Le premier Gardien
© Rose P. Katell (tous droits réservés)
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La pénombre tombait sur la ville ; Gareth devait se dépêcher. Son maître n’accepterait aucun retard, pas ce soir. Il pressa le pas et arriva devant l’imposante grille du cimetière. Sa main entoura l’un des barreaux. Il se figea, puis observa l’intérieur des lieux.
Comme à chaque Halloween, ils semblaient bien plus effrayants qu’en temps normal. Néanmoins, le jeune homme s’interdit de frissonner. Laisser sa peur prendre le dessus constituerait une insulte à sa formation. Qui plus est, il s’agissait de la première année où Alan Pike l’autorisait à rester à ses côtés durant la nuit du 31 octobre. Gareth ne voulait pas gâcher une telle opportunité. Il désirait prouver qu’il était à la hauteur de la mission qui l’attendait.
Il inspira, poussa la grille, puis avança. Une bourrasque glacée lui fouetta le visage. Transi, il remonta la tirette de son blouson et se réjouit en remarquant la lumière qui s’échappait de la chapelle. Son initiateur était déjà là et avec un peu de chance, tout se déroulerait à l’intérieur.
La porte du monument s’ouvrit sur un vieillard barbu et maigre.
— Tu es en retard, mon garçon.
— Le soleil n’est pas couché.
Au froncement de sourcils qu’il obtint en réponse, Gareth comprit qu’il aurait été plus sage de se taire.
— Nul retard n’est le bienvenu la nuit de la Toussaint, je te l’ai assez répété. Entre maintenant, et essaie de ne rien renverser.
L’adolescent obtempéra. Le sol était jonché de nombreux petits sacs en toile fermés par une corde nouée. Il devina qu’Alan Pike s’était levé aux aurores pour commencer la décoction qu’ils contenaient et peina à imaginer que ces tâches lui incomberaient un jour.
— Cesse de rêvasser, viens plutôt m’aider à remplir les dernières bourses, le somma son aîné. Le mélange se trouve au fond à droite.
Habitué au ton sec et abrupt de l’homme, il ne s’en soucia pas et obéit. Alors qu’il versait la préparation avec soin, ses pensées se dispersèrent. Gareth songea à leur étrange rencontre et sourit. Elle lui avait paru si surréaliste qu’il se la rappelait avec une netteté impressionnante ! Comment oublier la surprise qu’il avait éprouvée lorsqu’un inconnu l’avait accosté à la sortie des cours dans l’unique but de lui dire qu’il était un Gardien et que son rôle était de surveiller le Voile qui séparait leur monde de l’au-delà !
Il se souvenait encore de sa crainte, des doutes qu’ils avaient entretenus sur la santé mentale de son interlocuteur. Gareth s’en était éloigné et lui avait recommandé de ne pas boire autant. Son insolence le faisait désormais rougir ! Par bonheur, Alan Pike ne s’en était pas offusqué. Il s’était contenté de lui indiquer le moyen de le contacter si son don se manifestait.
Oh ! Qu’il avait ri quand il était parti ! Beaucoup plus que la matinée où il avait aperçu son premier fantôme…
Les lèvres de Gareth se rehaussèrent derechef. Son quotidien était si différent depuis l’événement. Les vendredis soirs, il rejoignait son mentor et se destinait à accomplir son devoir. Apprendre qu’il existait un « après » à la mort et que sa mission consistait à protéger les vivants et à s’assurer que les esprits reposent vraiment en paix avait changé sa vie du tout au tout. Pourtant, il ne le regrettait pas ; il sentait que ses actions avaient de l’importance, se jugeait utile. Une part de lui savait qu’il était né afin d’être Gardien. Preuve s’il s’en fallait, lui qui avait toujours eu un mal fou à retenir ses leçons avait assimilé l’histoire des siens avec une facilité déconcertante !
