«

De retour chez lui, il se dirigea tout de suite dans sa chambre sans même parler à quelqu'un. Il ferma la porte et s'assit sur son lit. Il n'y avait quasiment rien autour de lui. Une petite armoire et un bureau. Rien de plus. Il finit par s'allonger sur le dos et se repassa les paroles de Tori en boucle dans sa tête. Au bout d'un moment, quelqu'un toqua à la porte. C'était sa mère. Il lui dit d'entrer. Une fois à l'intérieur de la chambre, Natalie referma la porte et vint s'assoir près de son fils.

« Qu'est-ce qui ne vas pas ? lui demanda-t-elle en lui caressant les cheveux.

– Rien, ça va très bien, répondit-il en détournant les yeux.

– Djibril. Tu es mon fils, je te connais et je vois bien que quelque chose ne va pas. C'est ton test ? Il s'est mal passé ?

– Je... Djibril réfléchi une fois encore aux mises en gardes de Tori.

– Dis-moi, elle s'approcha de lui, je sais garder un secret."

Djibril fut pris au dépourvu. Comment savait-elle que ce qu'il allait dire était un secret ? Il l'a regarda et se dit : "Et puis zut ! C'est maman et j'ai confiance en elle !"

Il raconta donc se qui c'était passé et à sa mère l'écouta attentivement. Lorsqu'il eut finit, il fut surpris par sa réaction. Elle le prit par les épaules et le serra dans ses bras en murmurant :

« Tu es divergent ! Mon fils est divergent ! »

Elle l'écarta légèrement d'elle et lui dit exactement ce que Tori lui avait dit :

« Ne le dis à personne.

– Mais pourquoi ?

– Ecoute, les Erudits se sont mis à traquer les Divergents. Ca a commencé il y a un mois. Une ou deux personnes de certaines factions se serait "suicidées". Mais il y a deux semaines, Tori est venu me voir pour me dire que les dites personnes étaient des Divergents.

– Comment le savait-elle ?

– Elle est très douée en informatique. Elle est remontée dans les archives des résultats des tests et en est venu à cette conclusion. »

Elle fit une pause puis reprit.

« Demain lors de la cérémonie, ne prends pas trop de temps ou ils devineront.

– J'y ai déjà réfléchi. Maman... »

Elle l'encouragea à poursuivre et il continua :

« Je vais allez chez les Audacieux. Comme ça je saurais me battre et peut être pourrais-je défendre les innocents. Comme ils l'ont fait avec moi.

– C'est un bon choix mais fait attention, allez chez les Audacieux n'est pas être à l'abri de tout les dangers. Au contraire, c'est assez risqué mais tu y trouveras des amis dignes de confiance. Tu verras les Audacieux sont soit blanc soit noir mais pas les deux. »

Djibril mis un temps à comprendre sa dernière phrase. Elle ne parlait pas de couleurs mais de moralités. Il lui demanda comment elle savait tout ça mais avant même qu'elle ne réponde, il le fit à sa place :

« Tu étais une audacieuse ! »

Elle hocha la tête et il lui sourit.

Le lendemain matin, Djibril se prépara pour la cérémonie et descendit prendre son petit déjeuner avec le reste de sa famille. Son frère et sa sœur était là aussi. Il eut un pincement au cœur en se disant qu’ils ne mangeraient et ne jouerais plus ensemble. Mais il devait partir des altruistes s’il voulait survivre. Une fois le repas terminé, Djibril fit un bisou à Caleb et Béatrice. Puis, lui et ses parents sortirent et prirent la direction du quartier des Erudits où se trouvait la salle de la cérémonie. En chemin, ils croisèrent beaucoup de monde venu de toute la ville pour y participer. Seul les parents et les enfants concernés avaient le droit d’y assister. Ils arrivèrent enfin devant le bâtiment et Djibril se crispa légèrement. Sa mère lui pressa le poignet et ils entrèrent ensemble. Ils pénétrèrent dans une pièce remplis de gradins avec au centre une table sur laquelle étaient posées cinq petites vasques, une pour chaque faction. En passant devant, Djibril pu voir qu’elles étaient garnies. Dans celle des audacieux, il y avait des charbons ardents. Celle des altruistes avait des galets gris, celle des sincères du verre, celle des érudits de l’eau et celle des fraternels de la terre. Djibril et ses parents allèrent rejoindre les gradins des altruistes, s’y installèrent et attendirent. La cérémonie débuta quelques minutes plus tard par la venue de Marcus le leader des altruistes et membre du gouvernement. Djibril écouta attentivement ce qu’il allait dire :

« Bienvenue à toutes et à tous, aujourd’hui est un grand jour pour vous. Vous allez devenir des citoyens contribuant à la vie de la société et ne serez plus dépendant de vos parents. Quand j’appellerais votre nom, vous viendrez ici devant les vasques, vous vous entaillerez la main et ferez couler une goutte de votre sang dans celle de la faction que vous aurez choisie. Vous la rejoindrez directement sans revoir vos parents car comme vous le savez, une de nos règles est très claire là-dessus. »

Djibril le vit regarder toute l’assemblée avant de continuer en citant cette fameuse règle :

« La faction avant les liens du sang. »

