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tome 1, Chapitre 1 « Diversis » tome 1, Chapitre 1

Prologue

    

    

     « Le Mal est le résultat de ce qui arrive quand l'homme n'a pas l'amour de Dieu dans son cœur. Il est comme le froid qui vient quand il n'y a aucune chaleur ou l'obscurité qui vient quand il n'y a aucune lumière. »

    

    -Albert Einstein-

    

    

    

    

    

    « Walhalla, capitale religionnaire du monde de Diversis. Où ne pas croire en Dieu, équivaut au Mal. Ville érigée par Arss l’Intemporel. Il naquit en même temps qu’une autre déité, Chadaz. Conscient de son immense pouvoir, l’Intemporel décida de créer un monde, un monde pouvant accueillir des créatures qui le servirait. Il les appela Chimères. Créature de lumière. Jaloux de ses créations, Chadaz invoqua la seule Chimère qu’il pouvait rendre réelle à ses côtés et voulut détruire Arss.

    

    Celui-ci combattit de toutes ses forces Safer l’Ange sans Cœur et Chadaz le Maudit. Le sang qui s’était échappé de son ennemi allait former les futurs êtres humains et des centaines des monstres, tandis que celui de l’Intemporel continuait de produire d’autres chimères. Après une bataille acharnée, Safer, et son maître maudit se réfugia au centre de la Terre avec ses créatures près leur défaite. Fatigué, Arss se reposa et demanda à ses serviteurs de veiller sur les humains à son réveil et de surveiller Chadaz. Ses êtres nés de son sang ne pouvait qu’être destiné à la destruction.

    

    Des centaines d’années plus tard, Arss l’Intemporel s’était enfin réveillé, pour purifier l’humanité de l’influence malsaine de Chadaz le Maudit.»

    

    

    

    Chapitre I

    

    

    

    Shannon scrutait la chambre de ses enfants. La poupée de Sara traînait par terre aux côtés des jeux de construction de Max. Ils dormaient encore, leur poitrine se soulevant lentement au rythme calme de leur respiration. Les volets dissimulaient suffisamment la fière clarté du soleil pour ne pas troubler cet instant. Habillée d’une simple chemise de nuit, la jeune femme démêla ses longs cheveux roux et raides avant de quitter la pièce. Coby réclamait sa nourriture. Percevant les plaintes de son Pilili, Shannon se décida à s’habiller. Elle enfila une jupe lui arrivant légèrement au dessus des genoux, son chemisier blanc ainsi que sa veste orangée et fila à l’écurie. Le bâtiment jouxtait la maison. « Pas besoins de porter mes bottes », se disait-elle. Dès que le grand oiseau la vit, il bondit et poussa des cris de joie stridents, jusqu’à ce que sa maitresse lui intime le silence. Il était hors de question de réveiller les enfants si tôt. De bonne taille pour son espèce, Coby était né peu après le mariage de Shannon. Il s'agissait d'un oiseau magnifique au plumage doré, pouvant voler mais préférant toutefois se déplacer sur ses deux puissantes pattes. Cela faisait deux ans que Max et Sara en prenaient soin. Leur mère avait alors émis l’idée que les enfants pourraient élever chacun leur propre Pilili. Shannon soupira en y repensant. Elle ne cessait d’essuyer leurs demandes depuis cette suggestion.

    

    

    

    Après s’être occupé de l’animal, la jeune femme enfila ses longues bottes. De véritables pièces d’amures dont elle avait hérité de son grand père. Le vieil homme, doté d’un penchant prononcé pour les combats, avaient prodigués de nombreux conseils et leçons à sa petite-fille. Mais tout était compréhensible quand on savait que le dit grand-père était auparavant un militaire, attaché à sa famille. C'est pourquoi le vieil homme, sous la surveillance de son fils, avait entamé une formation de sa petite-fille quand à l'utilisation d'armes blanches tout en lui permettant toutefois d'utiliser des armes à distance plus modernes comme des pistolets de l'armée en place avant la venue de la religion Arssienne. Respectant son savoir, Shannon glissa une lame le long de l’étrange cuir qui épousait parfaitement le galbe de ses jambes. Puis elle disposa son pistolet dans un étui fixé sur sa ceinture. Elle en aura sûrement besoin, du moins de son point de vue. Depuis l'apparition de l'Eglise, elle craignait beaucoup pour sa vie et malgré sa volonté de rester en vie, elle tenait à rester armée au cas où. Pour se rassurer elle s’exerça d’un mouvement rapide à faire jaillir l’arme dans sa main d’un bond. Satisfaite, elle la remit en place et quitta l’écurie.