La fierté envahit un court instant le cœur du jeune homme. Autrefois ignorant, il était dorénavant capable de donner la date où le Voile avait été scellé, empêchant les trépassés de revenir sur Terre et simplifiant leur existence. Les Chasseurs s’étaient mués en Gardiens ; de nomades, ils étaient devenus sédentaires afin de s’établir dans les cimetières et de veiller à ce qu’aucune entité ne contourne le « verrou » placé sur le Voile.
Gareth revoyait Alan Pike insister sur l’importance d’éliminer fissa un spectre qui y était parvenu. Il lui avait enseigné que plus il demeurait parmi eux, plus l’identité de l’opportun s’effaçait : il se transformait en poltergeist. Gareth avait déjà été confronté à l’un d’entre eux. Il était en mesure d’affirmer qu’ils étaient difficiles à maîtriser.
Il frissonna.
— Alors, mon garçon, bougonna le vieillard, et ces bourses ?
Gareth balaya ses réflexions et déclara :
— Elles sont prêtes.
— Parfait ! Suis-moi, nous avons peu de temps.
— Peu de temps pour quoi ? demanda-t-il tandis qu’ils se mettaient en marche.
Alan Pike le dévisagea avec hébétude, puis se reprit.
— J’oubliais, maugréa-t-il, il s’agit de ta première Halloween en tant que Gardien.
Gareth hocha la tête.
— Vérifions si je t’ai bien formé ! Que se passe-t-il la nuit du 31 octobre ?
— Le sort jeté sur le Voile se rompt jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Il n’est plus scellé.
— Exact. Ravi de constater qu’il t’arrive de m’écouter. Il n’y a donc plus la moindre protection. C’est pourquoi, grâce au puissant enchantement que j’ai préparé, nous allons « cadenasser » chaque tombe. Partout dans le monde, nos confrères s’y emploient dans le quartier où ils opèrent. Crois-moi, il ne se passe rien de bon quand les défunts se mêlent aux mortels.
— La réalité des Chasseurs n’avait pas l’air simple, approuva Gareth
— Tu tires les conclusions qu’il faut, le félicita le plus âgé. Trêve de bavardages, mettons-nous au boulot.
Il acquiesça.
— Tu repéreras un trou devant toutes les sépultures. Glisses-y une bourse et n’en néglige pas.
— Même celles des anciens Gardiens ?
— Surtout celles des anciens Gardiens ! Nombre d’entre eux adoreraient revenir, persuadés que leur tâche n’est pas finie et qu’ils sont aptes à contrôler les esprits. Gardien ou pas, un fantôme est un fantôme, mon garçon.
— Oui, maître.
— Va !
Gareth partit en direction de l’arrière du cimetière, fier qu’Alan Pike le juge à la hauteur. Il dénicha les cavités creusées et n’osa imaginer les heures que ça avait demandé. Concentré, il les remplit, vérifiant qu’il n’en omettait pas et revenant souvent sur ses pas pour se munir de nouveaux sacs. L’exercice s’avéra long et fatigant, mais il ne se découragea pas, conscient de sa nécessité. Il ne pouvait pas commettre d’impairs, pas une telle nuit.
Il gagna le dernier caveau du terrain qu’il devait couvrir et le contempla. Il était si grand, si majestueux ! Il appartenait au fondateur de la ville. Respectueux, Gareth s’inclina. L’illustre personnage n’avait pas seulement été le maire des lieux, il s’en était aussi révélé le premier Gardien. Le jeune homme se demandait comment il avait réussi à tenir son rôle sans avoir eu un initiateur à ses côtés. Sans le sien, Gareth n’ignorait pas qu’il aurait tôt ou tard accepté l’idée d’être fou. Contempler l’invisible ne signifiait pas le comprendre.
Alan Pike l’interpella soudain :
— As-tu fini, mon garçon ?
Gareth se morigéna, cessa de rêvasser et plaça le contenant qu’il tenait dans le trou à ses pieds. Il se releva et s’empressa de rentrer à la chapelle, où il faisait plus chaud. Pressé et ravi d’avoir terminé, il ne remarqua pas qu’il avait foulé et renversé la sacoche destinée au premier Gardien. Désormais inefficace, son contenu se répandait sur le sol terreux.
