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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Christelle finit par accepter l’inévitable. Pourtant elle s’était donnée à fond afin d’éviter cette dernière extrémité.

A peine installée dans sa chambre d’hôtel, elle s’était attelée au travail sur son ordinateur analysant méthodiquement les différends éléments avec juste au milieu l’interruption de la part Josh.

En premier lieu il y avait la victime. Gina Maroni était une citoyenne de la fédération italo-luxembourgeoise (le monde avait subi des bouleversements géopolitiques insolites au cours du siècle), âgée de vingt ans sans histoire (même pas une contravention). Etudiante en philosophie à l’université Frank Riberi (de très gros bouleversements…) elle profitait de ses vacances d’été pour travailler au parc d’Atlantis. Elle aurait mieux fait de sagement se saouler et se défoncer en profitant de l’argent de papa-maman, comme ses petits camarades. Ainsi elle serait encore en vie.

Si son passée était son tâche, que donnait le présent ?

Sa fonction était animatrice polyvalente. Ça sonnait mieux que tâcheronne. Car elle se chargeait de divers jobs de contact selon les besoins du moment comme serveuse, mascotte, et agent d’accueil. Son dossier à la direction se contentait de la qualifier de : « employée compétente, mais manque de motivation. ». Elle n’en donnait que pour son argent ou plutôt son obole, si on jetait un œil à sa fiche de paie. Sinon rien de suspect au niveau de son travail.

Il restait encore la scène de crime. A cause de la fréquentation du vestiaire on ne pouvait pas tellement compter sur des empreintes et autres traces. Il y en avait trop à distinguer. La mort avait eu lieu au environ de trois heure du matin. Autant dire qu’on ne pouvait pas compter non plus sur un grand nombre de témoins. Etant donné l’aspect dit familial de l’endroit, il était pratiquement désert la nuit.

Ce dernier point ne gênait pas tellement Christelle. On lui avait donné accès au réseau de caméras d’Atlantis. Et elles constituaient de bien meilleurs témoins : sans trou de mémoire, sans préjugé faussant l’interprétation, et surtout sans l’usage de la parole.

Donc en visionnant attentivement les caméras aux alentours de la scène de crime et à l’heure établie, la prévôt identifia une ombre furtive correspondant à Gina. Qu’elle parvienne à se jouer des caméras était plausible. A défaut de bénéficier d’un salaire décent, son travail permettait de circuler dans l’ensemble du parc, et par conséquent d’en avoir une vision globale.

Encore fallait-il que Gina en note les emplacements des caméras, et les évite. La conclusion venait d’elle-même : « l’innocente » victime ce soir-là tenait à se faire discrète et avait donc des motivations suspectes. D’ailleurs pourquoi s’était-elle rendue de son plein gré dans ce vestiaire comptant parmi les rares endroits du parc sans caméra (quoique peut-être un pervers…) ?

Et le meurtrier dans tout ça ? Toujours grâce aux caméras Christelle avait identifié quelqu’un de moins discret, mais tout aussi louche. Déjà l’homme n’était pas un membre du service de nuit d’Atlantis. Il n’en portait pas l’uniforme. Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre dehors alors ? Et surtout sa description correspondait à celle du type du musée repéré par le chef de la sécurité.

Tenait-on enfin un coupable potentiel ? Pas encore.

L’analyse du cadavre était formelle. La mort avait été causée par un coup de poing ayant déboité la tête de la malheureuse. La puissance de l’impact était énorme. Et le type du musée ne disposait pas de la carrure nécessaire. A vrai dire peu de personne devait l’avoir. D’ailleurs ce n’était le cas de personne à proximité à l’heure du meurtre, d’après le réseau de surveillance.

L’assassin était donc encore plus habile à esquiver le regard des caméras que Gina. En résumé on cherchait quelqu’un bénéficiant d’une bonne connaissance des lieux, et d’un sacré punch.