    

    « Vous partez Mme Frozt ? »

    

    Sa voisine qui venait de l’interpeller la fixait, cherchant à savoir si elle partait de nouveau à Walhalla, ou si elle comptait se contenter d’une petite promenade.

    

    « Je vais au marché », répondit-elle en la regardant avec un sourire. « Et essayer de négocier avec le maire les monstres que j’ai réussi à abattre hier… J'allais passer chez toi pour te demander de les garder si tu n'es pas trop occupée. »

    

    « Avec plaisir ! »

    

    « Ah, et je dois aussi aller cueillir des fleurs pour remplacer les autres… »

    

    « Sur sa tombe ? »

    

    « Oui, c’est cela… N’en parle pas aux enfants d’accord ? Je n’ai pas envie qu’il s’inquiète à mon sujet.

    

     « Je comprends bien madame », dit-elle en affichant une mine triste.

    

    « Ne t’en fait pas ! Et puis, je t’ai déjà demandé de m’appeler Shannon ! »

    

    Elle n’attendit pas de réponse et lui fit un signe de la main tout en arborant son sourire habituel. Elle pouvait faire confiance à Iyu Na. De huit ans son aîné, elle lui avait appris à se battre de la même manière que son Grand Père mais tout de même un peu plus de douceur. Une nourrice de confiance qui savait manier l’arme que Shannon prisait plus que toute autre : une lame finement ciselée recourbée à la pointe. En ce moment même, elle apprenait avec difficulté à manipuler les armes à feu.

    

    

    

    Après une courte marche, Shannon atteignit enfin la grande place. Sans hésiter, elle se dirigea vers la mairie traînant quelques Pourrissür par leurs longs cous. Ces monstres correspondait à de grand poulets aux crètes rouges et aux dents acérées étant surtout adepte de la chair pourrie. Les gens ne s’étonnaient plus de la voir transporter ainsi des cadavres de monstres. N’avait-elle pas traîné un Tricasse, épuisée, et les bras ensanglanté afin de vendre le fruit de son dur travail ? En la voyant, la secrétaire fit tout de suite prévenir le maire qui se hâta de l’accueillir, les bras ouverts. Ce qui était bien le moindre qu’il pouvait faire quand on savait la fortune qu’il parvenait à économiser grâce à elle. Sécuriser l’Eglise et ses alentours était une rude responsabilité avec tous ces monstres rodant dans les environs. Lorgnant sur les Pourissür, il resta immobile, jugeant du meilleur prix à payer pour posséder leurs plumes et leur viande. Il sortit un étui de sa veste et tendit à la femme une liasse de billet. Mille yars. Loin de la valeur réelle qu’il allait en tirer mais Shannon n’était plus surprise de l’avarice dont faisait preuve le maire. Seules les grosses prises pouvaient les impressionner, lui et son portefeuille.

    