L’adolescent pénétra dans le monument saint. D’un geste du menton, il confirma à son mentor que nul spectre ne les dérangerait, puis s’assit à sa droite.
— Bien joué, mon garçon !
— Merci.
— Je ne suis pas toujours tendre avec toi, mais laisse-moi te dire une chose : tu seras un bon Gardien.
Gareth sentit sa gorge se serrer et répliqua :
— J’espère que je ne vous décevrai pas.
Sa voix assurée ne trompa pas Alan Pike.
— De quoi as-tu peur, Gareth ?
Il hésita, puis avoua :
— D’échouer. J’ai parfois l’impression que je ne suis pas digne de notre travail. Si vous ne m’aviez rien enseigné, je... un seul faux pas et…
Contre toutes attentes, le vieillard sourit.
— Il n’est pas de pire Gardien qu’un homme trop sûr de lui. L’erreur est humaine, mon garçon. N’aie pas honte de tes craintes. Elles te pousseront à être plus consciencieux. Tu es un excellent apprenti.
Rassuré, Gareth s’autorisa à se détendre.
— Que va-t-il se passer maintenant ?
— Maintenant ? répéta Alan Pike.
— Jusqu’à l’aube. De quelle façon sommes-nous censés nous comporter ?
— Comme des Gardiens.
Il rit de la plaisanterie et attendit d’en savoir plus.
— Il nous suffit de rester éveillés et l’œil en alerte. Il y a du vin chaud si tu as froid.
Gareth opina sans bouger de sa place.
— Est-il possible qu’un défunt traverse le Voile malgré nos précautions ?
L’éventualité l’inquiétait. Halloween avait tendance à les rendre plus puissants.
— Ce ne sont pas tant les esprits qu’il faut surveiller, mon garçon. Chaque année, des petits malins s’aventurent au-delà de la grille en quête de frissons. Et chaque année, il y en a un d’assez stupide pour toucher à mes sacs !
Gareth n’avait pas pensé à ce cas de figure, mais il était plus que probable.
Il s’interdit de confesser qu’il avait été l’un des petits malins lorsqu’il était plus jeune. Une question le titillait. Serait-il venu se divertir ici s’il n’était au courant de rien ? Aurait-il cherché à impressionner une fille de sa classe ? Sans en être sûr, il devinait la réponse positive. Son quotidien de naguère était si monotone qu’il avait à plusieurs reprises fait des bêtises qu’il regrettait aujourd’hui. S’il n’avait pas découvert son don, il aurait sans doute continué à agir de la sorte.
Un hurlement prolongé le tira soudain de ses réflexions ; il sursauta. Alan Pike se redressa d’un bond et se précipita à la fenêtre.
— C’était quoi ? l’interrogea Gareth en se relevant à son tour.
— Des ennuis.
Le ton employé lui donna des sueurs froides.
— Les tombes ! Aide-moi à vérifier les tombes !
Gareth ne discuta pas. Il s’engouffra à l’extérieur, puis entreprit d’inspecter les sépultures une à une. Toutes avaient encore leur bourse en face d’elles.
Le hurlement résonna derechef. Gareth pivota en direction de l’arrière du cimetière. La panique lui comprima la poitrine. Il s’agissait de la partie dont il avait eu la charge…
— Vite ! le pressa Alan Pike.
Malgré l’urgence, Gareth admira sa vivacité. Il peinait à demeure à sa hauteur.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il.
— Un mort se réveille. Un abruti a dû renverser la préparation. Il faut la repérer et arranger le problème avant que le « visiteur » ait traversé. Il sera trop tard sinon !
Épouvanté, Gareth accéléra l’allure. Était-il là, l’impair qu’il avait tant appréhendé de commettre ? Tandis que l’aîné scrutait la terre, il eut un horrible pressentiment ; un pressentiment qui le poussa à filer jusqu’au fond du cimetière, devant le caveau du premier Gardien.
Il hoqueta : le sac qu’il y avait déposé n’y était plus ! Il regarda à gauche, puis à droite. Hélas, il avait disparu. Où était-il ? Il n’avait pourtant croisé personne !
— Maître ! hurla-t-il. Maître, par…
Un violent coup sur la tempe lui fut assené. Gareth chuta au sol. Peut-être à cause de l’urgence de la situation, il ne ressentit pas la douleur. Il sauta sur ses pieds et observa les environs, attentif au moindre bruit.
— Qui est là ?
— Gareth…, souffla une voix rauque.
Son estomac se souleva, mais il se força à conserver sa bravoure. Où était Alan Pike ? Avait-il entendu son appel ? Ses jambes s’entrechoquaient. Il se maudit. Bon sang, il avait déjà affronté des fantômes !
— Un faible comme toi ne peut pas être un gardien.
Gareth serra les poings et inspira afin de chasser sa peur. Il adopta un ton ferme et répliqua :
— Qui êtes-vous pour en juger ?
— Insolent !
L’esprit le percuta dans les jambes et il se retrouva à nouveau par terre. Cette fois, il perçut la douleur de l’impact.
— Sans moi, tu ne serais pas là ! Sans moi, ton univers ne serait pas aussi sûr.
Il pesta. Il avait bel et bien affaire au premier Gardien des lieux ! Gareth déglutit et se releva. Ses yeux fouillèrent ensuite les alentours à la recherche d’un indice. Il était impératif qu’il localise son interlocuteur !
— Cependant, je te remercie, enchaîna celui-ci. C’est grâce à toi que je me suis échappé. Tu n’es pas inutile.
Le peu d’assurance que l’adolescent s’était composée s’envola.
— Je ne saisis pas…
Avec un plaisir évident, le fondateur de la ville lui relata sa maladresse. Gareth serra les poings sur ses cuisses et lutta contre les larmes qui le menaçaient. Alan Pike se trompait. Il n’avait jamais été digne de son statut.
Un rire chatouilla ses oreilles.
— Je suis convaincu que tu l’as toujours su. Tu n’as pas l’étoffe d’un Gardien.
— Taisez-vous !
— Tu entretiens l’illusion que tu en es capable, une illusion qu’un vieux fou cultive avec soin. Mais au fond de toi, tu connais la vérité.
Gareth tremblait. Tout son corps bataillait afin d’éloigner la tonalité sifflante. Les mots de son adversaire résonnaient dans sa tête !
— Lâchez… moi, implora-t-il.
— Sceller le Voile fut une telle erreur.
— Vous délirez !
La panique l’encerclait. Les intentions du spectre l’angoissaient. Dire qu’il était apparu à cause de lui !
— Pourquoi le monde n’appartiendrait-il qu’aux vivants ? Les Gardiens de jadis sont en mesure de contrôler les défunts, ils les côtoient depuis suffisamment de siècles.
Folie ! Ces propos n’étaient que folie ! Une douleur sourde vrilla le crâne de Gareth, qui vacilla. Il hurla, puis se laissa tomber à genoux. Il n’avait plus qu’un seul souhait : que sa souffrance cesse.
— Ce monde n’est pas le vôtre, objecta-t-il malgré tout.
— Silence ! Tu vas m’aider.
Un étau se referma sur le jeune homme, qui cria de plus belle. Trop tard, il comprit que le trépassé tentait de le posséder, de prendre son corps humain afin de bénéficier de son énergie. S’il y parvenait, il s’emploierait à détruire le « verrou » placé sur le Voile. Il était impératif qu’il l’en empêche ! Une gaffe suffisait, il n’en commettrait pas une autre. Il se battit, se répétant qu’il était un Gardien afin de se donner du courage.
— Tu n’es rien, persifla son assaillant.
Les mots étaient plus tranchants qu’une épée. La volonté de Gareth pliait. Ses membres le brûlaient, il avait l’impression qu’il allait imploser. Le revenant le torturerait jusqu’à ce qu’il cède ! L’emprise qu’il exerçait sur lui augmentait de seconde en seconde.
Alors qu’il se sentait partir, de plus en plus affaibli, une voix puissante résonna à sa gauche :
— Ne le touchez pas !
Un soupir de soulagement lui échappa. Son maître était là, il avait tenu assez longtemps pour lui donner l’occasion de le rejoindre. À cette pensée, Gareth recouvra un semblant d’espoir, une étincelle de résistance dont il se gorgea.
— Va-t’en, murmura-t-il tandis qu’Alan Pike entamait un exorcisme.
Le fantôme se démena afin de conserver son avantage. Il écorchait son mental, s’accrochait à lui comme une anguille. Gareth souffrait, mais s’interdit d’abandonner. Il se concentra sur la main que son mentor avait appuyée contre son dos.
Sa vue se brouilla. Les paroles en latin impactaient l’entité, qui jouait ses dernières cartes. Gareth jura que son enveloppe charnelle se consumait ! Il pria pour en finir, douta d’être apte à continuer la joute plus d’une minute.
Les propos d’Alan Pike devinrent plus forts et saccadés. Il guerroyait autant que lui.
Une larme roula sur sa joue. Le premier Gardien rugit de colère et de désespoir. Gareth hurla.
Les ténèbres l’enveloppèrent, il les accueillit avec reconnaissance.
Un tissu frais frôla son front. Il essaya d’ouvrir les paupières et échoua ; la douleur demeurait présente. Les derniers événements lui revinrent en mémoire. Gareth étouffa et voulut se relever, mais une paume atterrit sur son torse et l’en empêcha, l’obligeant à rester étendu.
— Du calme, mon garçon.
Il reconnut son aîné et s’apaisa. Il n’était plus en danger. Puis les interrogations l’assaillirent. Avaient-ils réussi ? La nuit d’Halloween était-elle finie ?
— L’esprit ! Est-il… ?
— Chaque chose en son temps, le rabroua Alan Pike.
Gareth n’était pas d’humeur à attendre. Il insista :
— Que s’est-il passé ?
— Ton impatience te perdra !
— S’il vous plaît…
— Ça va, ça va. L’exorcisme a fonctionné. Notre regretté maire est retourné dans l’au-delà.
Soulagé, Gareth soupira. Sa bévue n’avait pas eu de conséquences graves.
— Désolé d’être arrivé si tard, poursuivit son initiateur. L’ordure avait pris soin de m’assommer avant de s’occuper de toi ! Ces maudits fantômes ! Par moments, on les tuerait.
Plus l’homme parlait, plus la honte gagnait le lycéen.
— C’est ma faute, avoua-t-il de but en blanc.
— Ta faute ?
— J’ai renversé votre décoction… et je ne l’ai pas réalisé. Vous aviez tort. Je serai un Gardien pitoyable.
— Balivernes !
Surpris par le ton choqué, l’apprenti sursauta. Il ne s’attendait pas à une telle réaction. Où étaient les remontrances qu’il guettait ?
— Nous faisons tous des erreurs. L’important est de les reconnaître. Contrairement à moi, tu es toujours en formation. Je t’ai vu te battre contre notre trépassé et crois-moi, peu auraient eu ton courage et ta volonté. Tu es déjà un bon Gardien, mon garçon.
L’émotion empêcha Gareth de répondre.
— Dors maintenant. Je me charge de la surveillance.
Il hoqueta :
— Est-ce… que tout va bien ?
— Pour l’instant, oui. Pourquoi ?
— Simple curiosité, mentit-il.
Alan Pike ne l’avait jamais autorisé à se reposer après une mission ! Certes, il était mal en point, mais il ne comptait plus le nombre de fois où le vieillard lui avait assuré qu’il avait besoin de s’endurcir.
— J’oubliais : tu rangeras la chapelle à ton réveil.
Il sourit. Voilà qui était plus habituel !
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