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On avait droit à la totale pour la scène finale : l’océan à perte de vue autour la plateforme circulaire, le levé de soleil, et la chevelure de Christelle volant au vent. Il manquait plus que de la musique sirupeuse à base de violon, et la grande phrase romantique du beau gosse. Pour ce qui est du second élément, Josh s’en chargea, enfin du moins il essaya.

« Pour cette nuit, je ne veux pas que tu crois que… enfin je ne suis pas comme çà. »

« Ça va. On a juste tiré un coup. » Aurait dû répondre la prévôt.

Sauf que présentement elle avait l’impression d’abuser un peu. Hier soir son besoin de se changer les idées réclamait bien plus qu’un verre, et Josh n’étant visiblement pas trop mal fichu…

Il était facile de cerner chez lui son aspect serviable. Alors Christelle prétexta l’envie de parler tranquillement pour l’amener dans sa chambre. La suite allait de soi. Ça faisait la deuxième fois, qu’elle manipulait à son profit l’ancien militaire. Alors forcément les remords la travaillaient un petit peu. Surtout que aussi chiant soit-il, Josh n’était pas un connard comme tellement d’autres. Il méritait bien un peu d’égard.

« Je sais. » Dit-elle tendrement en parvenant même au prix d’un énorme effort à poser sa main sur l’épaule du vigile en signe d’empathie.

Cette répugnance pouvait sembler paradoxale, puisque Christelle lui avait touché bien plus que l’épaule la nuit précédente. Chacun a sa propre logique.

Puis Josh adressa un sourire reconnaissance plutôt niais. Là c’en était trop ! Heureusement l’aéronef de retour arriva. Christelle prétexta vouloir embarquer immédiatement soi-disant pour être bien placée.

Une fois à l’intérieur de l’appareil malgré la proximité des gens, la prévôt éprouva un énorme soulagement. Enfin cette histoire était derrière elle. Certes ils restaient Grastroc et Magellan. Mais un autre service de la prévôté se chargeait de les rapatrier.

En plus les passagers du retour étaient nettement plus supportables que ceux de l’allée. Sans doute anticipaient-ils leur retour au quotidien, et par conséquent se calmaient voir déprimaient. Il n’y avait même pas un dragueur audacieux. Ils devaient tous avoir eu leurs contents de conquêtes (ou de râteaux)

C’est alors que Christelle eut un geste maladroit. Pour quelle raison regarda-t-elle par le hublot ? Elle s’était assise à sa proximité uniquement parce que celui lui faisait un voisin de siège en moins. C’est là qu’elle vit sans pouvoir feindre l’inverse Josh lui faire un au revoir de la main. Il se croyait où ? Dans un roman harlequin.

La prévôt en lui rendant la pareille se demanda, si elle avait fait le bon choix avec lui. Était-il vraiment crédible dans son rôle ?

En apparence peut-être pour le reste….

Un sms anonyme de Christelle avait tout de même été nécessaire, afin que l’ancien militaire suive correctement la piste de Magellan. D’ailleurs au milieu de toute cette agitation il ne s’était toujours pas questionné sur l’origine de cette aide providentielle.

Tu parlais d’un enquêteur !

Il faut savoir que la prévôt était du genre à bien assurer ses arrières. Elle craignait la possibilité que cette affaire pousse sa hiérarchie à songer à un poste spécifique à Atlantide du fait de son statut international. Et qui serait le ou la meilleure candidat(e) au poste en question ?

Sauf que si le service d’ordre actuel se montrait suffisamment compétent, la prévôté n’en verrait plus la nécessité. Alors Christelle s’était attelée à donner au vigile en chef les capacités d’un détective ou du moins l’illusion. C’est ainsi que la sentant prometteuse elle lui avait attribué l’inspection du musée. Suite aux révélations apportées par Josh, la prévôt avait compris les grandes lignes à savoir l’existence d’un trafic d’antiquités atlantes.

Du fait de sa connaissance des lieux il était possible que Gina soit la vendeuse, qu’il s’agisse de pièces antiques ou de renseignements. Or d’après les analyses on n’avait pas fouillé le cadavre de la morte, ni son habitat. Donc il était envisageable également que l’acheteur ne soit pas encore en possession de l’objet de la transaction, et tente de mettre la main dessus. Ce qui conduisait à un éventuel cambriolage de la chambre de la défunte.

Évidemment ce cheminement n’était pas parvenu à atteindre le cerveau de l’ex-soldat. D’où le soutien discret de Christelle. Et histoire d’en remettre une dose au sujet de la participation de Josh à l’enquête, elle l’avait tout le temps trainée avec elle après.

Finalement ça avait été comme au pieu. Ce n’est pas que Josh y mit de la mauvaise volonté. Mais il fut nécessaire à la prévôt de le guider pour obtenir un résultat convenable.

Enfin l’aéronef s’envola laissant derrière lui la fameuse cité, qui aurait mieux fait de rester au stade de légende.

Un peu plus tard Christelle se surprit une nouvelle fois à jeter un coup d’œil au travers du hublot. La vue de l’océan à perte de vue lui parut irrésistible. Pourtant elle n’était pas du genre à faire dans le contemplatif. En fait c’était l’absence de toute trace humaine, qui plaisait à la prévôt. Elle y voyait un signe annonciateur de son retour à sa confortable solitude.


Texte publié par Jules Famas, 4 juin 2016 à 10h55
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