    Il est vrai que les grosses prises se faisaient rares, ce qui expliquait pourquoi elle ne laissait jamais passer l’occasion d’en tuer –Le Tricasse était un parfait exemple car cette créature à trois têtes de bêlier restaient surtout dans certaines zones reculées du continent. Pour ces Pourrissür, elle avait usé des pièges qu’elle fabriquait ou achetait à la boutique de chasse du centre-ville. Pour attraper de petites créatures, il fallait utiliser de faibles pièges, pour ne pas trop abîmer ce qui pourrait être une source de revenu. Par exemple, on peut disposer des pièges disposant de décharges électriques assez faible mais pouvant paralyser une personne normalement constituée. Ensuite, il ne restait plus qu’a exécuter la prise qui ne pouvait plus se défendre (en prenant garde aux éventuels réflexes de la bête). Le tout était aussi de choisir des appâts, selon le terrain. La forêt recelait de ressources pour attirer le gibier et cacher les pièges facilement, ce qui était donc le terrain de chasse prisé par Shannon. Le Maire l’autorisait à chasser, et le Prêtre tolérait ses activités. Comprenons par-là que le fait de côtoyer des monstres venant de la figure maléfique de l'Eglise ne plaisait pas à tous le monde. Toutefois celui-ci comprenait bien qu’elle avait pour devoir, en tant que mère, de s’occuper de sa famille, et celle-ci savait bien que si ça ne tenait pas qu’à lui, elle se ferait arrêter. Le sale boulot devait bien être effectué par quelqu'un et malheureusement, il doit être fait par Shannon.

    

    

    

    Cela faisait plus de cinq ans maintenant que Shannon vivait à Sullan et pourtant, elle se sentait toujours aussi désarçonnée par le contraste entre le centre-ville et la place de l’Eglise. Beaucoup de hauts bâtiments avaient été bâtis à la place des vielles maisons de Sullan, créant ainsi un Quartier d’Affaire, moins grand que celui de Walhalla certes, mais ayant un rôle important dans la richesse de Sullan. Ajoutons à cela les multiples centres commerciaux en construction avoisinant d’immenses immeubles pour que tous les habitants aient un toit et vous obtenez une véritable ville. La modernité envahissait cette partie de la cité. Cependant, la grande place faisait encore vibrer la ville au diapason des temps ancien. Le marché se tenait ici tous les jours, au pied de la vénérable Eglise Arssienne. Imposante, elle faisait plus penser à une ancienne tour, mais comme il avait fallu installer la statue de l’Intemporel, et accessoirement faire étalage de sa richesse, le maire l’avait faite agrandir et rénover tout en la parant de milles vitraux aux couleurs époustouflantes. Rien ne semblait pouvoir altérer cette antique beauté. Shannon ne put s’empêcher de songer à son mari, qui tout comme cette église, demeurerait à jamais ici, plongé dans son éternel sommeil.

    

    

    

    La place était curieusement vide mais après réflexion, Shannon songea qu’il devait bientôt être l’heure des offices religieux. Ne voulant pas faire l’objet de nouvelles discussions de la part de ses voisins, elle se rendit à l’Eglise. Le prêtre avait déjà débuté son sermon et encore une fois, expliquait la façon dont le monde était né. Il enchaina ensuite sur un autre de ses discours habituel. Tout le monde buvait ses paroles, ce qui montrait le respect des fidèles envers le vieil homme.

    

    « La bonne parole qu'Arss nous à transmise, à nous les Prieurs et les Prêtres, nous permet de vous maintenir, vous les Hommes sur le bon chemin. Dans toute sa compassion, au lieu de nous détruire, il nous est apparu pour ne pas que vous échouez plonger dans le Mal, et les Ténèbres.

    

    Shannon n’écoutait pas. Ses paroles ne la faisaient pas réagir. Elle préféra reporter son attention sur les statues sculptées à même les murs de marbres de l’Eglise. Kul, la Chimère au cœur ardent. Djrdam, la Chimère légendaire. Et bien d’autres encore, toutes bêtes censées protéger la population. Leurs noms uniquement connus des prêtres et des Prieurs, les guides vers un monde meilleur. Ces personnes étaient apparues en même temps qu’Arss et ses Chimères. Mais il n’y avait pas qu’eux. D’autres créatures, les monstres avaient envahis les contrées de Diversis. Seule la bénédiction d’Arss pouvait protéger les gens de ces choses. Et la bénédiction d’Arss semblait directement liée aux Invokeurs.

