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tome 1, Chapitre 1 tome 1, Chapitre 1

« Vous avez rendez-vous avec la plus grande découverte du vingt-deuxième siècle. » Garantissait la publicité.

Chaque siècle apportait visiblement son lot de déception. N’avait-on pas promis des voitures volantes pour le précédent ? Puisqu’on était dans les transports, comment pouvait-on encore faire subir à des gens, ces aéronefs low cost ?

Celui dans lequel voyageait Christelle, correspondait un peu à l’idée qu’elle se faisait de l’enfer : quelque chose où la souffrance est à la fois incessante et multiple.

Pour commencer il y avait cet horrible mioche, dont les râles atteignaient l’autre bout de l’appareil. Sa mère s’y opposait par quelques paroles aussi molles qu’inefficaces. Après tout elle était immunisée depuis le temps, quant aux autres (ayant oubliés leurs écouteurs comme Christelle), tant pis pour eux. Un vieux couple assis juste derrière Christelle, décida que si ce morveux emmerdait le monde, il était légitimement en droit de faire pareil. Ils se répétèrent en boucle l’un à l’autre l’éternel poncif sur « les jeunes de maintenant », le tout accompagné de soupirs agacés histoire, qu’on comprenne le message. Leurs volumes respectifs étaient loin de valoir celui de leur jeune concurrent. Toutefois ils conservaient leur utilité en meublant l’espace sonore, le temps que le gamin reprenne son souffle. Ainsi il ne subsistait pas un instant de répit.

Évidemment la torture ne se limitait pas à l’ouïe. Cette bétaillère volante du fait de son entassement, offrait son lot d’odeurs corporelles diverses et variées. Au milieu de ce calvaire Christelle était encore moins d’humeur communicative, que d’habitude.

Pourtant son voisin de siège ne comprit pas cette évidence. Qu’est-ce qui pouvait bien le pousser à jouer les séducteurs entre les relents de sueurs, et les hurlements du merdeux ? Tout le monde ne s’encombre pas de romantisme. Contrairement à ce qu’on était en droit de s’attendre de sa part, Christelle ne lui arracha pas les yeux de ses orbites, ni ne lui força à les avaler. Dans le cas présent elle avait besoin de fixer son attention sur n’importe quoi, afin d’oublier le reste.

Le voisin n’était pas un simple touriste comme les autres. C’était un représentant en quelconques merdes sucrées, venus signer des contrats avec la direction du parc. Au moins il se distinguait un peu. Christelle supporta d’abord sagement son numéro de drague. Puis vint l’accalmie avec la descente de l’engin. Le chiard comprenant qu’on arrivait, se calma un peu. Il aurait besoin d’énergie pour plus tard. Les vieux l’imitèrent aussi, puisqu’ils travaillaient conjointement avec. La distraction apportée par le représentant passa donc au statut de gêne.

« Vous savez pourquoi il ne faut jamais regarder les chiens dans les yeux ? » Balança soudainement Christelle.

Le séducteur amateur ne s’interrogea pas sur cette interruption incongrue. L’essentiel était de garder la face, et donc de savoir répondre :

« Parce que sinon ils vous mordent. »

« Et bien c’est pareil chez les femmes avec leurs seins. »

Il est vrai que Christelle disposait d’une poitrine opulente, que son voisin avait lorgnée pas assez discrètement. En revanche il comprit le message, et n’insista pas.

Cette légère amélioration se poursuivit pendant le débarquement. Christelle ne s’attendait pas à une telle sobriété. Cette gigantesque plateforme plantée au milieu de l’océan était de forme circulaire. Sur les bords se trouvaient les pistes d’atterrissage vertical, et au centre les ascenseurs entourés par les guichets. Parmi ces installations purement fonctionnelles, il ne se distinguait qu’une décoration. Une pancarte en lévitation même pas lumineuse où était juste inscrit: ATLANTIS.

Il est vrai que la simple mention de ce mythe se suffisait déjà à lui-même. C’est sans doute ce que c’était dit une grosse multinationale nommée Disnosoft en s’emparant du site. Plus exactement elle avait racheté l’entreprise d’exploration sous-marine ayant découvert par hasard l’endroit.

Dans un premier temps la communauté des historiens rua dans les brancards. On ne s’accaparait pas ainsi le patrimoine de l’humanité. S’en était suivi une bataille juridique où s’opposaient David et Goliath, l’éthique et l’avidité... Et bien en fait non puisque Disnosoft laissa les archéologues à leurs grandes surprises se servir. Les pauvres découvrirent, que décidément la réalité ne valait jamais le fantasme.

Depuis sa fondation par un noble grec en exil Atlantis avait fonctionné quasiment en autarcie, sans offrir de création notable dans n’importe quel domaine. Quant à sa mystérieuse disparition, il s’agissait d’une simple catastrophe naturelle liée à l’instabilité géologique de l’île.

En résumé cette ville de légende n’offrait rien d’autre qu’une pâle imitation de la culture hellénique déjà bien connue. Cet enfoiré Platon s’était bien foutu de la gueule du monde à ce sujet.

Les historiens en firent donc vite le tour contrairement à Disnosoft. L’engouement médiatique finalement injustifié, lui permit de vite rentabiliser le premier parc d’attraction sous-marin de l’histoire, construit sur les ruines du site. Au moins Atlantis était indirectement à l’origine d’une innovation.