Christelle songea d’abord au service d’ordre du parc. Sauf que pour surveiller les resquilleurs de manèges on n’embauchait pas l’élite des mercenaires. Quelques vigiles étaient costauds, et pratiquaient des sports de combat. Mais aucun ne paraissait capable de la prouesse du meurtrier.

Leur chef Josh il s’agissait bien d’un combattant confirmé hein, hein ! Toutefois même lui n’atteignait pas le gabarit recherché.

Et les arts martiaux ! Un bon pratiquant grâce à sa technique peut être capable de porter des coups bien plus puissants, que sa carrure ne le laisserait imaginer. Finch a du forcément être formé à des techniques de corps à corps à l’armée ? Exact à un détail près : son dossier mentionnait, qu’il était plus un adepte du grappling, que du pied-poing.

Ce n’était pas grave. Peut-être que parmi les autres employés, se trouvait un champion d’une quelconque discipline martiale ? Toujours pas.

Bon alors un champion national de culturisme ou d’une quelconque discipline martiale en voulant à Gina s’était procuré les plans du parc et….

Christelle s’arrêta là. Ses raisonnement allaient trop loin dans l’hypothétique. Il lui fallait un peu plus de concret, si elle voulait avancer, comme les fréquentations de Gina au sein du parc.

Pour cela la prévôt ne voyait qu’une solution : enquêter sur le terrain. Ce qui comprenait observer les gens, leur parler, et même les écouter.

Au fait Christelle ne s’était pas intéresser à la situation financière de Gina. Peut-être avait-elle eu des versements suspects pouvant déboucher sur une piste ? En réalité c’était le contraire. Elle cumulait les découverts. Une étudiante dans le rouge comme c’était original.

Résignée l’enquêtrice ouvrit la porte de sa chambre. Au moins l’acclimatation après son après-midi enfermée, se faisait en douceur. Dans cet hôtel les tenues des employés ne comportaient pas de coquillages en plastique, et aucune décoration de type maritime ou d’antiquité version péplum n’ornait les murs.

Cet établissement était réservé aux hôtes de marque comme les actions ou les gros fournisseurs. Etant potentiellement des complices, on leur épargnait le mauvais goût ambiant.

Christelle comptait retourner aux habitations des employés et procéder à des interrogatoires. Seulement une fois dehors la foule, l’ambiance… le retour au monde extérieur fut trop brutal. Il lui fallait un verre et vite.

Il se trouvait à proximité une sorte de snack baptisé : le matelot. S’il respectait un minimum sa propre thématique, cet établissement devait disposer d’alcool. A vrai dire elle dut se contenter d’un petit rhum.

Malgré la gueule d’enterrement lui faisant face, le serveur vêtu d’un pull à rayure crut nécessaire de demander :

« Vous désirez autre chose ? »

« Casses-toi. »

« Bien madame, passez une bonne soirée. » Répondit très courtoisement l’employé comme si de rien était.

L’enquêtrice releva alors la tête, et examina l’air niais du jeune homme. Elle eut encore droit à un déclic.

« Quelle conne ! » S’exclama-t-elle, honteuse de ne pas y avoir pensée plutôt.

********************

Josh faisait très héroïque dans sa tenue sombre rappelant certaines unités d’intervention, et à veiller du haut du toit, alors que tous dormait. Atlantis avait-elle droit à son propre Batman ?

En la regardant un peu plus attentivement, l’image perdait de sa superbe. L’uniforme de justicier nocturne était en fait un simple ensemble de jogging de couleur noire, afin de se fondre dans l’obscurité. Quant à l’équipement il était loin d’être impressionnant.

En guise d’arme l’ancien militaire devait ironiquement se contenter du volter de dotation du service de sécurité. Il s’agissait d’un pistolet envoyant des décharges électriques paralysantes. Le reste du matériel se limitait à son communicateur. Il émettait un écran divisé holographique directement lié à des caméras à deux balles comme on dit, placées ça et là.

