Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Quel était l’intérêt d’avoir une pièce d’une telle taille ? Le temps des classeurs, des dossiers, des tiroirs, des archives papiers, était définitivement révolu. Probablement une question de prestige. Il s’agissait tout de même du bureau du directeur.

Quoiqu’il en soit Christelle ne trouvait pas le résultat terrible. Tout cet espace seulement occupé par une table, un fauteuil, et deux chaises, ç’en était presque ridicule.

Un détail retint rapidement l’attention de la visiteuse. L’ordinateur était un de ces modèles sans écran, à projections holographiques tactiles. Et justement où étaient les dites projections ? Le directeur n’aimait pas trop en dévoiler. Ça promettait.

Après les lieux Christelle se focalisa sur l’occupant. Il s’agissait d’un trentenaire plutôt en forme, vêtu d’un costume noir luxueux mais passe-partout. Le genre qui convenait autant à une réception mondaine qu’à une réunion de bureau. L’homme arborait un sourire de politesse sans forcer la dose.

De son côté lui aussi il jaugeait. On était censé lui envoyer un agent de la prévôté, la force d’investigation internationale reconnu par pratiquement toutes les nations, l’élite de l’élite.

Or qui lui faisait face présentement ? Christelle n’était pas désagréable à regarder. Déjà elle appartenait à l’espèce de plus en plus rare des vraies blondes. Même si un peu de gras trainait çà et là, son corps affichait des formes voluptueuses. On distinguait sur son visage rond derrière un air blasé, une certaine vivacité.

Le problème se situait en fait dans la tenue. Le tandem jeans et t-shirt passait encore. Mais ce sac de voyage indigne du plus négligé des autostoppeurs, c’était définitivement de trop.

Pour le directeur l’importance du paraitre demeurait primordiale. Il fallait bien se distinguer, lorsqu’on était au sommet.

Il ignorait que le travail d’un prévôt pouvait quasiment s’effectuer en slip. La tâche des prévôts se concentraient sur la lutte contre les groupuscules mafieux et terroristes exerçants à l’échelle mondiale. Pour cela ils transmettaient des informations, et coordonnaient les actions des services de policiers du monde entiers à partir de leurs ordinateurs.

La présence de Christelle dans ce parc d’attraction relevait d’un cas très particulier, voir unique. Atlantis se situait dans les eaux internationales. De plus le propriétaire de l’endroit Disnosoft pour de basses raisons fiscales, s’était concocté un régime obscur jonglant avec différentes nationalités et pratiques juridiques.

Au final seul un membre de la prévôté semblait habilité à enquêter sur le meurtre ayant eu lieu dans ce parc d’attraction.

Et cette tâche était tombé sur Christelle du fait de son parcourt atypique. Majoritairement les prévôts étaient dans leurs pays d’origines des préfets, des procureurs, des districts attorneys… bref des dirigeants et des planificateurs.

De son côté Christelle était à ses débuts une inspectrice de police ayant par la force du poignet gravit les échelons. Par conséquent elle bénéficiait contrairement à beaucoup de ses confrères actuels d’une expérience du terrain.

Tâter le terrain en question était souvent nécessaire, mais de là à s’observer sans rien dire. La visiteuse prit donc la parole.

« Christelle Brenilin, prévôt internationale. »

Sous une sorte d’impulsion professionnelle elle brandit une nouvelle fois sa carte prouvant sa profession. C’était l’un des deux objets inutiles et imposés à son corps de métier afin de faire croire, qu’il n’était pas seulement un rassemblement de bureaucrates.

« Walter Ganes, Directeur du parc. Enchanté. Permettez-moi d’abord de vous remercier d’être venu si vite…. »

Une intonation parfaitement maitrisée, des phrases bien apprises et employées de manière adéquates, pas de doute le personnage avait suivi une formation de communiquant.

Si on voulait éviter une tentative d’embrouille et ne pas perdre de temps, le mieux était de frapper d’entrée de jeu.