    

    

    

    Shannon nourrissait des doutes sur Dieu. Elle se posait souvent des questions sans jamais vraiment l’approfondir. Par crainte des réactions de l’Eglise et de son entourage sans doute mais aussi un peu parce que le secret des divinités semblait toujours hors de portée des mortels. C’est peut être au moins pour cette raison qu’elle a pris soin de ne pas envoyer ses enfants à l’école qui est gérée par les Prêtres et Invokeur, et de prendre en charge leur éducation jusqu’à l’âge de douze ans où ils pourront choisir quel métier exercer. Elle connaît bien sûr la religion, c'est-à-dire les croyances de base, ce qui est indispensable pour ne pas s'attirer des ennuis.

    

    Shannon secoua la tête pour chasser ces idées et se concentra sur la fin du sermon.

    

    « Rappelez-vous que Chadaz nous influence par ses Ténèbres grâce à son messager Safer mais aussi par ses monstres. Connaître le nom des émissaires maléfique du Maudit suffit à vous affaiblir face au mal et Chadaz pourra s’immiscer en en vous. Connaître le nom des monstres pullulant malgré nous dans tous les continents est quelque chose de grave. Ce sont des créations maléfiques pouvant influencer de pauvres âmes égarées. Si cela arrive, vous devez absolument vous faire purifier. Ceci sera ma dernière requête. Allez-en paix. Ainsi soit-il. »

    

    L’assistance répéta la dernière phrase et se leva ensuite pour entonner des chants de louange pour Arss et son vieux prêtre.

    

    « C’est vrai qu’il va bientôt rendre l’âme », pensait Shannon en attendant la fin de la cérémonie.

    

    Elle se fichait éperdument de ses dernières paroles. Elle connaissait le nom de tous les monstres qu’elle croisait et ce, depuis leur apparition. Et elle ne sentait pas pour autant affaibli ou envahi par le mal.

    

    « Les noms », songea-t-elle avec un sourire moqueur.

    

    Le maire avait décidé d’imposer de nouvelles appellations, ridicules d’ailleurs. Il voulait nommer les Coquatrices, les Pouladents. Même chose pour les Chimères. Il fallait les désigner par leurs noms honorifiques. Des banalités, comme, le Puissant pour Kul, ou le Destructeur pour Djrdam.

    

    

    

    Après la fin des chants, des dizaines de personnes se réunirent autour du vieux prêtre qui les prenait un par un dans ses bras affaiblis. Shannon emprunta le chemin vers les grandes portes de bois qui la mènerait vers la tombe de son époux. Mais le vieux prêtre gardait le regard affûté et il la scrutait depuis son entrée dans l’Eglise. Il l’appela par son nom dès qu’il l’a vit commencer à s’éloigner. Elle hésita mais elle savait qu’elle devait faire preuve de politesse et se prêtait aux jeux des conventions dont elle aurait alors bien préféré se passer.

    

    « Oui mon père ? », dit-elle en faisant volte face.

    

    « Viens par ici…, répondit-il d’une manière douce mais altérée par sa voix tremblante. Tu n’es pas venue avec tes enfants aujourd’hui. Sont-ils malades ? »

    

    « Non, ils dormaient encore. Vous connaissez Sara et Max, ils ont joué toutes la soirée après avoir travaillé avec moi dans le jardin et ils ont besoin de repos à cet âge. »

    

    Il la scrutait encore, la détaillant entièrement. Puis, brusquement, son sourire habituel revint éclairer son visage et entama la discussion avec la femme. Après quelques banalités, il revint à nouveau sur son défunt mari. L’époux de Shannon n’avait pas été enterré selon les rites Arssiens, ce qui était bien le cadet des soucis de son épouse à ce moment là, et le vieux prêtre se proposait de corriger cela. Prétextant la fatigue du vieil homme, elle refusa poliment. L’idée même que l’on puisse toucher à cette tombe la révulsait. C’était elle qui l’avait faite, alors qu’elle était encore enceinte de Sara et Max. Ses souvenirs étaient encore vivaces, la conduisant presque à s’échouer dans un océan de tristesse en de maintes et maintes occasions. Mais la présence des jumeaux grandissant dans son ventre lui avait donné une raison de ne pas désespérer et de s’accrocher à la vie. Elle chassa sa tristesse naissante pour répondre au prêtre qui venait d’aborder le sujet de l’éducation de ses enfants. Elle fronça les sourcils en y pensant. Elle n’aimait déjà pas qu’on lui dise comment s’occuper d’eux mais de la part de gens n’en ayant jamais eu, cela lui paraissait encore plus ironique. La conversation prit fin quand d'autres fidèles vinrent poser des questions au prêtre, au grand soulagement de Shannon qui put enfin quitter l’Eglise.

    

    

    

    Elle se rendit enfin au cimetière. Entouré d’une immense grille à la peinture écaillée, elle poussa le large portail et emprunta le chemin de droite jusqu’à atteindre une tombe couverte de fleurs fanées.

    

     « Il était temps que je vienne », se dit-elle en prélevant des fleurs sauvages dépassant du grillage.

    

    Elles ressemblaient beaucoup aux cheveux de la jeune mère. Roux comme des flammes décrivant des mouvements vifs dans l’air. Elle en cueillit quelques unes et les accrocha au sommet de la pierre tombale où était écrit d’une façon grossière le nom de son mari. Comme si elle admirait la pierre tombale, son chagrin refoulé depuis quelques minutes reprit le dessus. Pour une fois que le prêtre aurait pu se taire et la laisser tranquille ! Son sourire s’effaçait un peu, mais ses larmes se refusaient à couler. Elle aurait pourtant tant voulu évacuer, ne serait-ce qu’un peu de la tristesse qui lui empoignait le cœur. Heureusement pour elle, des cris d’enfants, dont elle savoura chaque son, lui rendirent son sourire habituel. Sara et Max étaient à la grille. Dès qu’ils virent leur mère, ils accoururent vers ses bras protecteurs. Shannon se plaignit dans son for intérieur de l’inattention de Iyu Na tout en la remerciant pour ce moment privilégié qui ne pouvait tomber à un meilleur moment. Elle leur caressa la tête tout en les recoiffant.

    

    « Vous avez bien dormis, j’espère ? »

    

    « Oui, sauf que Max, il ronflait tout le temps », dit Sara.

    

    « C’est pas vrai », rétorqua le petit bonhomme roux.

    

    « Vous êtes incorrigible ! Où est Iyu Na ? »

    

    « Elle est toujours à la maison. Elle veut te parler de quelque chose. »

    

    « Très bien, je vous tiens la main ? »

    

    « Oui ! » répondirent-ils à l’unisson.

    

    La présence de ses enfants l’apaisait. C’était comme s’ils avaient sentis que leur mère s’attristait et qu’ils agissaient en conséquences. Quel bon timing… Les enfants pouvaient ressentir tellement de choses.

    

    

    

    Arrivés à la maison, tout était silencieux. Connaissant sa voisine, elle aurait allumé une télé, ou autre chose. Mais là, rien. Sara et Max coururent fouiller le rez-de-chaussée, laissant à Shannon l’étage. Mais, celle-ci ne trouva pas Iyu Na. Elle finit par descendre et ce ne fut que lorsqu’elle se rendit à la cuisine qu’elle comprit.

    

    « Joyeux anniversaire ! »

    

    Les dernières traces de tristesse venaient littéralement de s’envoler au profit d’une joie immense et d’un profond sentiment d’affection envers sa voisine et ses deux enfants. Ceux-ci avaient tenté de cuisiner, les traces de batailles qui parsemaient la cuisine en témoignaient. Mais le cœur y était visiblement et ce fut une fierté énorme qui l’emplit. Ses enfants avaient transformé un début de journée catastrophique en un merveilleux moment unique et empli de chaleur. Iyu Na décréta qu’il était temps de manger. Ils s’attablèrent tous et profitèrent du repas. Après avoir savouré cet instant de paix, Shannon prépara des pièges pour la chasse qu’elle devait effectuer le lendemain, avant de partir pour Walhalla.

