit.

— "Maintenant, deux solution s'offrent à toi. Soit tu fais le trajet retour comme celui de l'aller, c'est à dire dans ma gueule..."

— Oh non ! Désoler de te le dire, mais tu as la même alène qu'un niuf.

— "Ou bien tu montes gentiment sur mon dos."

Elle observa l'endroit qu'il lui désignait de son museau. Situé à la base de son coup, au niveau des épaules, tout en laissant dégagé les muscles servant à activer ses ailes, la place n'avait pas l'air très sécurisé. La seule chose qui lui permettrait de rester en place serait la force de ses jambes et de ses bras. Normalement, un appareil spécial permettait de voler en toute sécurité, mais Kordah n'en disposait pas. Le peut qui n'avait pas disparue en même temps que les dragons anciens faisaient maintenant partis des collections royales et des chevaliers du dragon.

Azeo secoua la tête. Elle mourrait d'envie de tenter l'expérience, mais la peur de ne pas en ressortir vivante lui nouait le ventre. Captant cette pensée, le dragon lança :

— "Je ne savais pas que tu étais aussi peureuse, se cachant du moindre danger."

L'attaque fit mouche, mais Azeo décida de ne pas répliquer. Toutefois son orgueil fut touché et elle croisa les bras.

— "Je t'aurais crue plus courageuse. Enfin, j'ai dû me tromper. Après tout, tu n'as jamais rien fait par toi-même au final. Il y avait toujours quelqu'un à tes côtés pour t'aider ou sur qui faire retomber la faute..."

Azeo serra les poings à s'en faire mal. Elle refusait d'entrer dans son jeu, mais une colère noire montait en elle. Le dragon releva fièrement la tête, étirant au maximum son long cou, puis la toisa de haut.

— "Enfin, tu n'es qu'une faible et petite femelle. Je ne vois pas pourquoi j'ai placé autant d'espoir en toi..."

Il n'avait pas fini sa phrase qu'Azeo se jetait sur lui. La colère qui grondait maintenant dans la jeune femme était visible dans ses yeux, faisant naitre des éclairs de rages dans ses pupilles.

— Tu vas voir si je suis une faible femme !

Elle abatis son poing sur l'une des pattes avants de Kordah. Toutefois, si elle avait eu l'esprit plus clair, elle s'en serait abstenue. Alors que son coup fit l'effet d'une pichenette au grand dragon, Azeo serra vivement sa main contre sa poitrine.

— Merde ! Ça fait un mal de chien !

La douleur la calma et son agressivité retomba à plat. Elle comprenait que tout ce que le dragon lui avait dit n'avait servi qu'à la faire sortir de ses gonds. Il n'en pensait pas un traitre mot.

— "Tu attaques un dragon a mains nus, mais lorsqu'il faut monter sur son dos tu perds ton courage ? T'es actions se contredisent."

Il se coucha de nouveau au sol.

— "Aller, grimpe. Je te promet que tu vas adorer."

Elle agita sa mains encore douloureuse pour en chasser les fourmis. Il y avait du bon à être lier a un dragon. Elle était sur de s’être casser des os dans son attaque irréfléchi, et maintenant elle ne ressentait qu'une légère gêne, les fractures ayant presque disparues. Elle approcha de Kordah et posa un pied sur la patte qu'il tenait replié lui faisant office de marche. Tout comme pour monter à cheval, elle déplia sa jambe avec force et se jucha sur le dos du dragon.

Tout d'abord la hauteur l'impressionna, mais ne la dérangea pas davantage. Elle était déjà montée bien plus haut lors de ces contras, devant parfois escalader les plus hautes tours de châteaux. Elle gigota sur place afin de trouver une position confortable, tout en faisant attention de ne pas gêner Kordah dans ses mouvements. Lorsqu'elle lui fit signe que cela était bon, il se releva, ce qui déstabilisa un instant Azeo. Mais ses muscles réagirent par réflexes et avant même qu'elle n'y pense avait resserré ses cuisses, la stabilisant.

Kordah fit pivoter son cou de manière à la voir puis lui demanda :

— "Prête ?"

Elle poussa un petit soupire résigné puis répondit.

— Autant que possible.

Le dragon actionna ses ailes, les faisant battre de plus en plus vite. Sous elle, Azeo sentit les muscles se tendres et se détendre. Il lui semblait falloir une forces considérable rien que pour parvenir à décoller. Que cela devait-il être une fois en plein vol ! Elle n'osait l'imaginer.

— "Détrompe-toi. C'est le décollage le plus difficile. Une fois dans les airs, c'est un jeu d'enfant. Il faut d'ailleurs des années pour que les muscles d'un dragonneau soit assez développés pour lui permettre de décoller ainsi."

— Comment font-ils alors ?

— "Les nids sont en hauteur pour une bonne raison. Une fois l'heure venue, la mère les pousse dans le vide. L’instinct prend alors le dessus et pratiquement tous réapparaissent après une légère chute."

— Pratiquement ?

— "C'est comme ça. Les plus faibles ne survivent pas."

Azeo n'était pas sûr d'aimer ce qu'elle venait d'entendre, mais la vie était ainsi faite. Quand bien même les hommes se disaient plus évolué que les animaux, ils n'en étaient pas moins soumis à la même loi. Alors qu'elle errait seule dans les rue, elle avait vu les plus faibles mourir de faim, trop épuisés pour voler de quoi survivre un jour de plus.

Tout en parlant, les pattes de Kordah quittèrent une à une le sol. Il s'éleva ensuite avec lenteur. Azeo pensait que cela aurait secoué plus que ça et se serait déroulé plus rapidement.

— "C'est parce que j'y vais lentement. Si je procédais comme à mon habitude, je m’élancerais plus vite et à la vertical. Or je n'ai pas envie de t'effrayer alors que tu viens juste d'accepter."

Ils quittèrent finalement l’abri rassurent de la grotte. Une bourrasque de vent fit chavirer Kordah, mais Azeo ne réagit pas. Elle avait les yeux qui papillonnaient en tous sens sur le spectacle qui s'offrait à elle, cherchant à en capter les moindre détailles et à les garder précieusement dans sa mémoire.


Texte publié par Lorelei, 12 août 2017 à 18h22
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