« Vous savez qu’il est illégal d’utiliser des androïdes même dissimulés sous une apparence humaine pour des fonctions relationnelles ? » Coupa Christelle avec une pointe de cynisme dans la voix.

L’hôtesse d’accueil à la surface avec ses formules de politesse toutes faites, ses répétitions, et son comportement statique, avait mis la puce à l’oreille de la prévôt. Sa perspicacité avait fait le reste.

Walter ne put retenir une courte grimace face à cette déclaration. L’absurdité de la situation l’agaçait, autant que d’être pris sur la main dans le sac.

Toutes les lois d’inspiration asimovienne sur la robotique, étaient contournées d’une manière ou d’une autre, sauf une. Au final on pouvait envoyer un robot sur un champ de batailler tuer une cinquantaine d’hommes, mais pas lui faire servir un thé. Soit disant on évitait ainsi que la société se déshumanise en laissant une trop grande confusion se faire entre les hommes et les machines.

Encore une belle connerie pour se donner bonne conscience. Du moins c’est ainsi que le directeur voyait les choses.

En tous cas c’était la merde. Les robots ignorant tout de la fatigue, du stress, et des exigences salariales, Ganes avait effectué de sacrés économies en en dissimulant ici et là parmi les employés.

Si Christelle exigeait des comptes, il encourrait de gros ennuis. Pourtant rien ne vint. Elle se contentait d’adresser un petit sourire sarcastique.

Qu’est-ce qu’elle cherchait ? Le faire chanter.

L’enquêtrice considérant qu’elle l’avait suffisamment fait cogiter, reprit la parole :

« Bon le mort, c’est qui ? »

Walter comprit enfin le message, et en finit avec les fioritures orales.

« C’est une de nos employées, Gina Maroni. Voici son dossier. »

Sur ses mots il tendit un de ces nuages statiques de données que Christelle absorba à l’aide de son communicateur. Le communicateur était un peu l’héritier du téléphone portable avec encore plus de fonctions inutiles et tape-à-l’œil.

« Et pour la scène de crime ? »

« Josh Finch le chef de la sécurité va vous y conduire. Il restera à votre disposition si besoin. »

Y avait-il autre chose à ajouter ? En tous cas le directeur le crut.

« Vous savez, on a une clientèle familiale qui peut…. »

Dès qu’un mince espoir dans le genre humain naissait chez Christelle, il fallait toujours qu’il soit rapidement bousillé.

Pourquoi Ganes remettait-il sa langue de bois sur la table ? La malheureuse enquêtrice croyait pourtant avoir été assez claire.

Elle en rajouta donc une dose.

« Je serai discrète, si on m’emmerde pas. »

Le directeur se tut enfin, et se contenta d’acquiescer de la tête. Cette fois le message était passé.

********************

Josh tenait à la sortie du bâtiment droit comme un I, et posté juste à côté d’un véhicule. Déjà fin prêt, il attendit tout de même que la prévôt s’approche, avant de se présenter dans un timbre clair :

« Josh Finch, chef du service de sécurité du parc, détaché à votre service. »

Même après une gueule de bois, voir une lobotomie Christelle aurait deviné le passé militaire du personnage. Elle eut presque envie de dire : « Repos » face à une telle évidence.

Elle perçut également chez Finch une forte détermination. Le cocktail était loin d’être prometteur.

Un soldat n’est en rien un policier. Et il n’y a rien de pire, qu’un incompétent, bien intentionné. Ses conneries sont plus imprévisibles que les autres. Et on ne peut même pas lui en vouloir. Le pauvre ne cherche qu’à bien faire.

Christelle le pressentit aussi un peu chiant.

« Bon on y va. » Répliqua-t-elle plus cassante que jamais.

Ils pénétrèrent alors tous deux dans l’aéroglisseur en forme d’hippocampe (vous vous attendiez à quoi ?).

Durant le trajet Finch par politesse, fit la conversation ou plutôt s’y essaya. Il choisit le sujet lui semblant le mieux adapté leur situation : le parc (que Christelle détestait de plus en plus).

En plus le vigile en chef était d’un pénible. On avait l’impression, qu’il faisait une sorte de rapport avec le nombre d’entrées, l’organisation….