Il se tut et tout le monde reprit sa phrase en cœur comme le veut la coutume. Puis il commença à appeler les adolescents. Djibril n’attendit pas très longtemps avant d’entendre son nom. Il se leva et descendit les gradins pour rejoindre les vasques où il s’arrêta un instant. Il se mit à douter et hésiter. En choisissant audacieux, il ne verrait plus ses parents mais d’un autre côté il devait survivre à la menace des Erudits. Il regarda la vasque des Audacieux et prit le couteau. Il jeta un coup d’oeil à sa mère qui inclina la tête. Réconforté par ce geste, il tendit la main au-dessus de la coupe qu’il avait choisit et une goutte de sang tomba sur les charbons ardents en grésillant. Il entendit alors la voix Marcus dire en tremblotant légèrement :

« Audacieux. »

Djibril ne comprenait que trop bien sa réaction, il était le premier altruiste à changer de faction. Dans les gradins, les audacieux lui firent une ovation quand il se joignit à eux. Il s’installa et regarda la suite de la cérémonie. Timothé fut appelé et Djibril ne fut pas étonné lors que son ami choisit les Erudits. Il espérait juste qu’il ne se laisserait pas influencé par les leaders de cette faction. Une fois la cérémonie du Choix terminé, chaque faction sortit à tour de rôle et se dirigea vers son quartier. Les Audacieux les menèrent, lui et les autres novices, sur le quai du train. Mais contrairement à ce que pensait Djibril, le train s’arrêta et ils purent monter. C’est alors qu’un audacieux prit la parole une fois tout le monde à l’intérieur.

« On a fait arrêter le train juste pour cette fois, plus tard vous devrez le prendre en marche. Il se stoppera aussi à l’arriver mais c’est exceptionnel n’oubliez pas. »

En effet, après cinq minutes, le train s’immobilisa et les audacieux ouvrirent les portes. Une surprise les attendait. Il n’y avait pas de quai, seulement le vide et un toit cinq mètres devant eux. Djibril s’avança près du bord, se pencha pour voir la hauteur et recula vivement en avertissant ses camarades novices :

« C’est haut. Et je suppose qu’on doit sauter sur ce toit ? »

Il avait fini sa phrase en regardant un audacieux. Celui-ci hocha la tête et des murmures de stupéfaction se firent entendre dans le wagon. Djibril se positionna devant la paroi opposé à la porte, prit son courage à deux mains, s’élança, arriva près du précipice et sauta. Pendant l’espace de deux ou trois secondes, il se retrouva au-dessus du vide avant de percuter le sol plat du toit. Il s’en sortira avec seulement des égratignures et il entendit des applaudissements dans le train. Quelques instants plus tard, une fille érudite le rejoignit et il l’aida à se relever.

« Ca va, rien de cassé ?

– Ca va, merci.

– Tu t’appelles comment ?

– Débra et toi ?

– Djibril. »

Ils n’eurent pas le temps de continuer car un autre érudit sauta. Ils l’aidèrent et ce fut un défilé de novice qui atterri sur le toit. Une fois que tout le monde présents dans le train eut sauté, on les emmena devant une trappe et ils descendirent jusqu’à l’étage du dessous. Une fois arrivé, un homme assez grand à la peau noire prit la parole :

« Bienvenue parmi les audacieux. Je m’appelle Amar et je fais parti de vos leaders. Jessica s’occupera des novices natifs et Gaël des autres. Bien, c’est ici que je vous laisse. On se

recroisera. Bonne chance et bon courage pour la suite. »

Sur cette dernière phrase, il s’éloigna et les deux instructeurs se présentèrent. Jessica avait les cheveux cours en épis et des tatouages sur les bras. Elle emmena les natifs avec elle et Gaël, un homme aux cheveux longs, conduisit Djibril et les autres novices dans les étages inférieurs. Il les fit entrer dans une grande pièce qui ressemblait à un dortoir. Il y avait des lits disposés impeccablement en rang. Et dans un renfoncement au fond de la pièce, il y avait les toilettes et les douches. Mais une chose interpella Djibril et ses camarades.

« Il n’y a pas de portes dans un dortoir mixte ? C’est une blague j’espère ? demanda un garçon des sincères.

– Non ce n’est pas une blague, vous allez dormir ici les prochaines semaines et oui, pour répondre aux questions muettes de certains d’entre vous, il va falloir vous déshabillé devant tout le monde. C’est comme ça et je ne veux plus rien entendre. Je vous laisse vous installé et vous préparer pour le déjeuner ensuite vous aurez quartier libre. »

Djibril le vit partir après ces paroles et son estomac se noua. Il était hors de questions de montrer sa cicatrice aux autres. Il était prêt à rattraper Gaël pour le supplier de le mettre ailleurs mais il se ravisa. Pour qui passerait-il ? Un lâche et un apeuré. Il en était hors de question et il se dirigea vers un lit entre deux personnes. Les deux novices à avoir sauté après lui. Debra et Adrien. Des habits d’audacieux avaient été mis à disposition au milieu de la pièce et tout le monde commença à se changer. Djibril décida de profiter du moment d’inattention des autres pour retirer sa tunique d’altruiste mais il se rendit compte que plus personne ne parlait et quand il se retourna torse nu, tout le monde regardait sa brûlure. Il n’en prit pas garde et enfila son tee-shirt d’audacieux. Il fini de s’habiller dans le silence qui régnait dans la pièce et sortit du dortoir.