Au milieu de tout ça Finch se sentait mal à l’aise, et pas à cause de sa version pauvre du justicier de Gotham. Tout venait du cheminent l’ayant mené à cette situation. La motivation pour mener une enquête parallèle, ne manquait pas au vétéran contrairement aux moyens. Puis une sorte de miracle était arrivé sous la forme d’un sms.

« Le logement de la défunte n’a pas encore livré tous ses secrets. Et ils attireront des convoitises. »

Bien que pompeux le message avait au moins le mérite d’être clair…enfin plus ou moins. En tous cas il procurait une piste à Josh.

Sans être un détective chevronné, suite à cette suggestion Finch était parvenu à comprendre que la défunte n’était pas nette dans cette affaire. Déjà il y avait le lieu du crime isolé et discret, où rien n’indiquait qu’elle y fut trainée de force. A cela s’ajoutait les parchemins factices.

Par conséquent il était plausible que Gina ait été mêlé à un affaire louche, et qu’un complice voir le meurtrier veuille récupérer des éléments compromettants chez elle. Seulement lesquels ? Là-dessus les capacités en matière d’investigation du vigile atteignaient leurs limites.

A part les faux papiers atlantes, il n’avait rien déniché de suspect. Il décida donc de laisser le complice-meurtrier apporter la réponse de lui-même. C’est ainsi que Josh se retrouvait à faire la sentinelle solitaire sur ce bâtiment destiné aux employés.

Au moins ce type d’activité était dans ses cordes. Pourtant une gêne persistait. Quelle était la motivation de cette aide providentielle ? Toutes ces embrouilles dépassaient Finch.

Mais la priorité était d’arrêter le meurtrier en cavale. Et le chef de la sécurité semblait le seul à en avoir à la fois les moyens, et la motivation. Quant aux éventuelles conséquences ? Il était prêt à les assumer mais seul. Personne d’autre ne payerait pour ses initiatives, et éventuelles erreurs. C’est beau n’est-ce pas ?

Soudain l’installation fait maison de notre justicier nocturne, perçut une intrusion. Un homme était entré par la fenêtre du quatrième étage. Bien évidemment il s’agissait de celui où se trouvait la chambre de Gina. Bien évidemment encore l’intrus était le suspect du musée. Comme pour simplifier l’identification il portait les mêmes vêtements.

Au vingt-deuxième siècle on était en droit de s’attendre à mieux de la part d’un cambrioleur, comme une tenue moulante rendant invisible, des lunettes permettant de voir au travers des murs…

Ce genre d’arsenal était effectivement nécessaire pour des endroits, dont les responsables se souciaient un minimum de la sécurité. Et la direction ne portait pas un grand intérêt à son personnel. De son côté le dit personnel ne s’en plaignait pas. Il n’avait pas beaucoup droit à la parole, ni à voler du fait des salaires.

Même en prenant en compte cette facilité, il faut reconnaitre que le cambrioleur ne se débrouillait pas mal. Il était tout de même parvenu à se faufiler à l’intérieur, malgré la surveillance de Josh depuis les hauteurs. Vu le niveau respectable de son adversaire, Finch décida de s’appliquer.

Le résultat fut comment dire ? Grotesque.

Essayez d’imaginer la scène : deux hommes se déplaçant à pas de loup avec mille précautions dans ce clapier miteux, où dormaient à poing fermé quelques pauvres diables épuisés et sous-payés.

Quant au duel final, son début manqua singulièrement de panache.

Une fois dans la chambre de Gina le suspect se contenta d’enfourner dans son sac à dos le disque dur du Mac-Chrome. C’était une sorte de télé-ordinateur incrusté dans le mur de bon nombre d’habitations, et par conséquent obligatoire. Encore une magouille de Dysnosoft pour s’imposer sur un marché.

Puis lorsque le cambrioleur emprunta de nouveau la sortie de la chambre, il se retrouva bêtement face à l’ex-soldat l’attendant l’arme braquée sur lui. Normalement ça aurait dû s’arrêter là, non ?