Une fois de plus son œil négatif avait vu juste. C’est ainsi que la prévôt surnommait son aptitude à lire dans le comportement des gens. Car généralement elle n’y voyait pas de bonnes choses. Comme lorsqu’au lycée après juste quelques jours de relation, elle perçut que son mec avait des vues sur sa meilleure amie.

En entrant dans la police Christelle pensait changer sa malédiction en don. Bizarre qu’une femme si futée ait fait une telle erreur. Si ce qu’elle percevait chez les gens ordinaires n’était déjà pas très agréable, qu’est-ce que ça donnerait avec les criminels ?

Définitivement dégoutée du genre humain, Christelle travailla d’arrache-pied pour obtenir un poste de prévôt, et ainsi éviter tout contact direct avec ses semblables. Et puis il fallut que ce meurtre arrive.

Quitte à devoir supporter de nouveau une conversation, autant que cela soit utile. L’enquêtrice orienta le débat sur la découverte du corps. Elle avait eu lieu ce matin par un homme du service d’entretien. Seul Josh s’était permis de s’approcher du corps afin de vérifier si la morte l’était bien. Ensuite il avait isolé la zone, et avertit qui de droit. Finalement il n’était pas si inutile, que Christelle le pensait au premier abord.

Le duo arriva enfin dans la zone sud dites authentique. L’idée était d’y reproduire la ville d’origine, contrairement au reste basé sur les légendes et fictions. Et bien il y avait encore du boulot !

Pour commencer les statues d’homme étaient toutes munis d’une jupette, au lieu d’avoir la bi.. à l’air, comme dans n’importe quel musée. A la rigueur on pouvait excuser cette infidélité pour cause de public familial. Mais qu’est-ce que foutait là cette arène romaine ! A croire que les concepteurs avaient lu l’antiquité pour les nuls, et tout repris en vrac.

Enfin ils auraient pu faire pires. Au moins il n’y avait pas de pyramides égyptiennes.

Le corps se trouvait dans un petit bâtiment interdit au public, et servant de vestiaire aux employés travaillant à proximité.

Christelle avait rarement vue une scène de crime aussi réussie. Elle était glauque à souhait. La pièce était mal éclairée, sale, et aux couleurs ternes. La machinerie de l’aération participait aussi en produisant des bruits grinçants et répétitifs. Et bien au milieu se trouvait le cadavre, d’une femme d’une vingtaine d’années. Seul un vaste bleu entamait peu sa beauté, histoire de souligner le gâchis. Il ne fallait pas oublier le regard errant de la pauvre victime.

Et bien ce spectacle, ce rassemblement de clichés, l’enquêtrice ne lui accorda pas une seconde d’attention. Quant à Josh ayant connu le front, les cadavres ne le choquaient plus depuis longtemps.

Comme le directeur, il avait une vision mythique des fameux prévôts. Il s’attendait donc à un déploiement de science, et déduction sur la scène de crime. Or Christelle se contenta de tirer une espèce de disque métallique, qu’elle enclencha, puis lança dans la pièce. L’appareil lévita, et commença à émettre plusieurs rayons de type scanner.

« Il effectue une analyse des lieux et du cadavre. » Expliqua la prévôt en refermant la porte. « Lorsque ce sera fini il faudra mettre le corps au frais dans l’éventualité d’une autopsie. »

Finch répondit par un hochement de tête, qui signifiait :

« Je me tiendrai prêt. L’un des fourgons-ancre de marine destinés aux réparations, pourra assurer le transport. Le restaurant Calypso à proximité, dispose d’un frigo capable de contenir la défunte. Quant à ses denrées nous pourrons les dispatchers…. »

Ayant pigé le truc Christelle ajouta sur ton impératif et très militaire :

« Il faut aussi que je vois le logement de Gina Maroni. »


Texte publié par Jules Famas, 26 mars 2016 à 14h30
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2782 histoires publiées
1267 membres inscrits
Notre membre le plus récent est JeanAlbert
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés