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tome 1, Prologue « Rien dans ce monde n'arrive par hasard » tome 1, Prologue

Une fête célébrant la fin des années Lycée et l’obtention du baccalauréat était organisée par un terminal dans les Vosges au bord d’un lac. Les jumeaux Green s’y trouvaient avec leurs meilleurs amis.

La porte d’entrée claqua, le tonnerre gronda au loin.

– On ferait mieux de partir avant que l’orage éclate, dit Emily qui regardait avec appréhension les nuages noirs qui arrivaient de l’autre rive.

Le ciel étoilé disparut progressivement, laissant place à l’obscurité.

– Comment ? Impossible de contacter quelqu’un, car on est en zone blanche. En plus, personne ne va daigner nous raccompagner, tu les connais ! répondit Ethan, son frère, exaspéré.

Le groupe se trouvait à des kilomètres de la ville la plus proche sans moyens de communication : leur situation devenait critique. Dormir sur place était impensable après la tentative de viol faite par des amis de Gaultier (l’organisateur et l’hôte de la soirée) sur une des leurs.

– Je vais conduire, intervint Bastien.

– T’es sûr ? demanda Ethan, inquiet.

Confiant, celui-ci attrapa ses clefs et se dirigea vers son véhicule. Les jumeaux aidèrent Ambre, tremblotante, et Agnès, ivre, à s’installer à l’arrière.

La voiture quitta la voie de terre qui menait au chalet de la famille Streby et s’engagea sur la départementale déserte. Quelques secondes plus tard, Ethan, assis dans le siège passager, s’adressa au conducteur.

– Est-ce que ça va, mec ?

– Ouais.

Il essayait de se convaincre lui-même, mais son ami n’était pas dupe : il voyait la sueur qui perlait sur son front.

– Juste un peu sonné, ajouta celui-ci.

– Tu devrais te ranger sur le bas-côté et me laisser conduire, proposa l’aîné des Green.

Bastien jeta un regard sur sa droite, pour s’assurer qu’il n’avait pas rêvé.

– Tu n’es pas en état de nous ramener à la maison, constata Ethan.

Il rit durant de longues secondes avant de répondre, les dents serrées :

– Hors de question.

Le sous-entendu de son meilleur ami s’insinua en lui et se mua en colère. Le tout provoqua un cocktail explosif et il appuya sur l’accélérateur.

– Et maintenant, hein ? Tu crois toujours que j’en suis pas capable ?

Le choc laissa place à la panique.

– Fais pas le con, ralentis ! s’écria Agnès, qui semblait avoir légèrement dessaoulé.

Il porta une main à une de ses oreilles, comme si ça lui avait vrillé les tympans.

– Mais qu’est-ce que tu fous ? intervint la cadette des Green, qui après avoir regardé le compteur, qui indiquait 90 km/h, était terrifiée. Tu veux nous tuer ou quoi ? Arrête-toi !

Il resta muet.

– Bastien ! tonna soudain son frère. Tu t’es engagé à nous reconduire chez nous, sains et saufs, tu te rappelles ? Si tu continues à cette allure, on ne va pas y arriver vivant !

Il essayait du mieux qu’il pouvait de le ramener à la réalité même si sa voix tremblait.

– Je t’en prie, ralentis ! supplia Ambre qui commençait à reprendre conscience de ce qui se passait autour d’elle.

Emily, de son côté, avait du mal à comprendre la situation. Bastien agissait bizarrement, comme s’il était sous l’influence de quelque chose. L’évidence lui sauta alors aux yeux.

– T’as pris de la drogue, c’est ça ?

Le silence s’abattit : personne ne s’attendait à ce qu’elle pose la question. Pourtant, tout le monde savait qu’elle circulait dans les fêtes organisées par Gaultier et son cercle.

Elle croisa le regard de son ex-petit ami dans le rétroviseur puis il hocha la tête. Quand celui-ci reporta son attention sur la route, une biche traversa.

Le cri des occupants déchira le calme de la nuit. Ethan, dans une poussée d’adrénaline, agrippa le volant et le tira vers lui.

Ils évitèrent l’animal de justesse. Cependant, ils n’étaient pas sortis d’affaire : le véhicule vira si rapidement vers la droite qu’il partit en tonneaux.

Terrifiés, tous s’accrochaient à leurs sièges, les yeux fermés.

Un tour.

Deux tours.

Trois tours.

Quatre tours.

Cinq tours.

Le cauchemar prit fin : la voiture s’immobilisa sur le toit, dans un champ en contrebas de la route.

Un automobiliste qui passait par là aperçut la carcasse du véhicule dont, Dieu sait comment, les feux arrière fonctionnaient toujours. Il prévint les secours, mais il était trop tard : Agnès avait succombé à ses blessures. Les autres gisaient dans leurs sièges, inertes.

Ce soir-là, ils auraient tous mieux fait de rester chez eux.


Texte publié par ClarisseCreighton, 3 juillet 2017 à 16h32
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