Et Christelle au milieu de tout cela ? Son cas étant si particulier qu’elle ne savait pas trop où aller. Une des files se distinguait par sa longueur bien plus réduite que les autres.

« Comme mon ex. » S’amusa à penser Christelle.

C’était sa manière à elle de se relaxer

En tous cas cette queue était certainement réservée aux V.I.P. Ce choix semblait adéquat faute de mieux. Le calvaire des contacts humains reprit. En entendant un autre gosse demander en boucle à sa mère « On est bientôt arrivé ? », Christelle se promit de laisser tomber le stérilet au profit de la ligature des trompes. C’était plus sûr. Heureusement son tour vint rapidement. Dans ce genre de cas on avait affaire à un guichet automatique. Les gens d’accueil existaient encore en tant qu’une sorte de luxe, comme dans le cas présent distinguer l’entrée normale et celle des V.I.P.

La femme faisant face à Christelle portait un simple tailleur de couleur bleue marine (sûrement pour rappeler le thème maritime). Cette résurgence de sobriété étonna une nouvelle fois Christelle. Dans cette même idée la guichetière était d’une beauté soft. C’est-à-dire qu’elle était agréable à voir, sans être suffisamment sexy pour rendre l’œil de papa pervers. Ce qui allait énerver maman. Déjà qu’elle avait surveillé les gamins pendant tout le voyage, alors qu’il ronflait tranquillement dans son siège. Il pourrait faire preuve d’un peu plus de considération….

Craignant une éventuelle complication Christelle tout en sortant sa carte professionnelle, tenta de s’adresser à l’employée d’une voix agréable, qui finalement sonna monocorde.

« Bonjour je viens voir votre directeur. »

« Je suis désolé, mais votre document n’est pas appropriée. » Répliqua la guichetière très (trop ?) poliment.

« Vous ne comprenez pas. Je ne viens pas pour une visite. Je suis là pour l’incident. Vous avez dû en entendre parler. »

« Je suis désolé, mais les seuls documents valables à ce guichet sont le ticket gold, le silver… »

Ça y était. Le mal de crâne du vol venait de resurgir.

« Appelez la direction ils vous expliqueront ! » Coupa Christelle en y mettant plus d’agressivité.

« Je suis désolé, mais je ne peux pas satisfaire à votre demande. »

« Putain ! Ce n’est pas compliquer de filer un coup fil quand même. »

« Je vous prierais de vous calmer. » Répliqua l’employée toujours imperturbable.

C’est alors que Christelle eu un de ses fameux déclics, auxquels elle devait une bonne partie de son ascension professionnelle.

« Connasse. » Balança-t-elle alors froidement.

L’employée répéta la phrase précédente. Christelle fit de même avec son insulte. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la sécurité arrive.

Les deux hommes portaient des costumes d’un bleu légèrement plus sombre. Enfin Christelle éprouva un peu d’empathie pour des gens depuis le début de son voyage. On lisait dans les yeux (ou plutôt dans les visages du fait des lunettes de soleil) des deux vigiles, une lassitude lui rappelant la sienne. Les malheureux devaient surement en baver avec les resquilleurs de mauvaise foi, les impatients, les colériques….

Par égard Christelle annonça immédiatement la couleur, en montrant de nouveau sa fameuse carte.

« Bonjour je suis là pour l’incident. »

Alors qu’elle parlait, les vigiles en étaient encore à lire les inscriptions sur la carte. Christelle décida donc de les réveiller un peu.

« Vous savez pour le meurtre. »

Cette mention parvint enfin à secouer un peu le duo. L’un des vigiles tout en lui fournissant quelques indications, l’accompagna à un ascenseur individuel.

Que dire de cette descente dans les profondeurs de l’océan ? Rien.

Sans doute pour gagner du temps les ascenseurs étaient tous des modèles supersoniques. A peine partis, qu’ils étaient déjà arrivés. Pourtant un effet de transparence, et une vitesse modéré aurait donné un beau spectacle grâce au fond des océans. Mais bon sans doute était-ce trop subtil pour les organisateurs du parc.

D’ailleurs le terme « subtil » semblait avoir déserté l’endroit. Ne pas se contenter de l’architecture originale style Grèce antique, n’était pas forcément un mauvais plan. On y perdait en authenticité, mais y gagnait en originalité. Seulement le rajout de la thématique maritime avait été fait à la truelle, voir au tractopelle.

Les stands de nourriture en forme de bigorneau, le dallage sur le sol imitant les coquillages, les statues de Poséidon ou de sirènes tous les dix mètres… Quant aux costumes des animateurs…. Les compensateurs intégrés évitaient, qu’ils ne pèsent trop lourds. C’était le seul élément positif à retenir à leur sujet.

Le bâtiment de la direction avait l’aspect d’un calamar géant d’aussi bon goût que le reste.

L’intérieur par contre était d’un style minimaliste plutôt agréable. C’était reposant tout ce blanc épuré après ce défilé de couleurs criardes. Les employés de l’endroit eux-aussi se contentaient de porter des tailleurs ou des costumes de couleur bleu marine comme à la surface. Vendre de la merde d’accord, mais la manger soi-même non. Christelle ricana intérieurement devant cette hypocrisie.

Puis on la fit entrer dans le bureau du seigneur et maitre de ces lieux. On allait enfin connaitre les raisons précises de la venue de Christelle ainsi que son statut.

Alors voilà…


Texte publié par Jules Famas, 25 mars 2016 à 08h14
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