    

    

    

    Dans cet Après Midi rayonnant, la jeune mère se rendit avec Sara et Max dans le quartier commerçant pour y faire quelques achats afin de cuisiner le repas du soir. Tenant les enfants par leurs petites mains, elle examinait la marchandise présente derrière les vitrines, au cas où de petites babioles puissent plaire aux enfants. Première destination, la boulangerie. La boulangère connaissait très bien Shannon, et son Grand Père depuis bien longtemps. Cette femme forte et âgée d’une soixantaine d’année, adorait les enfants de la jeune femme, à qui elle n’hésitait pas de leur donner un pain qui sortait tout juste du four. De tous les commerçants, Madame Joanne devait être la seule à encore utiliser des méthodes qui révulserait les gens féru de gadgets.

    

    En voyant sa cliente favorite, Joanne pris deux gros pain ronds et les déposa au fond d’un sac en papier. Shannon lui tendit une pièce de deux yars, et prit le sac. Les deux petits enfants roux réfléchissaient. Quel bonbon choisir. C’était très amusant de les voir ainsi, car on a l’impression que leurs vies en dépendaient. Pendant ce temps, Shannon en profita pour discuter des dernières nouvelles avec Joanne. Que des banalités pour le moment, rien de bien préoccupant : La hausse des taxes pour les commerçants ; le Prêtre qui va bientôt achever ses fonctions, et bien d’autres. Ce n’est que lorsque qu’elle vit des gens en uniforme dépasser la boutique qu’elle se ravisa à écouter. Ceux-ci était passés en tenant un homme qui ne paraissait pas heureux de sa compagnie. Il criait même des insultes, laissant penser à tout le monde qu’il est possédé par Chadaz

    

    « Encore des soldats de l’Armée Sainte, soupira la boulangère. On dit qu’il cherche des hérétiques, ayant des liens avec Chadaz. Je ne pensais pas que M. Balam était l’un d’entre eux.

    

    « Pourquoi maintenant ? demanda-t-elle soudainement effrayée par la simple vue de ses uniformes.

    

    « Je ne sais pas. Que Arss nous protège, s’exclama-t-elle en tendant les paumes au ciel.

    

    Finalement, la journée persistait à parasiter la vie de Shannon. L’Armée Sainte représentait la puissance Guerrière d’Arss sur Terre. A chaque vue de l’Armée, Shannon avait la certitude qu’elle possède tout les droit, tant que c’est au nom de Dieu. Les hérétiques désignaient ceux qui devaient se faire purifier car Chadaz les influençait. Ceci fit réfléchir la jeune mère sur la situation. Mais heureusement, elle n’eu pas le temps de trop y songer. La petite main timide de Sara lui tira la jupe, un sac de bonbons à la main. Lui faisant un grand sourire, elle ne put conserver sa mine inquiète.

    

    « Sa demoiselle a donc choisi ? demanda la boulangère sur un ton ironique.

    

    « Moi aussi, rétorqua Max avec énergie.

    

    Après avoir payé, ils quittèrent la boutique, pour se rendre dans les autres boutiques. Depuis la mort du mari de Shannon, presque tous les commerçants s’étaient pris d’affection pour elle. Même avec la chasse, en partie à cause du maire, il était difficile pour la jeune mère de joindre les deux bouts. C’est sans doute pour cela qu’elle bénéficiait de rabais sur les articles. C’était un plaisir pour chacun de revoir Sara et Max, tout souriant avec leur mère.

    

    Mais malgré cela, la tension était palpable. Toutes les rues étaient remplies de soldats, qui inspectaient des maisons une à une et y mettait le feu si nécessaire. Le feu avait selon les Prêtres, le pouvoir de purifier un lieu habité par un hérétique. Shannon frissonnait à l’idée que sa maisonnée subisse le même sort, comme tous les autres habitants. L’Armée représentait la cause divine de Arss l’Intemporel, la parfaite partenaire de l’Eglise qui assurait l’éducation. Elle bénéficiait donc en conséquence d’une liberté sans limites. Une liberté gênante pour le peuple.