Surtout que Finch avait connu ce type de situation un nombre incalculable de fois. Personne n’était en mesure de le surprendre à présent. Il faut croire que si.

Il existe différente réaction face à une arme : supplier, baratiner, foncer pour les plus cons téméraires... Et bien Josh en expérimenta une nouvelle : le sourire amusé, comme lorsqu’un gosse vient de dénicher une idée de farce.

Ironiquement l’expérience de Finch joua contre lui. La plupart de ses subordonnés ne se seraient pas emmerdés. Si le gars veut visiblement faire le malin, on lui envoi dans le doute une bonne décharge. Ce n’est pas mortel de toute manière. Sauf que le vigile en chef était habitué aux armes létales. Donc instinctivement il s’accorda une réflexion avant de faire feu. Est-ce que son prisonnier dissimulait une arme ?

Le suspect profita de cette hésitation pour commettre l’action la plus stupide imaginable. Au lieu de se ruer sur son adversaire, il se jeta pile dans la direction inverse, et passa à travers la fenêtre.

Josh dégouté devant tant de bêtise, alla à la fenêtre constater l’étendue des dégâts. Il comprit alors, qui était le véritable con dans l’affaire. Dans sa chute son gibier s’était agrippé au lampadaire en face de la fenêtre, puis laissé glisser. A présent il détalait à une bonne allure.

L’ancien militaire ne prit même pas un instant pour s’engueuler intérieurement. Il était en mode action désormais. Sa cible étant à présent hors de portée de son volter, il descendit à son tour grâce au lampadaire.

Le fuyard entendit derrière Josh lui ordonner de s’arrêter. A vrai dire le ton était plus proche de la supplique que de la menace. Qu’est-ce qu’il croyait cet idiot ? Qu’un simple SVP le pousserait à se rendre ?

Le suspect accéléra brusquement, sauta, et atteignit une des branches d’un stand-étoile de mer. Il s’y balança ce qui lui procura assez pour atteindre une espèce de montagnes russes-serpent de mer géant. Suite à sa prouesse le fugitif s’autorisa un léger ralentissement, jusqu’à ce qu’il perçut derrière lui des bruits de pas. Josh n’avait toujours pas lâché l’affaire.

Alors un nouvel élément entra dans le jeu. Et une citation passa par l’esprit du fuyard : audaces fortuna juvat. On pouvait être un voleur et cultivé.

Donc plus bas évoluait un véhicule de nettoyage déguisé en : bernard l'hermite, dauphin, huitre… ? Perdu quel que soit votre choix. Ces engins automatisés ne circulant que de nuit pour ne pas gêner, la direction ne voyait donc pas l’intérêt de les décorer. Les rails descendaient, et le camion les longeait. Le fuyard tenta donc sa chance. Il faut croire, qu’il y a un dieu spécialement réservé aux cons. Parce que cette manœuvre complètement foireuse fonctionna sous l’œil écœuré de Finch.

Le vainqueur agrippé au véhicule, se permit un petit salut de la main provocateur. Quand soudain sans raison (du moins pour lui), il perdit toute force et chuta. La divinité de la connerie avait atteint ses limites.

Le vigile rejoignit rapidement sa cible, blasé à défaut d’être surpris. Il avait vu la trainée de sang au début de la poursuite. Le cambrioleur s’était ouvert en traversant la fenêtre.

Josh avait déjà connu un phénomène de ce type du temps de l’armée. L’un de ses subordonnés de Finch lors de la prise d’un bâtiment, s’était fait éborgné au milieu de l’assaut. Il fallut attendre la fin de la manœuvre, avant qu’il ne réalise son état. Pris dans le feu de l’action son corps avait réagi en retard. Josh improvisa un garrot, et contacta l’antenne médicale. De nouveau en mode repos, il se permit de nouveau de raisonner.

Il se demandait qu’est-ce que c’était cette victoire à la con, où l’ennemi se défaisait tout seul.

Décidément rien n’était logique dans cette affaire.


Texte publié par Jules Famas, 9 avril 2016 à 11h44
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