    

    Des hommes comme celui de la dernière patrouille criaient des insultes, voire qu’on les achève. Des portes ont été enfoncées, et des enfants pleuraient, les bras couvert de brûlures et de sang. Tout ceci effraya les enfants de Shannon qui s’efforçait de rester calme et s’empressait de terminer ses achats au plus vite. Ils se calmeront peut être lorsqu’ils seront rentré pour leurs leçons.

    

    

    

    Depuis peu, Shannon enseignait la lecture, les nombres et le calcul à ses enfants tous les soirs, avant de préparer le diner. Les progrès de sa petite fille étaient impressionnants. Max excellait dans les nombres, mais la lecture lui causait certains problèmes.

    

    « Maman ! Je ne n’arrive pas à lire cette phrase ! crie le petit enfant en montrant le manuel à sa mère.

    

    Celle-ci allait l’aider, mais quelqu’un cogna à la porte. Pensant à la patrouille de toute à l’heure, elle frémissait à l’idée que l’Armée s’en prenne à elle et qu’elle soit séparée de sa propre chair. Doucement, elle s’avança vers la porte, et tourna délicatement la poignée. Elle poussa un soupir lorsqu’elle vit la voisine devant elle.

    

    « Bonsoir, Mada…euh, je veux dire, Shannon.

    

    « Bonsoir Iyu Na, que me vaut l’honneur de ta visite ?

    

    « Je viens vous dire que l’Armée a arrêté pas mal de personne aujourd’hui, lui chuchota, même M. Balam. Vous savez, cet homme très discret.

    

    « J’ai vu, je me demande pourquoi ils font ça…

    

    Tout à coup, un bruit sourd résonna dans toute la place. Il provenait d’une maison qui se situait à côté de l’Eglise. Celle-ci commençait à brûler, et des enfants en sortirent suivis d’un homme d’une trentaine d’année. Celui-ci se raidit de peur devant un groupe d’hommes armés de long fusils, mené par une femme. Les enfants pleuraient, tandis que les soldats pointaient du bout de leurs armes la tête de leur cible. Shannon reconnut sans mal la personne concernée par cette violence inouïe. Cid Wayne, un ancien collègue de son mari qui travaillait dans le même service scientifique que lui. Il avait assisté à son enterrement avec elle et l’aidait de temps à autre pour payer certaines factures. Le cœur de Shannon se serrait en songeant à tout ceci tandis que des soldats le trainèrent devant l’un des lieutenants.

    

     « Emmenez-le. Walhalla t’attend, Cid Wayne.

    

    Une odeur épouvantable avait envahit la place. Au loin, d’autres maisons étaient consumées par les flammes. Des gens criaient, et émergeait des immenses buildings, escortés par des soldats. Heureusement que Sara et Max ne voyaient pas ces horreurs. Mais il ne fallait surtout pas qu’elle fasse un seul geste suspect.

    

    « Voilà ! J’y vais ! murmura Iyu Na avec empressement.

    

    « Attends ! Reste un peu à la maison. Tu pourras même y rester pour dormir.

    

    « Merci…Je ne sais pas comment vous remercier.

    

    « N’aie pas peur, répond-elle en s’efforçant de rester calme. Entre.

    

    La jeune femme était rassurée à l’idée de passer la soirée chez sa voisine. Elle se faufila discrètement dans la salle de manger.

    

    « Maman, pourquoi la maison brûle dehors ? Monsieur Cid va partir ?

    

    « Ne vous inquiétez pas les enfants, nous allons finir vos leçons et manger. Iyu Na ? Tu te joindras à nous ?

    

    « Si vous voulez ! Je vais vous aider à préparer le repas !

    

     Cette arrestation ajoutait du poids aux certitudes que Shannon avait sur l’Armée Sainte. En plus d’inspirer la peur dans l’esprit des gens, celle-ci était dotée d’une influence et d’une puissance qui ne pouvait être combattue par un seul Homme. L’Armée avait toujours donné quelques angoisses à la jeune mère, qui s’amplifiait à la vue de ses enfants.


Texte publié par Leon Heart, 12 février 2016 à 17h37
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